anticipations d’inflation qui vont faire augmenter les taux d’intérêt de long terme,
poussant les agents à consommer davantage dans le présent et donc à stimuler activité
et inflation. Ce faisant, dans le cadre des politiques d’openmarket, les banques centrales
prennent en pension des titres sur des durées beaucoup plus longues (jusqu’aà 3 ans)
que traditionnellement (24h). ensuite, la seconde politique non conventionnelle consiste
à augmenter le bilan de la banque centrale en stimulant la création de monnaie centrale
par l’achat d’actifs directement auprès des agents économiques, c’est ce que l’on appelle
le quantitative easing. Enfin, ce QE peut s’accompagner d’une transformation de la
structure du bilan de la BC, celle-ci pouvant acheter des titres qu’elles n’achetaient pas
auparavant. Les deux dernières formes de politique non conventionnelle ont pour
objectif de stimuler la création de crédit par les banques.
Ces politiques non conventionnelles s’inspirent de l’expérience japonaise. En effet, le
Japon connaît depuis la fin des années 1990 des périodes d’inflation très basse, voire de
déflation et un recul de l’activité. Un cercle vicieux choc d’offre négatif/choc de demande
négatif se met en place : la baisse des marges des entreprises conduisent celle-ci à
comprimer leurs coûts dont les salaires, ce qui comprime la demande et se traduit sur
les marges, …
Les bilans des BC ont été multipliés par quatre et demi pour la Fed ou par deux pour la
BCE en l’espace de 5 ans.
Nous pourrions, enfin, pour terminer cette partie rappeler que la mise en œuvre de cette
hétérodoxie monétaire soulèvent aussi des interrogations quand la durabilité de ce type
de politique : la faiblesse des taux a des effets pervers (à développer : surproduction,
entreprises zombies, …). Il est donc nécessaire de penser la sortie de ce type de
politique. Or, les BC font face à un dilemme : soit elles quittent ces politiques le plus tôt
possible mais au risque de voir une activité très faible se retourner une nouvelle fois en
poussant l’économie dans la déflation, soit elles quittent ces politiques trop tard et les
effets pervers qui leur sont associés auront un impact négatif sur la croissance
économique.
Les objectifs des BC ont donc quitté le domaine du contrôle de l’inflation pour au
contraire celui de la déflation dans une situation de trappe à la liquidité.
2.2 La stabilité financière : un nouvel objectif de la politique monétaire
L’étude des cycles économiques montre que les PDEM sont de plus en plus affectés
depuis les années 1980 par la succession de cycles financiers. Avec la globalisation
financière, le décloisonnement des marchés, l’internationalisation des acteurs financiers,
ces cycles financiers sont de plus en plus synchronisés entre les pays. Ainsi les
retournements de 1993 se propagent-ils des Etats-Unis en Europe, idem en 2001 ou en
2007. P.Artus montre ainsi que finalement si les banques centrales ont su contrôler
l’inflation depuis 30 ans, elles n’ont pas su éviter les crises financiers et, donc, le mauvais
fonctionnement des systèmes financiers. Si elles ont su contrôler l’évolution du niveau
général des prix des biens et services (qui sert à mesurer l’inflation), elles n’ont pas su
contrôler l’évolution du niveau général des prix des actifs. Ainsi les bulles se sont
succédées les unes après les autres entraînant hausse de l’activité puis récession. Pour
Artus, il faut dorénavant poser la question d’une transformation des objectifs de la
banque centrale et associer à l’objectif d’inflation et un objectif de contrôle du prix des
actifs. Cela signifie donc que la BC deviendrait un superviseur des prix dans le système
financier. Cette évolution des objectifs pose la question des outils que les BC utilisent ;
or, si aujourd’hui elles savent utiliser des instruments pour stimuler la création