
Le thème de la séduction, intemporel et universel, ne laisse personne indifférent.
Omniprésent dans les rapports humains, l’art de séduire vient en aide à
l’homme politique qui fait campagne, au sans-emploi qui recherche un poste,
à cet esclave de l’audimat qu’est l’animateur de télévision, au publicitaire à
la recherche d’un slogan racoleur, au commerçant qui appâte le client au
moyen de promotions diverses, à l’orateur qui cherche à capter l’attention d’un
auditoire et à convaincre.
Le monde animalier n’est pas non plus en reste. Parades et subterfuges
permettent à chaque espèce de satisfaire tant son instinct de reproduction que
celui de survie.
La séduction n’est donc pas seulement un processus mis en place pour
combler les besoins de notre vie affective et sentimentale.
D’ailleurs, à ce sujet, les choses semblent bien avoir changé. Don Juan et
Casanova n’ont plus la cote. A notre époque où règne en maître le multimédia,
nous sommes constamment en présence de publicités à la limite de la porno-
graphie, de photos de jeunes femmes pulpeuses étalant leurs charmes sans
complexes, de « sites roses » envahissant le net. Déclarer sa flamme se fait
désormais par l’intermédiaire d’un e-mail ou d’un rapide sms au langage codé.
De nos jours, le désir de plaire ne nous épargne aucun sacrifice. La chirurgie
esthétique modèle un corps parfait à coup de liftings, injections et implants
divers. Piercings et tatouages viennent l’ornementer. Les régimes draconiens
nous façonnent la taille mannequin de rigueur pour quiconque souhaite séduire.
En outre, nous n’hésitons pas à remettre notre apparence entre les mains d’une
agence de relooking ou d’un conseiller en image.
Pourtant, depuis ses origines, la séduction a mauvaise réputation et dissimule
parfois une volonté de tromper ou de manipuler. La perfidie du serpent face à
Eve, les bûchers allumés au Moyen Âge pour immoler les prétendues sorcières,
la tirade flatteuse du renard à l’intention du corbeau dans la fable de
La Fontaine nous le rappellent.
L’endoctrinement, l’intégrisme, la manipulation d’une secte ou le charisme de
son gourou font des personnes trop faibles ou trop crédules des victimes idéales.
La séduction permettrait donc aussi d’exercer un pouvoir et d’utiliser son
entourage afin de voir aboutir des projets pas toujours honorables.
Alors ? Peut-on succomber à la séduction ? Bien sûr, à condition de rester lucide,
consentant et surtout conscient des conséquences que cela peut entraîner.
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Introduction