5ème DIMANCHE DE CARÊME DIMANCHE 02 AVRIL 2017 CROIS-TU CELA ? Seigneur, tu as été humain jusqu’aux larmes : c’était ton ami Lazare, que tu enterrais. Nous ne sommes pas faits pour la mort, et tu ouvres la porte de l’incroyable : « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » C’est la foi qui ouvre à l’infini. Ni vents et marées ne peuvent nous ébranler. C’est l’appel à vivre au grand air de Pâques. Mais devant toi, nous sommes de ces morts-vivants… entourés de bandelettes, avec nos habitudes mauvaises, ensevelis et emmurés, si nous vivons dans notre bulle, empêtrés dans notre orgueil, notre insondable égoïsme. Mais rien n’est encore perdu, Seigneur Jésus. Aujourd’hui encore tu nous dis : « Enlevez la pierre ! » Aujourd’hui encore et tu nous cries : « Sors dehors ! » Et avec l’Esprit, tu fais toutes choses nouvelles. C’est plus de Jésus que de Lazare dont il est question Jésus n’est pas venu abolir la mort : en la traversant il nous donne d’en sortir avec lui pour toujours.. Il donne la vie et ressuscite les morts pour toujours. Sachons mener le combat qui nous fera vivre debout, comme Lazare délivré de ses bandelettes. Viens, Seigneur, briser nos carapaces et aide-nous à croire en cette vie éternelle plus forte que la mort. Père Philippe Muller 5ème DIMANCHE DE CARÊME DIMANCHE 02 AVRIL 2017 HOMÉLIE. Un ami qui vient de mourir, une famille en larmes, une foule nombreuse qui s’associe à son deuil. C’était au temps de Jésus, l’enterrement de Lazare à Béthanie. Mais c’est aujourd’hui encore, tous les jours. Pour vous, c’est le dernier enterrement auquel vous avez participé. Jésus a rencontré la mort sur son chemin de façon très personnelle. Nous nous rappelons l’angoisse qu’a suscitée chez lui la perspective de sa propre mort qui s’annonçait particulièrement douloureuse. Mais Jésus a aussi rencontré la mort d’autrui, notamment dans ses affections les plus chères. Marthe, Marie, Lazare étaient pour Jésus, des amis. Baptisés ou catéchumènes, nous avons tous sans doute déjà été confrontés à la mort d’un proche, d’un ami, d’un collègue de travail. Et peut-être que pour certains d’entre nous la blessure causée par la mort d’un proche n’a jamais été vraiment cicatrisée. La mort reste pour nous, êtres humains, une réalité très dure, en même temps qu’un grand mystère, et nous avons raison de demander des explications : Où est Jésus quand nous enterrons un parent, un ami ? Que fait Jésus pour ceux qui meurent ? Décidément, nous n’avons pas envie de refermer le livre de l’Évangile, ce matin, avant de comprendre. La résurrection de Lazare est le septième signe de l’Évangile de Saint Jean. Nous sommes ainsi comme au septième jour d’une nouvelle création. Il y eut un soir, il y eut un matin : septième jour. Il y aura aussi celui de la mort du Christ, le jour du grand repos. Le huitième jour sera jour de Résurrection, un jour sans fin, un jour éternel. Il y eut un soir, il y eut un matin, ce fut Cana, premier jour, premier signe, l’eau et le vin, baptême et Eucharistie, deux des sacrements e l’initiation chrétienne. Tout est dit, mais l’heure n’est pas encore venue. Il y eut le pain multiplié, quatrième signe d’un Dieu qui se donne tout entier pour la vie de ceux qu’il aime. Il y eut le signe de la lumière. Il dit : « Que la lumière soit ! », et l’aveugle naît au jour, la lumière luit dans les ténèbres. Il y eut un soir, il y eut un matin, sixième jour. Il y eut enfin le signe de Lazare, inscrit dans ce que l’histoire humaine porte de plus douloureux. Atteint personnellement par la mort de son ami, Jésus ose dire : « Lazare est mort, et je me réjouis de ne pas avoir été là, afin que vous croyiez ! » Jésus pressent que cet événement, aussi douloureux soitil, peut devenir pour les personnes présentes une chance, une grâce, un signe susceptible de les faire progresser dans la foi. « Ton frère ressuscitera », dit Jésus. « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour », lui répond Marthe, probablement avec une dose d’amertume dans le cœur. En voyant la douleur de Marthe, c’est la douleur de toute l’humanité affrontée à la mort que Jésus perçoit. Mort tellement cruelle. Ce n’est pas seulement Lazare qu’il faut sortir du tombeau, c’est l’humanité toute entière qu’il faut délivrer de la mort, et un simple retour à la vie ne fait que reculer l’échéance. Il faut faire émerger l’homme à une autre vie, une vie tout à fait nouvelle sur laquelle la mort n’aura aucune prise. Jésus sait qu’il porte en lui le secret de cette vie qui ne passe pas. Et il sait que c’est lui-même qui, par sa Passion et sa Résurrection, y donnera accès. D’où l’affirmation forte, osée, de la part de Jésus : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra. Crois-tu cela ? » De nouveau, comme dans les autres Évangiles de ce carême, un appel à croire ! Un appel à la foi ! Et quand Marthe réponde : « oui, je crois », Jésus peut accomplir le signe : « Lazare, viens dehors ! ». Le cœur de la foi qui était demandée à Marthe et qui nous est demandée aujourd’hui n’est pas d’abord la foi en quelque chose, fut-ce la résurrection, c’est la foi en Quelqu’un, en Jésus, en Jésus qui est en personne la Résurrection et la Vie. C’est parce que nous croyons en Jésus, Résurrection et Vie, que nous croyons à la Résurrection des morts. Le retour de Lazare à la vie, aussi exceptionnel que soit l’événement, n’est encore qu’un signe avant-coureur de la Résurrection du Christ au matin de Pâques. Résurrection qui n’est pas le retour à la vie biologique terrestre, mais émergence d’une vie nouvelle sur laquelle la mort n’a plus de prise. Aujourd’hui, les paroles de Jésus à Marthe, nous les accueillons à la lumière de l’événement de Pâques. Cette vie nouvelle n’est pas seulement pour demain ni pour l’au-delà. Elle est déjà communiquée à ceux qui, par le baptême ont été immergés dans la mort avec le Christ, à ceux qui qui communient à son Corps et à son Sang. Oui, aujourd’hui, Jésus nous crie à nous aussi : « Viens dehors ! » Nous avons beau être empêtrés dans les bandelettes de nos étroitesses et de nos peurs, ficelés dans la culpabilité, bâillonnés par notre égoïsme, Jésus nous appelle dehors. « Sors de toi-même », « sors de ton péché », « sors de ta routine », « sors de tes pantoufles. » Ce dimanche, en France, c’est la voix des militants du CCFD qui répercutent la parole : « Viens dehors ! » Va rejoindre, à ta façon, ceux qui agissent pour un monde plus solidaire. Ce cri de Jésus a fait se lever tant d’hommes et de femmes qui refusent que le monde ne soit que ce qu’il est. Même au creux des difficultés, des dangers et des échecs, ils s’acharnent. Incontestable victoire de l’obstination et de l’espérance sur la détresse et l’injustice. Oui, Dieu nous appelle aujourd’hui à nous lever de nos tombeaux, comme il a ouvert le tombeau de Béthanie. Car Lazare, le mort, vivra. Jésus, le vivant, mourra. Ainsi le signe nous est donné, comme le code d’entrée dans la Passion du Christ. Par la foi et l’amour, Jésus fait revivre Lazare. Mais il paiera le prix : il n’y a pas d’amour sans risque de mourir. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime. » Quand je te vois pleurer ton ami, je sais que tu es vraiment un homme comme nous. Mais avec une parole, tu deviens soudain celui qui possède la puissance divine : « Lazare, viens dehors ! » Tu dépasses même immensément cette victoire provisoire sur la pourriture. « Marthe, je suis la Résurrection ! Est-ce que tu le crois, Marthe ? » Je le crois. Même si personne ne peut m’expliquer ce que sera cette résurrection, je crois que derrière toi nous allons entrer dans une vie éternelle de ressuscité. Et déjà nous pouvons essayer cette vie en triomphant de toute mort par des actes d’amour. - :- :- :- :- :- :- :Jésus, déchiré de douleur, délie Lazare de sa mort. Mais ce n’est qu’un début. Ainsi, c’est pour cela que tu es venu. Après avoir fait sauter les verrous du mensonge et du désespoir, après nous avoir ouvert les yeux sur ce que nous sommes : des enfants aimés comme jamais enfant n’a été aimé, voici la dernière Porte, celle de la mort. Et tu viens l’ouvrir à jamais.