Saussaies marécageuses -

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Saussaies marécageuses
C.B. – 44.92
C.B. – 44.92
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NOMENCLATURES
Code
Nom français
CORINE Biotope
44.92
Saussaies marécageuses
Natura 2000
ND
Non désigné
SM3
Fourrés marécageux denses de Saule cendré (Salix cinerea) parfois
codominants avec la Bourdaine (Frangula alnus), sur magnocariçaie de
Laîche élevée (Carex elata), Laîche des marais (Carex acutiformis)
et/ou Reine des prés (Filipendula ulmaria), sur sol eutrophe
marécageux
C.B. – 44.92
CBNA
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PHYTOSOCIOLOGIE
Classe
Alnetea glutinosae
Forêts de marais et tourbières
Ordre
Alnetalia glutinosae
Saulaies
Alliance
Salicion cinereae
Saulaies cendrées
Association Salicetum cinereae
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Lo Parvi
Saulaies à Saule cendré
PRESENTATION DE L'HABITAT
Boisements de feuillus purs possédant une strate arborée très lâche, voire inexistante dans
certains cas. Cet habitat possède une strate arbustive très dense dominée par des Saules buissonnants
de taille moyenne (3 à 5 mètres) et plus particulièrement par le Saule cendré (Salix cinerea) et le
Saule marsault (Salix caprea) seuls ou en association avec la Bourdaine (Frangula alnus). Présence
d’une strate herbacée généralement haute et dominée par de grandes graminées vivaces ou par les
grandes Laîches coloniales (Carex acutiformis, Carex elata…).
On trouve cet habitat dans des zones à faibles pentes en marge d’étangs et de zones humides
sur des sols à hydromorphie marquée. Il s’installe essentiellement sur des substrats morainiques
(80%). Cette formation est un stade de transition vers l’aulnaie. Cette formation peut être en
mosaïque avec les aulnaies marécageuses.
Il occupe de petites zones réparties en taches sur le territoire d’étude. Ces saulaies
marécageuses sont installées au niveau de dépressions humides résultant souvent de surcreusements
engendrés lors des dernières grandes glaciations, sur les marges des étangs, dans des marais inondés
ou des étangs s’asséchant. La plus grande zone observée sur notre territoire se trouve dans la
commune de Saint-Romain-de-Jalionas.
Cet habitat ne présente pas de potentialités sylvicoles, en effet il n’y a souvent que de petits
arbustes qui ne sont même pas utilisables pour produire du bois de chauffe car le terrain marécageux
rend l’exploitation complexe.
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CARACTERISTIQUES STATIONNELLES
Géologie Topographie
Calcaires secondaires
100%
50%
Sables
blonds
molassiques
Moraines ou
alluvions
fluvioglaciaires
0%
50-100%
Eboulis
Nord
100%
Nord-Est
50%
Nord-Ouest
Est
0%
Ouest
Sud-Ouest
●
10-25%
25-50%
Exposition
Sans
exposition
0-10%
100%
80%
60%
40%
20%
0%
Sud-Est
Sud
►
Géologie : habitat présent essentiellement
sur moraine et parfois alluvions de fond de
vallée.
►
Sol : sols eutrophes à mésotrophes, à gley
superficiels.
► Topographie : habitat préférant les pentes
faibles ou nulles (93% inférieure à 10% de
pente).
►
Exposition : aucune exposition n’est
privilégiée.
VEGETATION ET ESPECES PATRIMONIALES
Strate arborée
Aulne glutineux - Alnus glutinosa
Bouleau verruqueux - Betula pendula
Chêne pédonculé - Quercus robur
Frêne commun - Fraxinus excelsior
Tremble - Populus tremula
Fréquence
7,1%
7,1%
19,6%
44,6%
14,3%
Strate arbustive
Cornouiller sanguin - Cornus sanguinea
Bourdaine - Frangula alnus
Noisetier - Corylus avellana
Saule blanc - Salix alba
Saule cendré - Salix cinerea
Saule marsault - Salix caprea
Saule pourpre - Salix purpurea
21,4%
35,7%
17,9%
16,1%
75%
28,6%
8,9%
Espèces patrimoniales
Faune : Busard St-Martin, Castor d’Europe, Couleuvre d’Esculape,
Couleuvre verte et jaune, Grenouille agile, Lucane cerf-volant, Milan
noir, Rainette verte, Triton crêté, Cistude d’Europe, Locustelle
tachetée, Pouillot fitis, Bihoreau gris, Blongios nain.
Flore : Fougère des marais, Laîche paradoxale.
Strate herbacée
Douce-amère - Solanum dulcamara
Grande ortie - Urtica dioica
Iris des marais - Iris pseudoacorus
Laîche des marais - Carex acutiformis
Laîche élevée - Carex elata
Lycope d’Europe - Lycopus europaeus
Marisque - Cladium mariscus
Menthe d’eau - Mentha aquatica
Poacées sp. - Poaceae sp.
Reine des prés - Filipendula ulmaria
Ronce commune - Rubus fruticosus aggr.
Roseau commun - Phragmites australis
Fréquence
5,3%
12,5%
32,1%
3,6%
5,4%
1,8%
3,6%
12,5%
10,7%
16,1%
28,6%
26,8%
En gras : espèces indicatrices de l’habitat.
Fréquence : pourcentage de présence de l’espèce sur la
totalité des placettes.
Nombre de placettes pour cet habitat : 56
► Strate arborée : très peu dense et composée de petits Frênes et de Chênes pédonculés.
► Strate arbustive : dominée par diverses essences de Saules et notamment le Saule cendré.
► Strate herbacée : composée essentiellement d’espèces hygrophiles.
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LES DIFFERENTS SYLVOFACIES EN ISLE CREMIEU
La saussaie marécageuse présente plusieurs sylvofaciès en lien principalement
avec les espèces en présence et leur abondance-dominance. Les principaux
sylvofaciès rencontrés en Isle Crémieu sont :
-
faciès à Frêne (Fraxinus excelsior). Présence importante de Frênes, mais les Saules sont
toujours dominants.
faciès à Bouleau verruqueux (Betula pendula). Cette essence est présente ponctuellement en
accompagnement, les Saules sont toujours largement dominants. Ce faciès est une phase de
transition vers l’Aulnaie.
faciès à Chêne pédonculé (Quercus robur). Présence parfois en abondance de cette essence à
bois dur, le Saule reste tout de même dominant. Stations les moins humides.
faciès à grandes graminées vivaces. Fourrés de Saules associés à une haute strate herbacée
dominée par de grandes graminées vivaces (Roseaux).
faciès à grandes Laîches coloniales. Fourrés de Saules associés à des grandes Laîches
(Carex elata, Carex acutiformis, Carex paniculata).
-
●
RISQUES DE CONFUSIONS EN ISLE CREMIEU
L’identification peut parfois poser des problèmes, il est possible de le confondre avec
d’autres habitats forestiers souvent assez proches dans leur forme et leur composition. Certains
caractères que nous énumèrerons par la suite permettent de trancher entre les différentes
possibilités. Il est possible de confondre notre habitat avec :
- la forêt galerie de Saules (C.B. 44.13). La principale différence réside dans le fait que dans la
saussaie marécageuse il n’y a pas vraiment de strate arborée, présence uniquement de
quelques individus de grandes tailles. La végétation est largement dominée par les Saules.
De plus la forêt galerie de Saules blancs se trouve en bordure de cours d’eau, alors que la
saussaie marécageuse s’installe dans des zones où l’eau est stagnante.
-
●
l’aulnaie marécageuse (C.B. 44.91). Dans cette formation il y a une strate arborée assez dense
et dominée par l’Aulne glutineux, alors que dans les saussaies cette strate est quasiment
absente et le peuplement est dominé par diverses essences de Saules.
HABITATS ASSOCIES EN ISLE CREMIEU
Trois grands types d’habitats peuvent être associés ou en contact avec les saussaies
marécageuses :
1> les milieux arbustifs :
▪ La saulaie arbustive.
2> les milieux forestiers :
▪ Les chênaies-charmaies à Stellaire subatlantiques (N2000 – 9160-3 ; C.B. 41.24).
▪ Les forêts galeries de Saules blancs (N2000 – 91E0-1 ; C.B. 44.13).
▪ Les forêts de Frênes et d’Aulnes des ruisselets et des sources (N2000 – 91E0-8 ; C.B. 44.31).
▪ Les aulnaies marécageuses (C.B. 44.91).
▪ Les peupleraies (C.B. 83.321).
3> les autres milieux :
▪ Les bas marais alcalin.
▪ Les roselières et les magnocariçaies.
▪ Les prairies humides.
▪ Les étangs.
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DYNAMIQUE DE L’HABITAT EN ISLE CREMIEU
Schéma d’évolution de la
saussaie marécageuse
Bas marais alcalin
Abandon
Phragmitaies et
magnocariçaies
Saussaie
marécageuse
Bras
mort
Aulnaie glutineuse
Défrichement
Comblement
naturel
Aulnaie-frênaie à
hautes herbes
Coupe et
défrichement
Prairies
humides
Frênaie mésohygrophile
Drainage du secteur
Modification hydrologique
Abaissement de la nappe
Chênaie-charmaie
Chênaie pédonculée
Saussaies marécageuses
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REPARTITION GEOGRAPHIQUE
Lo Parvi
► Répartition nationale : partout sauf sud de la région Provence-Alpes-Côted’Azur, Languedoc-Roussillon et la chaîne pyrénéenne.
► Répartition régionale : étendues marécageuses de l’avant pays alpin dauphinois
et savoyard.
► Répartition départementale : habitat assez commun et répandu dans le Bas
Dauphiné, mais peu représenté en Isle Crémieu.
Saussaies marécageuses
► Répartition en Isle Crémieu :
■ Présence sur de petites surfaces, dans 21 communes sur 37.
■ Surface : 86,57 hectares.
■ Cet habitat représente environ 0,6 % de la totalité de la surface forestière étudiée dans le
cadre du réseau Natura 2000.
Saussaies marécageuses
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ETAT DE CONSERVATION ET MENACES EN ISLE CREMIEU
Cette formation est présente sur tout le territoire en petites taches éparses, seule la commune
de Saint-Romain-de-Jalionas possède une saussaie marécageuse assez étendue. Un grand nombre
d’espèces patrimoniales de faune a été répertorié dans ce milieu. Ajoutons à cela la présence
également de la Fougère des marais, inféodée à ce type d’habitat humide. La flore naturelle est en
compétition avec plusieurs espèces introduites envahissantes qui sont l’Erable negundo, le Robinier
faux-acacia et le Solidage géant.
Petit bois mort
(ø 10-35cm)
60
Données écologiques sur les placettes
56
50
15
41
Nombre de placettes
où le petit bois mort
est présent
Nombre de placettes
où le petit bois mort
est absent
40
30
20
10
1
1
1
GBM sur
pied
GBM
couché
Arbres à
cavités
0
Nombre de placettes pour cet habitat : 56
Nombre de
placettes
GBM = Gros bois mort (ø >35cm)
La régénération dans cette formation est dominée par le Frêne (21%). Le peuplement étant
constitué principalement d’arbustes de petites tailles, cet habitat ne possède qu’une faible potentialité
sylvicole. De plus sa situation dans les zones marécageuses rend la mobilisation de la ressource en
bois complexe.
Le petit bois mort est présent sur seulement un quart des placettes inventoriées. Il y a un très
lourd déficit en petit bois mort dans cet habitat, ceci étant dû au fait que les arbustes (Saules) qui sont
largement dominants ne produisent que très peu de bois mort qui en plus de cela se décompose très
vite dans ce type de milieu. Très peu de gros bois mort sur pied et couchés ont été répertoriés, il en
est de même pour les arbres à cavités. Tout ceci est normal car nous nous trouvons dans une
formation arbustive.
Cet habitat est voué à évoluer en fonction du régime hydrologique, il va se transformer peu à
peu avec l’installation de nouvelles essences, tout d’abord vers une aulnaie marécageuse, puis vers
des forêts à bois dur et plus particulièrement les chênaies.
La principale menace à laquelle doit faire face cet habitat vient des conséquences de la
rectification des cours d’eau (drainage). Les aménagements vont engendrer un abaissement de la
nappe et donc ces zones ne seront plus alimentées en eau. La saussaie marécageuse évoluera vers des
habitats plus secs. Le drainage des zones humides pose le même type de problème. L’eutrophisation
est également un problème pour son maintien.
Représentation de l’habitat en
Isle Crémieu par rapport à la
surface boisée étudiée
Surface de l’habitat compris
dans le site d’intérêt
communautaire par rapport à
la surface totale Natura 2000
Surface
forestière (ha)
Interprétation
86,57 ha
0,6 %
Habitat très peu présent en Isle
Crémieu, habitat rare, assez menacé.
75,7 ha
87,4 %
Habitat très bien pris en compte par
le zonage Natura 2000.
Bilan de l’état de
conservation
Défavorable
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ETAT DE CONSERVATION DE L’HABITAT EN ISERE
SELON LE C.B.N.A. (J.C. VILLARET, 2007)
Extension de l’habitat en Isère : assez rare et assez peu étendu.
Originalité biogéographique : habitat commun et représentatif sur le domaine médio-européen
(partie Bas Dauphiné).
Originalité phytocénotique et écologique : assemblage classique d’espèces.
Présence d’espèces végétales à forte valeur patrimoniale : présence occasionnelle d’espèces
végétales patrimoniales.
Fragilité et sensibilité : habitat peu fragile aux activités humaines.
Contexte et menaces potentielles : habitat situé dans un contexte fortement concerné par les
activités humaines.
Evolution spatiale depuis un demi-siècle : habitat en régression lente.
► Statut liste rouge des habitats de l’Isère : A surveiller ◄
●
ORIENTATION DE GESTION
Cet habitat a une faible diversité floristique mais présente cependant un intérêt de par la
mosaïque de milieux qu’il constitue avec d’autres habitats associés, et de par la faune qu’il est
susceptible d’abriter. En effet, c’est une formation très importante pour divers passereaux des marais
(Pouillot fitis, Locustelle tachetée…), mais aussi pour la Rainette verte et la Cistude d’Europe qui
hivernent dans ces zones. Ajoutons à cela la Fougère des marais qui est inféodée à ce type de milieu.
Cet habitat peut être envahissant dans les bas-marais et menacer des espèces patrimoniales de
milieux ouverts, il est donc souvent préconisé de le « contenir » dans les plans de gestion des zones
humides. En revanche son maintien est important pour la faune et la flore.
Afin de conserver cet habitat dans un bon état écologique, il faut maintenir les essences
spontanées et notamment entretenir les Saules présents afin de conserver le caractère arbustif de ce
milieu. Si cela n’est pas fait, cet habitat évoluera vers des forêts à bois durs.
Pour maintenir cette formation, il faut absolument éviter les opérations de drainage ou toute
autre action pouvant amener à une modification du niveau de la nappe phréatique. Le pompage pour
l’agriculture (irrigation) doit être contrôlé.
Les remblaiements des dépressions marécageuses doivent également être proscrits.
Dans ces milieux il faudra contrôler l’arrivée des espèces introduites envahissantes et
exogènes. Ces milieux sont souvent colonisés par des espèces qui vont concurrencer la flore
naturelle. Il faut essayer de les éradiquer et quand cela n’est plus possible, il faut tout faire pour éviter
la propagation. Ces milieux ont été souvent défrichés pour créer des plantations de Peupliers, il faut
limiter ceci aux zones déjà existantes et pourquoi pas tenter un retour en arrière dans certains
secteurs.
Il serait intéressant de laisser évoluer naturellement quelques zones, afin d’augmenter le
potentiel écologique de cet habitat. Des îlots de sénescence ou de vieillissement pourraient être créés.
Saussaies marécageuses
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BIBLIOGRAPHIE
BARDAT J., BIORET F., BOTINEAU M., BOULLET V., DELPECH R., GEHU J.M.,
HAURY J., LACOSTE A., RAMEAU J.C., ROYER J.M., ROUX G., TOUFFET J. 2004. Prodrome
des végétations de France. Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. 171 p. (Patrimoines naturels,
61).
BESSARD S. 2007. Les habitats forestiers du site Natura 2000 du Massif de la Serre. ONF
Agence du Jura, DIREN Franche-Comté. 54 p.
BISSARDON M., GUIBAL L., RAMEAU J.C. 1997. Nomenclature CORINE Biotopes, types
d’habitats français. ENGREF. 217 p.
Centre régional de la propriété forestière Rhône-Alpes. 2006. Synthèse pour les Alpes du Nord
et les montagnes de l’Ain – Guide pour identifier les stations forestières de Rhône-Alpes. 132 p.
Conservatoire Botanique National Alpin. 2007. Guide des habitats naturels du
département de l'Isère. Conseil Général de l'Isère.
GÉGOUT J.C., RAMEAU J.C., RENAUX B., JABIOL B., BAR M. 2007. Les habitats
forestiers de la France tempérée. Typologie et caractérisation phytoécologique. AgroParisTech,
ENGREF, Nancy. 716 p, 6 annexes.
Parc National des Cévennes. 2007. Guide du naturaliste Causses Cévennes. A la découverte
des milieux naturels du Parc national des Cévennes. LIBRIS, Grenoble. 335 p.
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