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16/08/2007 |
Croisades
Témoignant du réveil religieux du Moyen Age, le mouvement des croisades gagna le territoire suisse dès la fin
du XIe s. L'appel du pape Urbain II à la première croisade en 1095 trouva un écho chez les nobles et les
prélats de la Suisse bourguignonne et de la Suisse alémanique. Le comte Rodolphe Ier de Neuchâtel, Ulrich de
Gruyère, chanoine à Lausanne, et son frère Hugo, un chevalier d'Ems, un baron de Brandis, l'abbé Gerhard du
couvent d'Allerheiligen et le comte Hartmann de Kibourg-Dillingen participèrent à l'expédition de 1096-1099
et à la conquête de Jérusalem. L'appel de Bernard de Clairvaux eut des conséquences plus durables. Prêchant
la deuxième croisade, il traversa en 1146 la Suisse septentrionale en compagnie de l'évêque de Constance,
Hermann von Arbon. Il entraîna vers la Terre sainte l'évêque de Bâle, Ortlieb de Frobourg, et de nombreux
combattants sous les ordres de l'empereur Conrad III. Après avoir reçu le privilège de la croix (biens et famille
placés sous la protection de l'Eglise) et avoir été relevé de ses vœux de croisé lors de son retour à Ratisbonne
en 1149, l'évêque ramena à Bâle de précieuses reliques. Participèrent également à cette croisade le comte
Amédée III de Savoie (mort à Nicosie en 1148), qui avait reçu un prêt de l'abbaye de Saint-Maurice, et
Barthélemy II de Grandson.
Indépendamment des armées de croisés, des chevaliers et des prêtres, voire quelques femmes, partirent vers
le Levant pour visiter les Lieux saints (Pèlerinages) et rejoindre les combattants contre les infidèles. Citons
Vaucher II et III de Blonay ou Uta von Tarasp qui, déguisée en moine, mourut au cours de son voyage en 1163
et fut inhumée au couvent de Marienberg dans le Trentin.
Parmi les participants à la troisième croisade (1189-1192) menée par l'empereur Frédéric Barberousse, qui vit
la conquête d'Acre, on compta les ducs de Zähringen, les comtes de Kibourg, de Habsbourg, de Neuchâtel et
de Bourgogne, les évêques Henri Ier de Bâle et Nantelme de Genève. Profondément impressionné par la
prédication du cistercien Martin Litz, abbé de Pairis (Alsace), l'évêque de Bâle, Lütold d'Aarbourg, se joignit à
la quatrième croisade. Après que les cisterciens d'Hauterive eurent prêché la cinquième (1217), des nobles de
la Suisse bourguignonne (les sires de Vulliens, de Grandson et d'Ernen, et Berthold de Neuchâtel, évêque de
Lausanne) rejoignirent l'armée du roi André II de Hongrie, tout comme Rodolphe II de Rapperswil et Lütold IV
de Regensberg, qui trouva la mort devant Acre en 1218. Werner de Kibourg-Dillingen et Rodolphe II de
Glattburg suivirent l'empereur Frédéric II après la tournée du cardinal légat Konrad von Urach en Suisse
orientale. Le nom d'Othon Ier de Grandson, chevalier au service du roi d'Angleterre et personnage marquant
des dernières croisades, est étroitement lié au siège et à la chute d'Acre en 1291 et à l'effondrement des
bastions latins en Palestine.
Des "Suisses" se trouvèrent engagés dans des croisades menées contre d'autres païens et hérétiques: dans
l'expédition des Chevaliers Teutoniques dans la Baltique en 1225, à laquelle participèrent des Bernois, dans
celle de 1243 contre les Mongols et celle de 1366 contre les Bulgares, menée par le comte Amédée VI de
Savoie, où combattirent des soldats de Suisse occidentale et des Valaisans. Au XV e s., les actions contre les
hussites et les Turcs furent inspirées par un nationalisme confédéré et haut-rhénan qui présenta aussi la
guerre contre Charles le Téméraire comme une croisade.
Les croisades furent fortement critiquées par des historiens humanistes tels que Heinrich Bullinger
(1504-1575), Johannes Stumpf (1500-1577/1578) et Aegidius Tschudi (1505-1572). Elles n'en avaient pas
moins eu d'importantes répercussions en Europe. Nés en Palestine, les ordres de chevalerie établirent, pour
soutenir les combattants, les pèlerins et les pauvres, un réseau de commanderies, d'auberges et d'hospices.
Les prêches en faveur des croisades, les vœux de prendre la croix, les indulgences, les collectes et le flux de
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reliques en provenance d'Orient modifièrent durablement la vie religieuse et culturelle de l'Occident. Le roi de
France, Louis IX, offrit en 1261 une épine de la couronne du Christ à l'abbaye de Saint-Maurice. L'iconographie
chrétienne bénéficia elle aussi de nouveaux motifs comme les représentations de Jérusalem et du mont des
Oliviers (église Notre-Dame-des-Anges de Lugano, vers 1530). A part quelques observations touchant à des
détails, il manque en Suisse une histoire de l'ensemble des croisades et de leurs répercussions.
Bibliographie
– L. Carlen, «Die Kreuzzugsbewegung im Wallis», in RHES, 57, 1963, 107-119
– R. Pfister, Kirchengeschichte der Schweiz, 1, 1964, 166-169
– L. Carlen, «Der Ritterschlag am Heiligen Grab zu Jerusalem», in Forschungen zur Rechtsarchäologie und
rechtlichen Volkskunde, 6, 1984, 5-26
– L. Schmugge, Die Kreuzzüge aus der Sicht humanistischer Geschichtsschreibung, 1987
LexMA, 5, 1508-1519
– C. Sieber-Lehmann, Spätmittelalterlicher Nationalismus, 1995
– L. Vischer et al., éd., Hist. du christianisme en Suisse, 1995, 60-61 (all. 1994)
Auteur(e): Ernst Tremp / WW
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