JULES CÉSAR EN GAULE - L`Histoire antique des pays et des

JULES CÉSAR EN GAULE
TOME DEUXIÈME.
LA GUERRE DE GAULE JUSQU'AU BLOCUS D'ALÉSIA
PAR JACQUES MAISSIAT.
PARIS - 1876
COUP D'ŒIL PRÉALABLE SUR LA SITUATION POLITIQUE DES
CITÉS DE LA GAULE À TROIS ÉPOQUES SUCCESSIVES DE CETTE
GUERRE.
PREMIÈRE ÉPOQUE. — COMPRENANT LES SIX PREMIÈRES ANNÉES
DE LA GUERRE.
Défaut d'union entre les cités gauloises : guerres
particulières : défaites successives.
CHAPITRE PREMIER. — PREMIÈRE ANNÉE DE LA GUERRE (Av. J.-C.
58 — de R. 696).
CHAPITRE DEUXIÈME. — DEUXIÈME ANNÉE DE LA GUERRE (Av.
J.-C. 57 — de R. 697).
CHAPITRE TROISIÈME. — TROISIÈME ANNÉE DE LA GUERRE (Av.
J.-C. 56 — de R. 698).
CHAPITRE QUATRIÈME. — QUATRIÈME ANNÉE DE LA GUERRE (Av.
J.-C. 55 — de R. 699).
CHAPITRE CINQUIÈME. — CINQUIÈME ANNÉE DE LA GUERRE (Av.
J.-C. 54 — de R. 700).
CHAPITRE SIXIÈME. — SIXIÈME ANNÉE DE LA GUERRE (Av. J.-C. 53
— de R. 701).
DEUXIÈME ÉPOQUE. — SIXIÈME ANNÉE DE LA GUERRE (Av. J.-C. 52
— de R. 702).
Politique de Vercingétorix : union nationale des cités de la
Gaule : guerre commune pour la liberté.
CHAPITRE PREMIER. — DÉBUT DE LA GUERRE DE
VERCINGÉTORIX JUSQU'AU SIÈGE D'AVARICUM.
CHAPITRE DEUXIÈME. — POLITIQUE DE CÉSAR CHEZ LES ÉDUENS.
CHAPITRE TROISIÈME. — RETRAITE DE L'ARMÉE ROMAINE PAR
LA FRONTIÈRE DU PAYS DES LINGONS CHEZ LES SÉQUANES.
CHAPITRE QUATRIÈME. — LIEU OÙ VERCINGÉTORIX COUPE LA
RETRAITE À CÉSAR.
CHAPITRE CINQUIÈME. — MOYENS DE CONTRÔLE.
COUP D'ŒIL PRÉALABLE SUR LA SITUATION POLITIQUE DES CITÉS
DE LA GAULE, À TROIS ÉPOQUES SUCCESSIVES DE CETTE GUERRE.
On a pu voir, dans nos précédents volumes
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, comment les divers petits peuples
gaulois, émigrés jadis en Italie, y sont tombés tous, les uns après les autres,
sous le joug de la puissance romaine : faute surtout de s'être concertés entre
eux pour leur défense contre l'ennemi commun ; et tout au contraire, pour s'être
en partie joints à lui contre leurs propres frères de race ; et encore, pour avoir
eu trop de confiance dans leur bravoure naturelle, au point d'avoir négligé tous
perfectionnements de leurs moyens militaires, qui eussent pu amoindrir, dans
une certaine mesure, la supériorité incomparable de ceux des Romains, comme
nous l'avons démontré dans nos préliminaires à ce sujet.
On va voir ici de nouveau ces mêmes causes parti-, culières des premiers
désastres militaires éprouvés par la race gauloise, en attirer sur elle une nouvelle
et plus funeste série ; on va voir les cités aborigènes de la Gaule transalpine,
attaquées sur leur propre territoire par Jules César, se laisser de même envahir
les unes après les autres, comme condamnées, malgré des efforts d'une
vaillance héroïque, à subir à leur tour la même infortune.
D'autant que César apportait en Gaule, outre des moyens militaires de plus en
plus perfectionnés, outre son propre génie dans la guerre, une autre supériorité
non moins redoutable, son génie dans la corruption politique, qui ne devait
négliger, pour en tirer avantage, aucune des faiblesses inhérentes au caractère
propre des Gaulois et aux conditions politiques de leurs cités.
En effet : non seulement les cités gauloises, à raison et de la place que chacune
d'elles occupait sur le sol, et de la différence apparente de leurs intérêts, et de
l'égoïsme de leurs prétentions respectives, se tenaient séparées les unes des
autres, indifférentes, dans leur imprévoyance, au malheur qui ne les atteignait
pas encore ; ou même, sous l'impression de sentiments jaloux et hostiles,
applaudissant et se laissant associer partiellement aux desseins et aux
entreprises de l'envahisseur. Mais en outre, comme César lui-même nous
l'apprend
(VI,
X
; II,
I
)
, dans chaque canton d'une même cité, et dans presque
toutes les familles, il existait deux partis contraires qui, aspirant l'un et l'autre au
pouvoir, acceptaient pour chefs et suivaient comme tels ceux que leur
intelligence, leur ambition et leur crédit désignaient plus particulièrement à
l'attention, et sur lesquels chaque parti croyait pouvoir le plus compter.
Un tel état de choses offrait à la politique de César, en même temps qu'à ses
armes, une facilité de prise et d'action qu'il ne manqua pas de mettre à profit.
Non moins habile corrupteur que grand homme de guerre, il savait se faire à
propos l'auxiliaire des plus mauvaises passions de l'âme humaine. En excitant ou
en caressant l'amour de domination de certaines cités ; en se déclarant leur
protecteur ; en entretenant dans le sein de chacune d'elles l'esprit d'antagonisme
et de faction par des encouragements donnés à propos aux plus faibles, ou bien
tantôt à un parti et tantôt à l'autre, suivant le temps et les circonstances ; en
comblant d'honneurs et de faveurs les cités qui se livraient à lui, et en les faisant
prédominer, il devait réussir à trouver dans les divisions de cité à cité, dans les
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Annibal en Gaule, 1 vol. in-8°, et Jules César en Gaule, 1er vol. (Librairie Firmin Didot
et Cie.)
compétitions des partis, dans toutes les convoitises et toutes les ambitions
publiques ou individuelles, un surcroît de force de la plus immorale, mais de la
plus irrésistible efficacité. De sorte que les Gaulois ne lui servirent guère moins
que le glaive de ses légionnaires à vaincre et à subjuguer les Gaulois.
Nous verrons des chefs gaulois soutenus par lui, ou nommés par lui
contrairement aux usages et aux lois de la Gaule, perdre peu à peu tout
sentiment de race et de nationalité, ils se mettront au service de ses vues et de
ses intérêts, jusqu'à la trahison des devoirs les plus sacrés et à la connivence la
plus criminelle contre la liberté et le salut des peuples confiés à leur garde ; ils
consentiront encore à devenir dans les autres cités les agents et les organes de
sa politique dissolvante. Si bien que, séduites ou violentées selon les événements
et l’intérêt de César, les cités les plus influentes, les plus riches et les plus
puissantes de la Gaule, ne pourront se refuser à lui prêter appui, à lui fournir des
vivres, dû matériel, des troupes auxiliaires, surtout des cavaliers, pour la réussite
de ses expéditions partielles et successives, qui finalement aboutiront à la
conquête et à la ruine de toute la Gaule.
Si l'on considère en outre que les légions de César et toutes les recrues qu'elles
reçurent pendant cette longue guerre, furent tirées presque entièrement de la
Gaule cisalpine et de la partie de la Gaule transalpine déjà précédemment réduite
en Province romaine : toutes régions peuplées de Gaulois, mélangés seulement
de quelques colons romains, on arrive à cette dernière et triste conclusion : que
cette guerre de Gaule fut pour la race gauloise presque uniquement une guerre
civile, allumée et dirigée par le Romain Jules César, dans l'intérêt de sa propre
ambition, et que le résultat en fut l’asservissement de la Gaule chevelue à la
puissance romaine. Voilà comment les rivalités ambitieuses et le défaut de
patriotisme peuvent conduire une nation imprudente à la servitude !
Un jour pourtant, à la fin de la sixième année de cette funeste guerre, il sortira
des montagnes des Arvernes un jeune homme, jusque-là spectateur silencieux
des événements, qui s'avancera inspiré par l’idée de patrie, portant dans son
sein le feu sacré de la liberté, appelant à lui toute la Gaule, et marchant à
l’ennemi. On reconnaîtra aussitôt que c'est le génie de la patrie gauloise et de
l’indépendance nationale, et on verra chanceler le génie de l’oppression
étrangère. Mais, pour rester vainqueur dans cette lutte suprême, si habile que
puisse être le Gaulois à compenser par sa méthode d'attaque l'avantage
immense des armes du Romain, il faudrait encore qu'il parvînt à lui enlever tous
les appuis que six années de politique corruptrice lui auront ménagés sur le sol
gaulois. Par malheur ils y auront pris racine, et fatalement il faudra que toute la
Gaule succombe avec son noble et héroïque défenseur.
se terminent les Commentaires dictés par Jules César sur la guerre de Gaule.
Depuis lors jusqu’à la fin de cette guerre, bien qu'il l'ait recommencée lui-même
avec fureur trois mois après, elle fait le sujet d'un livre complémentaire
(ou livre
VIII)
écrit par Hirtius, personnage tout dévoué à César et initié à sa pensée
politique : ce qui donne un grand intérêt à ce complément des Commentaires sur
la guerre de Gaule, lequel parait constituer une transition politique, habilement
rattachée aux Commentaires propres de César sur la guerre civile.
Ce livre d'Hirtius nous montrera le héros de Rome, au plus fort de l'hiver qui
suivit son immense succès d'Alésia et sans aucun motif apparent de la part des
Gaulois, recommençant tout à coup la guerre au centre même de la Gaule, y
lançant les légions d'une manière furieuse sur les populations sans défiance, sans
armes, et qui s'enfuient à travers les neiges ; nous le verrons ensuite courir au
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