« Ravageurs aériens : comment lutter en maraîchage bio » Auteur : Agriculture Drômoise Date de parution : 1er Juin 2011 Ce document est la propriété exclusive de la Chambres d'Agriculture de la Drôme Reproduction interdite sans accord préalable. 22 technique & économie L’Agriculture Drômoise - N°1994 - jeudi 9 juin 2011 Maraîchage PROTECTION DES CULTURES / En maraîchage biologique, savoir identifier les ravageurs aériens des cultures maraîchères et bien connaître le « mode d’emploi » des auxiliaires est essentiel. Ravageurs aériens : comment lutter en maraîchage bio ? L’ Proximité Innovation Expertise au service des agriculteurs Agriculture Drômoise du 5 mai a consacré une de ses pages (21) aux auxiliaires et ravageurs du sol en maraîchage biologique. En voici une nouvelle sur les principaux ravageurs aériens de ces cultures. Ces deux pages restituent l’essentiel d’une formation organisée par la chambre d’agriculture de la Drôme. Les ravageurs arthropodes des cultures maraîchères se répartissent en deux groupes : les insectes (pucerons, thrips, aleurodes, mouches, altises) et les acariens (araignées rouges et araignées jaunes). Les ravageurs arthropodes des cultures maraîchères se répartissent en deux groupes : les insectes (pucerons, thrips, aleurodes, mouches, altises) et les acariens (araignées rouges et araignées jaunes). Les insectes Les pucerons Les pucerons forment un groupe de 600 espèces, en France. Leurs dégâts en font les principaux ravageurs. Ils prolifèrent grâce à un mode de reproduction original : sexué ou par parthénogenèse (sans fécondation). Du fait de l’existence de formes ailées et aptères, leur faculté de dispersion est grande. Ce sont de redoutables ravageurs pouvant agir directement sur les plantes ou être vecteurs de virus provoquant de graves maladies. En outre, ils tapissent les feuilles de miellat, sur lequel se développe la fumagine (champignon noir). La lutte préventive passe par l’utilisation Les pucerons forment un groupe de 600 espèces, en France et leurs dégâts en font les principaux ravageurs. de variétés tolérantes à Aphis gossypii (puceron noir) en melon et Nasonovia ribisnigri (puceron vert) en salade ainsi que la pose, sous serre, de panneaux jaunes englués ou, en plein champ, de filets insect-proof. Le pyrèthre naturel est un moyen de lutte curative, comme le savon potassique, appelé communément savon noir (en cours d’homologation en agriculture bio). Des insectes prédateurs (chrysope, coccinelles et larves de syrphe…) et parasitoïdes (micro-hyménoptères : Aphidius et Aphelinus notamment) en sont d’autres. Les thrips Les thrips sont des insectes de petite taille de forme cylindrique et à quatre ailes étroites. Seule une famille (Aelothrips sp) renferme des espèces prédatrices polyphages. Deux espèces sont présentes : le thrips de l’oignon (Thrips tabacis) et, depuis 1990, Frankliniella occidentalis. Sous serre, les panneaux bleus englués et, en plein champ, les filets insect-proof sont des moyens de lutte préventive. L’eau délogeant les thrips, des bassinages réguliers sont préconisés. En lutte curative, une seule matière active est autorisée en agriculture biologique : le Spinosad, un insecticide non sélectif (attention aux abeilles et auxiliaires), qui agit par contact et par ingestion. Les acariens Les aleurodes Les aleurodes (famille des homoptères) sont communément appelé mouches blanches. Les plus redoutables sont l’aleurode du chou et l’aleurode des serres. Tous deux ont les ailes blanches, mesurent entre un et deux millimètres et vivent en colonie. Les adultes et les larves piquent les feuilles, provoquant des décolorations, un dépôt de miellat et le développement de fumagine. Une bonne aération maintient les populations à un faible niveau et évite la sécheresse au niveau du sol. Les crucifères et les composées doivent être limitées dans les assolements. Les cultures peuvent être protégées par des filets de type Filbio. En lutte biologique curative, peu de produits sont efficaces. Les pièges englués diminuent la pression des insectes. Certaines coccinelles et punaises sont prédatrices d’aleurodes : Encarsia contre l’aleurode des serres et Anthocoride (Orius) contre l’aleurode des choux. Le doryphore peut pondre 700 à 800 œufs. Les larves et les adultes dévorent les feuilles des solanacées. Les mouches Les mouches : une multitude de diptères contaminent nombre de cultures. Les larves de la mouche de la carotte (Psila rosae) creusent des galeries dans les Les doryphores racines. Un adulte vit environ 17 jours Les doryphores, coléoptères au corps mais une femelle pond trois fois une jaune rayé de noir, peuvent pondre de quarantaine d’œufs et effectue trois vols 700 à 800 œufs par paquets de 10 à 30. par an. Les sols humides, riches en maLarves et adultes dévorent les feuilles tière organique et la succession de culdes solanacées. La lutte préventive passe tures d’apiacées (céleri, panais, fenouil, par un assolement et une rotation ap- persil…) sont à éviter. La seule méthode propriés pour ne conserver que peu de efficace de prévention est la pose de filarves dans le sol. Du purin d’ortie ou de lets ou de voiles. Les larves (jaunes pâles) fougère peut être pulvérisé mais l’effi- de la mineuse du poireau (Phytomiza cacité est aléatoire. En lutte curative, gymnocarpe) creusent des galeries Bacillus thuringiensis (souche tene- (mines) dans le fût et les feuilles du lébrionis) est autorisé en agriculture bio. gume. Deux générations se succèdent Non toxique pour la faune auxiliaire, ce dans l’année, avec un repos hivernal et biopesticide d’origine bactérienne est une diapause estivale. Le seul moyen de protection efficace est le filet anti-inefficace contre les jeunes. sectes à maille de 0,8 mm mis sur les pépinières et cultures. La détection des vols se fait par la pose de panneaux jaunes « croisés » placés à 1,20 mètre de haut. La seule matière active susceptible d’être effiDeux espèces de thrips sont présentes : le thrips de l’oignon (Thrips tabacis) et, depuis 1990, Frankliniella cace est le Spinosad. La larve de la mouche des occident (photo). semis (Hylemyia platura) est un asticot blanc de 5 à 8 milimètres se nourrissant de graines en germination et de jeunes plants en y creusant des galeries (3 à 6 générations par an). Une fois la plante développée, les tissus sont trop durs pour les larves. Il est conseillé de semer lorsque la terre est bien réchauffée et, en cas d’infection, d’utiliser un pyrèthre naturel. Deux types d’acariens causent des dégâts sur les cultures : le genre Panonychus ou araignée rouge, très présent sur solanacées, et le genre Tetranychus ou araignée jaune, présent dans les serres. Pour se nourrir, ces acariens s’attaquent surtout aux feuilles qui, suite à leurs piqûres, deviennent mouchetées, se dessèchent et meurent. La lutte préventive consiste en un bassinage, pour maintenir une certaine humidité dans la serre. En traitement curatif, le purin d’ortie, le savon noir ou le souffre minéral peuvent être utilisés. Phytoseilus et Amblyseius sont deux acariens auxiliaires prédateurs de tétranyques. Pour être efficaces, ils ont besoin d’un taux d’humidité d’au moins 60 %. D’autres techniques de prévention existent : haies arbustives et mise en place de nichoirs, bandes fleuries diverses et variées, association de cultures légumières, recours à des plantes (décoctions, tisanes, huiles essentielles)… Faire appel aux auxiliaires exige d’identifier précisément les ravageurs présents et de connaître la compatibilité entre les deux (stades) ainsi que la période d’activité des seconds. L’emploi d’insecticides, même biologiques, peut avoir une action néfaste sur les auxiliaires. Les altises Les altises, petits coléoptères surnommés « puces de terre », s’attaquent aux crucifères, solanacées et betteraves potagères. La larve est jaune, l’adulte noir. La ponte démarre en avril (plusieurs générations par an). Actifs par temps chaud, les adultes piquent les feuilles et creusent des mines. Préventivement, il faut protéger les cultures par des filets antiinsectes dès la plantation, arroser les plantes par temps chaud et sec et favoriser la venue du seul ennemi naturel de l’altise, le carabe, avec des haies de feuillus. En lutte biologique curative, aucun traitement n’est efficace. Une décoction de purin d’ortie, de sureau ou de tanaisie peut baisser la pression des altises. Pour se nourrir, ces acariens s’attaquent surtout aux feuilles qui, suite à leurs piqûres, deviennent mouchetées, se dessèchent et meurent. Page écrite par Bernard Devenat (conseiller spécialisé maraîchage et légumes plein champ à la chambre d’agriculture de la Drôme) et Annie Laurie. Ceci d’après les informations données par Catherine Mazollier (ingénieur développement au Grab à Avignon) lors d’une formation sur les auxiliaires en maraîchage biologique organisée par la compagnie consulaire.