de travailler les langues, de connaître les finesses du chant.» Aujourd’hui, la soprano est
chanteuse professionnelle et poursuit sa formation au Conservatoire de Genève. Elle se
produit en concert, donne des récitals, en Allemagne, en France et en Suisse.
C’est en Europe aussi qu’elle a découvert la musique baroque. Avant, la chanteuse
n’avait jamais entendu de clavecin. Mais elle aime aussi l’opérette, Offenbach… Depuis
dix ans en Suisse, Shanghai lui paraît un peu loin. De sa ville lui reviennent les
images des rues pleines de monde, des magasins ouverts 24 h sur 24 h… Ici, elle s’est
constitué un réseau amical et professionnel. Toutefois, elle n’a pas rompu avec
ses racines. Chrétienne, Lin Na fait partie de l’Eglise chinoise protestante de Genève.
Ils sont une cinquantaine à se réunir tous les dimanches. Au piano, la musicienne
accompagne les chants… en mandarin.
Jeyanthy Geymeier, 31 ans, directrice de la Chambre
de commerce suisse de Pékin
Elle découvre les caractères chinois à l’Université de Genève, et c’est le coup de foudre.
«J’ai trouvé ça fascinant.» De l’Empire du Milieu, Jeyanthy Geymeier, 31 ans
aujourd’hui, ne connaissait alors rien. Néanmoins, elle porte un bout d’Asie en elle: sa
mère est Malaisienne. «Nous allions régulièrement en vacances dans son pays
d’origine.» Voilà qui a aidé la Lausannoise lorsqu’il s’est agi de s’habituer au trafic, au
bruit, à la foule de la Chine lors de son année d’échange universitaire. «En Asie, c’est
le même chaos partout» , raconte-t-elle alors que nous la rencontrons à Pékin.
La Chine m’a appris à être moins individualiste.
Son master en sinologie en poche, la Lausannoise choisit, en 2007, de mettre à profit
ses connaissances linguistiques et repart. Elle entre dans le secteur marketing d’une
entreprise de fabrication de baskets, à Quanzhou, ville du sud du pays. «Ce fut une
expérience difficile, j’étais la seule étrangère parmi mille employés, mais très
utile, car j’ai vu comment cela fonctionnait de l’intérieur.» Et la Lausannoise de décrire
l’organisation «très militaire» de la boîte: interdiction d’avoir plus de dix
minutes de retard par mois, en cas de maladie ou d’absence, pas de salaire. Et les
employés qui n’avaient pas loué d’appartement dormaient sur place, dans des dortoirs,
par chambres de six… «Mon boss avait travaillé en Europe, il savait que ça n’est pas une
habitude chez nous, j’ai donc eu droit à une chambre individuelle.» Au bout de six mois,
Jeyanthy choisit de quitter la société pour un poste à la Chambre de commerce suisse
de Pékin, après un passage par l’enseignement. Cette branche de l’organisation défend
les intérêts des entreprises helvétiques déjà implantées en Chine, dans la région
de la capitale. Elle compte 140 membres. En janvier, Jeyanthy Geymeier a pris la
direction de la structure.
Depuis trois ans et demi à Pékin, la sinologue
suit avec attention l’évolution de l’Empire du
Milieu et sa fulgurante ascension économique.
Elle met en garde: «Il faut savoir que de moins
en moins d’entreprises engagent des
Occidentaux, car aujourd’hui on trouve de
plus en plus de Chinois parlant extrêmement
bien l’anglais. Ils travaillent comme des fous, et
Suisse-Chine, regards croisés http://www.migrosmagazine.ch/societe/reportage/article/suisse-chine-reg...
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