Depuis la publication de la monographie du CIRC, plusieurs études portant sur le rôle
du travail de nuit dans le cancer du sein ont été publiées, y compris celle réalisée par
notre équipe. Au total, dix-huit études "travail de nuit/posté et cancer du sein" ont été
publiées à ce jour. En 2013, 4 méta-analyses ont également été publiées avec
comme conclusion une insuffisance de preuves pour déterminer si le travail de
nuit/posté était associé au cancer du sein. Ces études ont utilisé différentes
définitions du travail de nuit (différentes heures de début et de fin, présence de
rotation dans les horaires, au moins un an de travail de nuit ou au moins 3 nuits par
mois) avec une grande variété d’indicateurs pour quantifier la notion de travail de nuit
(travail de nuit en « ever/never », durée totale en années, nombre de rotations,
nombre de nuits travaillées, nombre de nuits consécutives travaillées). Les études
portant sur les effets potentiels du travail de nuit sur le risque d'autres cancers que
ceux du sein sont beaucoup plus rares. Ce manque d’études épidémiologiques est
encore plus frappant pour les cancers de la prostate, alors même que la prévalence
du travail de nuit est deux fois plus importante chez l’homme que chez la femme. En
effet, il n’existe à ce jour que 5 études épidémiologiques sur le rôle du travail de nuit
dans les cancers de la prostate avec des résultats discordants.
Plusieurs hypothèses biologiques ont été avancées pour expliquer comment la
perturbation du rythme circadien pourrait être associée à une augmentation du risque
de cancers, parmi lesquelles : l’exposition à la lumière durant la nuit qui supprime le
pic nocturne de mélatonine et ses effets anti-cancérigènes; la perturbation du
fonctionnement des gènes de l’horloge biologique qui contrôlent la prolifération
cellulaire ; ou encore les troubles du sommeil pouvant affaiblir le système
immunitaire.
Ainsi, une meilleure caractérisation du travail de nuit/posté, ainsi que le recueil des
habitudes de sommeil, du chronotype et des polymorphismes des gènes de l’horloge
sont désormais nécessaires pour mieux appréhender la perturbation du rythme
circadien dans son intégralité dans les futures études épidémiologiques. En effet,
quelques études ont rapporté un lien entre le cancer de la prostate et une durée de
sommeil inférieure à 6h ou avec certains polymorphismes des gènes de l’horloge. De
plus, le lien entre travail de nuit/posté et cancer pourrait être modifié selon le
chronotype des sujets ou certains polymorphismes des gènes de l’horloge.
Objectifs :
L'objectif général du projet de thèse est d'étudier le rôle de la perturbation du rythme
circadien sur le risque de cancer de la prostate. Plus spécifiquement, nous
étudierons (1) l'association entre le travail de nuit/posté et le risque de cancer de la
prostate, (2) les polymorphismes des gènes de l’horloge et le risque de cancer de la
prostate, (3) l'association entre le travail de nuit/posté et le risque de cancer de la