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Le droit pose quant à lui un principe : l’embryon et le fœtus après lui n’ont pas qualité de personne juridique.
Voilà qui devrait nous aider à y voir plus clair. Le droit français en effet garde de son lointain ancêtre le droit
romain le sens de la summa divisio, la division suprême. Ce qui relevait jadis de la division entre hommes libres
et esclaves est devenu division entre droit public et droit privé, entre personnes (sujet de droit) et biens (objet
de droit).
Dès lors tout devrait s’éclairer. Puisque l’embryon n’est pas une personne, sujet de droit, c’est donc qu’il est un
bien, un objet de droit. CQFD.
Et bien non, pas davantage !
Nous en voulons pour preuve, sinon les contradictions, du moins la sinuosité des hautes juridictions, française
et européenne. Les juges suprêmes eux-mêmes semblent ne pas savoir « à quel saint se vouer ».
La Cour de cassation tout d’abord et le rendu de deux arrêts parfaitement en opposition l’un à l’autre…
- Par décision rendue le 29/06/2001 la Cour, réunie en Assemblée Plénière dénie le statut de personne
au fœtus de 6 mois « décédé » après que sa mère ait été renversé par un automobiliste ivre. Le délit
d’homicide involontaire initialement reproché à cet automobiliste n’est pas consacré, le fœtus n’ayant
pas qualité de personne.
- Au titre du second arrêt, rendu le 6/02/2008 par cette même Assemblée Plénière, est validé
l’établissement d’un acte d’enfant sans vie, avec nom, prénom et inscription au livret de famille pour
un fœtus de 400 grammes, mort-né après 21 semaines d’aménorrhée.
Comprenne qui pourra…
La Cour Européenne des Droits de l’Homme ensuite…
Il convient de revenir ici sur un arrêt rendu le 27/08/2015 en Grande Chambre, c’est-à-dire sous la forme la
plus solennelle de la CEDH ; un arrêt très remarqué et très commenté.
La requérante, Mme Parillo, citoyenne italienne a recours à une fécondation in vitro en 2002. A l’issue de cette
démarche, cinq embryons sont congelés en vue d’une réimplantation. Mais le compagnon de Mme Parillo
décède en novembre 2003, avant que cette réimplantation ait pu être réalisée. La requérante décide alors de
faire don de ses (ou ces) embryons à la science.
Les autorités italiennes opposent leur refus au motif que la recherche en la matière reste interdite.
Mme Parillo saisit la CEDH. Elle considère que l’interdiction légale est incompatible avec son droit au respect de
sa vie privée et son droit au respect de ses biens.
La requête se voit rejetée.
Les juges de la CEDH disposeront que « … Les embryons humains ne sauraient être réduits à des biens… » Ils
n’iront pas toutefois jusqu’à franchir le pas en conférant dès lors aux embryons, en toute logique de droit, le
statut de personnes. Car franchir ce pas serait remettre en question, au titre de « l’interdit de tuer »,
l’ensemble des législations nationales sur le droit à l’IVG !
Et, si cela est possible, complexifions encore davantage la question par l’application de l’infans conceptus.