Chapitre 2.1.12. — Peste porcine africaine
Les virus PPA provoquent divers syndromes allant de la forme suraiguë à la forme chronique de la maladie avec
des porteurs en bonne santé apparente. Les souches les plus virulentes sont responsables d’une maladie
hémorragique d’évolution suraiguë ou aiguë, se traduisant par une fièvre élevée, une perte de l’appétit, des
hémorragies de la peau et des organes internes, la mort survenant en 2 à 10 jours. Le taux de mortalité peut
atteindre 100 %. Les souches moins virulentes entraînent des signes cliniques plus discrets – légère fièvre,
diminution de l’appétit et abattement – qui peuvent être volontiers confondus avec d’autres affections du porc et
qui peuvent ne pas conduire à une suspicion de PPA. Dans certains pays, des souches avirulentes, non
hémadsorbantes, provoquent une infection asymptomatique non hémorragique, mais une séroconversion ;
cependant certains sujets peuvent développer de petites lésions du poumon et de la peau dans les zones de
protrusions osseuses et dans celles soumises à des traumatismes.
La PPA ne peut être différenciée de la peste porcine classique (hog cholera) ni par l’observation clinique ni par
l’examen nécropsique, et les 2 maladies doivent être incluses dans le diagnostic différentiel des syndromes
fébriles hémorragiques du porc. Des septicémies bactériennes peuvent aussi être confondues avec la PPA et la
peste porcine classique. Les examens de laboratoire sont essentiels pour distinguer ces 2 maladies.
Dans les pays indemnes de PPA mais suspectant sa présence, le diagnostic de laboratoire doit viser l’isolement
du virus par mise en œuvre simultanée, de l’inoculation de cultures de leucocytes ou de moelle osseuse de porc,
et d’une recherche antigénique sur frottis ou coupes de tissus au cryostat par l’épreuve des anticorps fluorescents
(EAF). Cependant, la recherche des anticorps dans le sérum ou les liquides organiques par une méthode
immuno-enzymatique (ELISA), d’immuno-empreinte (immunoblotting) ou d’immunofluorescence indirecte (IFI),
doit être aussi menée parallèlement pour éviter tout retard dans la découverte d’une infection par un virus de
basse virulence. La sérologie peut être un outil précieux pour aider à confirmer un foyer, car les anticorps peuvent
souvent être mis en évidence chez les animaux qui meurent de forme aiguë.
Une autre technique est désormais disponible : l’amplification en chaîne par polymérase (PCR) qui peut être
utilisée pour mettre en évidence le génome viral dans le sang ou les tissus. Elle est particulièrement utile lorsque
les prélèvements en voie de putréfaction sont impropres à l’isolement viral et à la détection antigénique.
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
1. Identification de l’agent pathogène
Lorsque la PPA est suspectée, les prélèvements suivants doivent être envoyés au laboratoire : sang sur anti-
coagulant (héparine ou acide éthylène-diamine-tétra-acétique [EDTA]), rate, amygdale, rein, nœuds
lymphatiques. Ces prélèvements doivent être conservés au froid, sans congélation, durant le transport. Arrivés au
laboratoire, ils sont conservés à –70°C si leur traitement est différé. Lorsque le maintien de la chaîne du froid ne
peut être assuré, les prélèvements peuvent être placés en solution saline glycérinée ; cela peut altérer
légèrement la possibilité de l’identification virale, mais peut faciliter l’envoi de prélèvement au laboratoire et la
confirmation d’un foyer.
• Préparation du prélèvement pour l’hémadsorption et l’inoculation au porc
i) Préparer des suspensions de tissus en écrasant de petits fragments dans un mortier contenant du
sable stérile, puis ajouter de 5 à 10 ml d’une solution saline tamponnée ou de milieu de culture de
tissu, contenant des antibiotiques.
ii) Clarifier la suspension par centrifugation à 1 000 g pendant 5 min.
Utiliser le surnageant pour l’hémadsorption (Section B.1.a. ci-dessous) et l’inoculation au porc (Section
B.1.d. ci-dessous), bien que l’inoculation au porc ne soit pas recommandée.
a) Épreuve d’hémadsorption
L’épreuve d’hémadsorption (HAD) (6) est essentielle en matière de PPA et repose sur le fait que les
érythrocytes de porc adhèrent à la surface des monocytes et des macrophages de porc infectés par le virus
PPA et que la plupart des isolats produisent ce phénomène d’hémadsorption. Un petit nombre de virus non
hémadsorbants a été isolé, la plupart de ceux-ci étant non virulents, mais certains peuvent être à l’origine de
formes aiguës typiques de PPA. L’épreuve est réalisée en ajoutant du sang ou des suspensions de tissu,
issus de porc suspects, dans des cultures primaires de leucocytes (méthode 1 ci-dessous) ou bien en
préparant des cultures de leucocytes à partir de porcs inoculés au laboratoire ou à partir de sang de porcs
suspects récolté sur le terrain (méthode 2 ci-dessous). Il est possible de préparer jusqu’à 300 cultures à
partir de 100 ml de sang hépariné ou défibriné récolté. En cours de procédure, il est essentiel d’éviter la
contamination des cultures.
Manuel terrestre de l’OIE 2005 263