ABBAYE DE STAVELOT VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES DE L’ANCIENNE ÉGLISE OTTONIENNE UN « CAS » DE L’ARCHITECTURE MOSANE Bernard Lambotte et Brigitte Neuray, Archéologues - APASReL asbl Restauration des vestiges archéologiques Journées d’étude 29-30 septembre 2008 Moulins de Beez - MRW Direction de la Restauration Le sous-titre choisi pour cette communication est tout d’abord un hommage à Luc-Francis Génicot et au savant article qui suivait ce sous-titre. C’est aussi une manière de placer la restauration des vestiges de l’ancienne abbatiale dans un contexte particulier, qui en fait effectivement « un cas », et, dans le même temps, de la situer dans un environnement plus large qui en fait « un cas » parmi d’autres1. Le point de vue de l’archéologue va prévaloir ici, qui tentera d’être objectif et de reprendre au mieux les informations liées à la conception du projet, aux problèmes techniques rencontrés, au mode de financement et au fonctionnement du chantier. 1. CARTE D’IDENTITE DU SITE Les vestiges archéologiques en place prennent ici différentes formes: d’une part les bâtiments conventuels abbatiaux, encore debout, des 16e et 18e siècles, d’autre part, sur le site de (des) l’église(s), la tour en élévation partielle de la dernière église (16e siècle) et les vestiges archéologiques en sous-sol de l’abbaye du 7e au 18e siècle (sans parler des traces d’occupations antérieures qui nous concernent moins ici : mésolithique et romain 1er s pcn). Les fouilles ont été initiées à la fin des années 1970 par des stavelotains passionnés par leur patrimoine. Durant une dizaine d’années, ils vont petit à petit dégager le secteur oriental des nefs de l’église du début du 11e siècle (dite « ottonienne ») et une partie du bras sud du transept. Les années 1986 et 1987 verront l’Université de Liège réaliser une série de sondages destinés à compléter les informations acquises et à donner un état de la conservation des vestiges. Le projet de dégagement complet des vestiges de l’église ottonienne est né dans la foulée avec la création d’une asbl (APASReL) qui puisse le mener à bien. Cette asbl a bénéficié du soutien du Ministère de la Communauté française puis de la Région Wallonne dès que les compétences lui ont été transférées. Il est clair et admis que, sans les recherches archéologiques et la mise au jour de ce qui est devenu « Patrimoine exceptionnel de Wallonie », ni la réaffectation des bâtiments conventuels ni la restauration/mise en valeur des vestiges n’auraient eu lieu. La présente communication s’intéressera cependant exclusivement aux vestiges issus de la fouille, à leur restauration et leur mise en valeur. UN CONTEXTE RELIGIEUX GLOBAL Les vestiges archéologiques enfouis sont répartis sur l’ensemble du site abbatial, y compris dans jardin du cloître actuel, sous la galerie orientale dudit cloître, dans le pré dit « de SaintLambert » (à l’est des bâtiments actuels, entre les conventuels et la ferme, en partie sur 1 Je tiens à remercier pour le temps qu’ils m’ont consacré et les informations qu’ils m’ont transmises Luc Dutilleux, architecte responsable du groupe Artau, le gestionnaire actuel du site Virgile Gauthier et son prédécesseur Francis Hourant, le Directeur de la Restauration Pierre Paquet, initiateur historique du projet stavelotain, Marc Melin gestionnaire du dossier pour l’IPW (via le centre de la Paix-Dieu). Quelques difficultés de récolte d’informations sont liées à la disparition de protagonistes comme la société londonienne « Genius Loci », rédactrice du cahier des charges des restaurations et coordinatrice de la gestion du chantier. 1 l’ancien cimetière des moines) ,… ; ils ne prennent leur sens, et parfois leur contresens2, qu’au contact des vestiges bâtis (tour de l’abbatiale du 16e siècle, conventuels du 16e et 18e siècle, dont l’aile occidentale avec la porterie, « l’arvô ») qui sont restaurés par ailleurs et réaffectés dans diverses optiques et avec des procédures différentes. CONTEXTE HISTORIQUE De la fondation de l’abbaye (au milieu du 7e siècle) à son abandon à la fin du 18e siècle, un oratoire et quatre églises sont édifiés, avec pour chacun une série de bâtiments annexes (conventuels essentiellement et parfois espaces à vocation artisanale pour les périodes les plus anciennes). La première église est dédicacée le 25 juin 685. Nous ne conservons pas de trace écrite de la dédicace de la deuxième église (édifiée dans la première moitié du 10e siècle sous l’abbatiat d’Odilon, 938-954). Elle est implantée directement au nord de l’abbatiale précédente en suivant la même orientation Nord-est/sud-ouest. Le troisième édifice est consacré le 5 juin 1040. De dimensions imposantes (110 mètres de long, crypte extérieure comprise, pour une largeur de 25 au vaisseau et plus de 40 au transept), son plan englobe ceux des deux premières églises arasées (sous la zone sud du transept et la partie sud des travées les plus orientales de la nef). L’avant-corps de cette église « ottonienne » s’effondre à la fin du 15e siècle et est remplacé, dès la première moitié du 16e siècle, par une tour dont la partie inférieure est toujours debout sur le site de Stavelot. Le 4 mai 1574, un incendie touche la majeure partie de l’église (du 11e siècle) et la tour (nouvellement construite) qui sera réaménagée pour s’adapter à l’église entièrement rebâtie. INSCRIPTION DANS LE TISSU URBAIN Outre la chronologie qui vient d’être succinctement brossée, les vestiges archéologiques s’insèrent dans un contexte topographique particulier puisque l’abbaye de Stavelot a vu se développer une petite ville autour de ses murs. Elle conserve (dans son parcellaire, son architecture, ses voiries, ponts, les noms de rues ou de lieux, …) des traces de l’abbaye et de son développement dont il faut tenir compte dans la compréhension générale et le fonctionnement au quotidien du site, dans la lisibilité des vestiges et leur intégration : la « Basse-cour » correspond à l’ancienne ferme abbatiale, la rue du Châtelet traverse la cour qui précède la porterie (les bâtiments de cette rue suivent l’alignement des constructions de l’abbaye, pas celui de la rue)... UTILISATION AVANT INTERVENTION Plusieurs propriétaires se partageaient le site (Ville et CPAS) et ses bâtiments (Ville, CPAS, Ministère de la Justice et Belgacom). De ces propriétés, en majorité publiques, découlaient une série d’activités et de modes de circulation. Dans les bâtiments se côtoient l’administration communale, la bibliothèque, une école de musique, le commissariat de police, un centre d’archéologie (depuis 1988), trois musées, la conciergerie, des salles de concerts et de théâtre (pour festivals et vie associative), et les locaux de Belgacom et de la Justice de Paix. Le site est un parc communal accessible à tous de manière exclusivement piétonne. Les activités dans les bâtiments amènent cependant ponctuellement des passages de véhicules lourds (camions pour transport de matériel vers les musées, les festivals, …). Des voiries périphériques desservent la policlinique installée au nord du site et la crèche communale (dans les anciens bâtiments de la ferme). Le site est fouillé par le cercle archéologique local dès 1977. Dès ce moment, les structures exhumées restent visibles mais dans une zone non accessible au public (sauf dans le cadre de visites guidées). Des restaurations ont lieu dans les années 1980 (couverture des piliers par voile étanche type « roofing » en léger dos d’âne et couvert d’un lit de pierres maçonnées) . Une campagne particulière est menée à bien en 1988 avec l’aide de la Fondation Roi Baudouin 2 Le projet fini met en valeur le plan de l’église abbatiale consacrée en 1040. Son avant-corps effondré a été remplacé dans la première moitié du 16e siècle par une tour. Il en subsiste une élévation de 20 mètres environ. Si la confrontation de ces deux éléments (église ottonienne et tour fin 16e) génère du sens, elle reste difficile à appréhender au premier abord pour le visiteur. 2 (rejointoyage essentiellement des piliers et gouttereaux). Le commissariat de police, le centre d’archéologie et l’école de musique ont pris place (ainsi que le musée du circuit) dans l’aile orientale des conventuels, qui fut « Hospice » jusque dans les années 1950, quand un nouveau bâtiment (policlinique et MRS) est édifié à la limite nord du site. Cette construction a nécessité l’apport de remblais qui sont « prélevés » au centre du site archéologique des églises, causant des destructions irrémédiables aux vestiges enfouis. UTILISATION APRÈS INTERVENTION Le Ministère de la Justice et Belgacom sont toujours présents dans leurs parties des bâtiments quand le gouvernement wallon décide de mener l’opération de restauration et de réaffectation de l’abbaye de Stavelot. La Région wallonne prend donc en charge le reste des bâtiments et le site archéologique par bail emphytéotique de 99 ans. Une partie sera gérée par une asbl mise en place par la Région Wallonne (asbl Espace-Tourisme-Culture, fonctionnement sous tutelle de l’IPW). Une partie est en sous-location à la Galerie d’art « Le Triangle Bleu » (aile de la porterie dite « aile de l’arvô »). Le MET assure la gestion immobilière générale. CLASSEMENT Les bâtiments de l’abbaye sont classés comme monument et site le 24 décembre 1958. Les vestiges archéologiques de l’église abbatiale sont classés comme monument le 20 juillet 1994 et également repris sur la liste du Patrimoine exceptionnel de Wallonie, sis avenue Ferdinand Nicolay à Stavelot (Stavelot, 1ère Division, Section B , parcelles 1652y2 et 1659L pour l’église). PHASE DE RESTAURATION 2000-2001 La restauration des vestiges (et rehausses) s’inscrit dans un chantier global. Il concerne la restauration et la réaffectation des bâtiments conventuels (16e et 18e), les vestiges archéologiques, un réaménagement des abords du site, la création de nouvelles voiries, d’un nouvel hôtel de ville et d’un nouveau parking au nord-ouest du site. Des fouilles archéologiques préventives (parfois de sauvetage) sont menées sur toutes les zones où le sous-sol est menacé par les travaux (abords de l’église, jardin du cloître, parking au nord, espace sous la galerie de l’aile est du cloître actuel). Une étude combinée du sous-sol et du bâti ne sera réalisée que dans le cadre de la restauration de l’aile de l’arvô (Galerie d’Art contemporain « Le Triangle bleu »). 2. TRAVAUX SPECIFIQUES REALISES SUR LES VESTIGES ARCHEOLOGIQUES CONTEXTE La proposition retenue est d’en faire un chantier école géré par l’IPW, ce qui change du concept primitif de « lot entreprise » (prévu dans le cahier des charges comme « lot 11 : fouilles »). Cette réorientation a impliqué de devoir intégrer des concepts didactiques et une mise en œuvre particulière dans une structure qui a ses impératifs de timing et de synchronisation avec les autres lots (aménagements des abords, électricité,…). INTERVENANTS Le maître d’ouvrage est le Ministère de la Région Wallonne qui délègue à la société Projenor. Le bureau d’architecture retenu est le bureau ARTAU (Liège, Malmedy). Pour la mise en pratique du projet, trois intervenants principaux sont à citer. Le recours à des entreprises autres se fera en complément (prestations de deux maçons, sablage, électricité,..). Genius Loci, société londonienne, est retenue pour la réalisation d’un cahier des charges spécifique avec pour objectif la stabilisation des vestiges archéologiques. Une série de visites sur site, de prélèvements et d’observations ont précédé sa rédaction. Pendant la durée du chantier, cette société doit fournir du personnel pour la gestion au quotidien des restaurations et pour la formation des stagiaires qui seront présents. 3 L’Institut du Patrimoine Wallon, via le Centre des Métiers du Patrimoine, a en charge la gestion du budget alloué aux travaux et la mise en place de l’aspect « école » du chantier. A cette fin, des contacts sont pris avec les Centres de formation du Forem pour organiser la présence sur site de classes avec leurs enseignants pendant le nombre de semaines requis. SUBSIDES ET CONSÉQUENCES 15 millions bef (371.840 euros) sont prévus au programme physique 2000 pour la restauration des vestiges et leur mise en valeur (rehausse, éclairage, signalétique,…). Ce montant inclut, entre autres, les honoraires de Genius loci, le coût de dégagement des vestiges. Aucun budget scénographique n’est prévu (une liaison muséologique devra exister via le Centre d’Interprétation). VESTIGES DISPONIBLES ET ÉTAT DE CONSERVATION Ils couvrent différentes périodes du 7e au 18e siècle. Pour les siècles antérieurs au 10e siècle, les vestiges sont conservés en fondation uniquement et de manière très fragmentaire. Certains d’entre eux sont en cours de fouille au moment de la conception du projet ; d’autres seront mis au jour pendant ou après le chantier. Les murs de l’église du 10e siècle et de certains conventuels contemporains sont toujours en faible élévation avec des surfaces de sols de mortier parfois importantes. Ces derniers sont toujours retrouvés plusieurs dizaines de centimètres sous les sols d’occupation du 11e siècle. Essayer de restituer les occupations de ces deux phases génère donc des difficultés sérieuses. Les structures du 11e siècle présentent des cas très différents : pour des élévations en place sur 1,40 m (dans les nefs principalement), on trouve des murs arasés jusqu’à 1,00 m sous les sols d’occupation (transept sud). Des choix de restauration et/ou restitution sont ici à poser pour arriver à présenter un ensemble à la fois lisible et cohérent. Du 16e siècle subsiste l’incontournable partie inférieure de la tour qui remplace l’avant-corps du 11e siècle (soit sur 20 mètres d’élévation environ). Ce vestige doit être intégré dans le projet, quels que soient les choix posés avec, entre autres difficultés, le fait que le sol du nouvel édifice est surhaussé d’un mètre et demi environ. Dans la zone des nefs, on retrouve sur les vestiges ottoniens en élévation (de 10 à 140 cms conservés) soit de l’élévation du 16e siècle (gouttereau sud par exemple, en porte à faux partiel vers l’intérieur du bâtiment) soit des fondations (tambours circulaires posés sur les piliers recoupés afin d’atteindre le niveau désiré pour l’implantation du nouveau sol). Outre ces témoins (fort présents) du 16e siècle, on retrouve aussi les fondations de quatre piliers d’un jubé du début du 17e siècle, ainsi que plusieurs interventions du 18e siècle dans la crypte. CONCEPTION, OBJECTIFS Il est bon de rappeler qu’au moment du lancement du projet, seuls des rapports de fouille ont été publiés qui ne concernent que les parties déjà explorées. Ne sont donc pas concernées par le projet les zones fouillées pendant les travaux (jardin du cloître, espaces sous aile est du cloître, abords de l’église) et celles fouillées après réouverture de l’abbaye au public (moitié occidentale de la zone des nefs et zone de l’avant-corps). Outre ce constat, la complexité du matériau disponible a amené l’équipe du bureau Artau (Norbert Nelles et Luc Dutilleux) à poser une série de choix préalables fondamentaux. Une réflexion de longue haleine a été nourrie par une étude approfondie des sources par les architectes, par la visite de bâtiments, de sites archéologiques comparables et par une confrontation régulière avec l’équipe archéologique. Il en résulte le choix de ne mettre en évidence que l’église ottonienne et de restituer les niveaux de circulation originels de ce bâtiment. Les vestiges antérieurs sont enfouis. L’église du 10e siècle sera simplement marquée au sol (trace dans les bétons et les empierrements. Ce poste ne sera que très partiellement réalisé). Plusieurs problématiques découlent de ce choix : l’état des vestiges décrits ci-dessus et les élévations conservées (ou non conservées) vont amener à choisir la manière de consolider les éléments en place, les rehausses (restitutions) à envisager, une approche globale visant à un respect du site et à sa compréhension dans le cadre de son utilisation future. 4 Il est aussi décidé de traiter différemment les éléments dont le plan a pu être précisément révélé par les archéologues et ceux dont l’emplacement est connu sans que la forme exacte puisse en être précisée. Les premiers seront traités en pierres maçonnées, les seconds en béton. Une difficulté de « lecture » des vestiges vient du fait que sont associés aux substructions de l’église du 11e siècle, des édifices qui n’ont jamais été leurs contemporains : les conventuels du 18e siècle, la tour dans son état de la fin du 16e siècle. Pour prendre un exemple, l’accès axial à l’église, a priori proposé par cette tour, ne correspond pas à la réalité du 11e siècle où la circulation des personnes se fait par une entrée double dans le gouttereau sud. Il ne s’agit, pour être clair et pour rappel, ni d’un site archéologique mis en valeur en tant que tel, ni d’une opération ciblée de protection « pure et dure » des vestiges mais d’une valorisation de site incluant les vestiges, de la création d’un outil, entre autres didactique, qui génèrent une compréhension du site lui-même et de ses alentours. Philosophie Générale (de rapports de réunions du 14 décembre 1999 et du 20 janvier 2000) Veiller à maintenir en place un maximum d’éléments pour garantir une authenticité maximale. Les « démontages-remontages » doivent être réduits au minimum et bien visibles par rapport aux vestiges en place. Gestion de la circulation et panneaux « signalétiques » doivent concourir à meilleure compréhension du site et au développement du côté didactique. une La relation devrait être établie par les scénographes entre le Centre d’Interprétation et les vestiges. L’IPW organisera un chantier-école. Il assure un rôle de coordination générale pour la restauration des vestiges, pour les interventions contemporaines et pour la mise en valeur. Les options de circulation sont arrêtées comme suit : circulation autour de l’abbatiale, accès plus confidentiel vers l’intérieur de l’abbatiale, accès général au site depuis le nord-est (ouvert sur la ville et la place St Remacle). MÉTHODOLOGIE (TYPE DE TRAVAUX ET VOLETS TECHNIQUES) 1. Dégagement mécanique des vestiges. Les vestiges ont été en grande partie réenfouis après la phase de fouille (pour ce qui concerne les espaces fouillés par l’APASReL asbl depuis 1988). Les structures mises au jour entre 1977 et 1986 par le Cercle archéologique local ont été soit enfouies soit conservées en plein air, restaurées et protégées dans un espace non accessible au public (moitié orientale des nefs). Les archéologues ont donc eu en charge de remettre au jour l’entièreté des vestiges concernés par les restaurations et rehausses. 2. Réalisation de maçonneries « test » A la demande des architectes, une série de rehausses « test » sont réalisées par entreprise afin de déterminer le choix des pierres, la manière de pose, le type de rejointoyage et le type de couvre-mur. Ces choix concernent tant les futures rehausses que les restaurations (joint, couvre-mur). 3. Acquisition de matériaux Sur base des échantillons réalisés, les carrières ont été choisies pour la fourniture de nouveaux moellons en complément de ceux récoltés sur place (300m3 nécessaires au total). Le sable de rivière et la chaux (chaux hydraulique naturelle à taux élevé d’hydraulicité) préconisés par le cahier des charges sont commandés. 4. Consolidation des vestiges 5 Les structures conservées sont nettoyées et déjointoyées au fur et à mesure de l’avancement du chantier. Des abris de protection provisoires sont montés au-dessus des zones d’intervention. Deux types d’interventions sont préconisés par le cahier des charges soit isolément soit combinés : le rejointoiement et l’injection par gravitation ou par machine à faible pression. Cette option d’injection n’a jamais été utilisée sur le site stavelotain. Seuls des rejointoyages ont été effectués. La plupart des murs conservés seront l’objet de rehausses vu la faible élévation conservée (ou son absence) ; la question du couvre-mur ne s’est donc pas posée sur les vestiges (par contre ce sera le cas en 2009 pour les vestiges des nefs qui vont être restaurés). Le seul mur qui aurait pu bénéficier de ce type de réflexion (et de mise en pratique) est le gouttereau nord de la crypte extérieure. Rien ne fut fait dans ce sens. Sans protection, il est bien évident qu’il n’est pas resté longtemps dans un état satisfaisant. En bref, la majorité des vestiges restaurés sont maintenant enfouis ou protégés sous des rehausses parfois importantes, ce qui en garantit une conservation relativement bonne. 5. Démontage-remontage Un seul essai a été tenté sur quatre piliers de fondation du jubé du début du 17e siècle. L’exercice ne s’est pas révélé concluant et n’a pas été répété par le personnel de Genius Loci présent sur place. 6. Rehausses en pierre Les rehausses impliquent une série de préalables dont la pose sur le vestige original d’un film de géotextile qui l’isole de la construction nouvelle. De plus une ligne de fines pierres plates (schistes et autres) souligne la limite entre les deux éléments. La rehausse en elle-même est réalisée avec le même mortier que celui utilisé pour les rejointoyages des murs en place. Un mélange de pierres « neuves » provenant des différentes carrières retenues et de pierres récupérées est systématiquement recommandé. Aucun couvre-mur ne sera posé. La mise en œuvre a généré des problèmes liés aux fournitures et à la réalisation des mortiers. Par ailleurs, des incompatibilités ont été mises en évidence entre, d’une part, un travail organisé comme un « lot d’entreprise » et d’autre part un chantier école ; de plus, le travail sur des vestiges anciens et des rehausses maçonnées à la chaux est exigeant en termes de climat et de timing, ce qui n’a pas pu être respecté. 7. Rehausses en béton Comme dit plus haut, dans la rubrique relative à la conception du projet, les rehausses sont traitées soit en pierres maçonnées soit en béton. La difficulté dans ce dernier cas était (est ?) de poser des socles de béton, rigides par définition, sur des murs arasés et maçonnés à la chaux. Les deux éléments ont été isolés. Le comportement sur une longue durée n’a pas encore pu être observé. 8. Finition des surfaces intérieures et des abords. L’espace intérieur de l’église est constitué d’un « matelas » drainant de 60 cms d’épaisseur (ballast entre deux couches de géotextile). Le sol fini est une dolomie. L’extérieur de l’édifice est engazonné. 6 3. RESULTATS ET CONCLUSIONS La plupart des problématiques ont déjà été exposées dans le corps du texte. Elles résultent essentiellement d’un problème de mise en œuvre dont les effets ont été constatés pour la plupart sur des rehausses. Les vestiges restaurés jusqu’ici sont soit enfouis à nouveau soit protégés par des dizaines de centimètres de rehausse. A l’occasion de la dernière campagne de fouille menée de 2005 à 2007 dans la zone des nefs, de nouveaux vestiges du 11e siècle ont été exhumés dont la plupart conservent une élévation de plus d’un mètre. Leur consolidation et préservation sont à l’étude fin 2008. On pourrait donc presque dire que la restauration des vestiges visibles de l’abbatiale stavelotaine va seulement débuter. Les leçons de la phase 2000-2001 sont claires : nécessité de porter une grande attention à la mise en œuvre, besoin d’un système efficace de couvre-mur, obligation de respecter un calendrier à la fois souple et bien défini, adapté au type de travail. Telles sont les premières recommandations dont il faudra tenir compte. La limitation de la circulation du public dans les zones les plus fragiles (nefs et une partie de la crypte) devrait aussi être prise en compte pour mener à bien une conservation, respectueuse à la fois des visiteurs et des vestiges, qui tiennent la route de longues années. Bernard Lambotte et Brigitte Neuray, Archéologues - APASReL asbl 7