ancienneté, moins impliqués. Cette typologie établit que le respect et
l'écoute varient en fonction de l'internationalisation de l'entreprise et de sa
politique de dialogue social.
Lors de la présentation des travaux de l'Association travail, emploi, Europe,
société (Astrees) sur "L'expression directe des salariés, levier de la conduite
au changement", à l'Assemblée nationale le 26 avril, les dirigeants de la
Mutuelle générale de l'économie, des finances et de l'industrie (MGEFI),
d'IVA, d'Areva, d'AG2R, qui ont mis en place des pratiques innovantes pour
renforcer l'expression des salariés, ont expliqué la difficulté que cela
représentait en période de réorganisation.
"REMISE EN CAUSE DE L'ORGANISATION"
Tout d'abord, "l'expression des salariés sur l'organisation du travail crée
des problèmes de remise en cause de l'organisation telle qu'elle a été bâtie
par la hiérarchie. Plus l'entreprise est grande, plus c'est difficile, puisqu'il
y a davantage de strates hiérarchiques", affirme Valéry Mercier, directeur
général d'IVA Insulations.
A la MGEFI, lors de la fusion des services des mutuelles, des groupes de
travail ont été mis en place pour créer le nouveau statut du personnel, pour
faire remonter à la direction les problèmes de circuits, d'outils et
d'organisation, rencontrés au quotidien par les collaborateurs. "Mais
l'expression directe des salariés n'était pas forcément la bonne solution
pour tout changer, dans la mesure où elle a mis les manageurs en position
délicate, indique Antoine Catinchi, directeur général de la MGEFI. Cette
parole de salariés "experts du travail" a pourtant été un gain social et
économique pour l'entreprise", reconnaît-il.
"La démarche est puissante mais très fragile, car elle dépend de la volonté
de chaque acteur de jouer le jeu", analyse de son côté Denis Grégoire,
responsable syndical CFDT au ministère des finances. Pour y améliorer
l'écoute des salariés, il a fallu former des médiateurs pour "faire le lien
entre la parole brute délivrée par les agents et la direction, qui n'avait pas
la culture de l'expression directe des salariés".
Si "le management est méfiant au départ sur l'intérêt de solliciter
l'expression directe et collective des salariés, les entreprises qui s'y sont
essayées ces dernières années ont constaté que c'est un levier formidable
qui se traduit par un engagement des collaborateurs", affirme Claude-
Emmanuel Triomphe, délégué général d'Astrees, spécialiste des
restructurations d'entreprise.
Anne Rodier