NAPOLÉON 1
ER
L’ÉPOPÉE IMPÉRIALE
Texte
Bernard CHEVALLIER et Benoît SOMMIER
Illustrations
Philippe MUNCH, Christophe SIMON
et Philippe WERNER
Le Rubicon Éditeur
LA MOSKOWA
2
Préface
3
Dans l’histoire de l’Europe, rares sont les événements qui ont suscité autant de passion que la
campagne de Russie de Napoléon. Tout y est au superlatif : les distances, le nombre d’hommes
engagés, le nombre de pertes aussi. Le combat de deux géants Napoléon et Alexandre qui
se respectent et se haïssent en même temps, est le point culminant de la gloire et de la folie de l’empire
napoléonien. Plus de 600 000 hommes ont franchi le Niémen le 24 juin 1812, à peine 60 000 d’entre eux
ont retraversé la Bérézina fin novembre de la même année. Neuf hommes sur dix sont laissés pour morts,
faits prisonniers ou ont déserté dans les plaines enneigées de la Russie. Quand Napoléon contemple
l’autre rive du Niémen au petit matin du 24 juin 1812, peut-il deviner ce que cette aventure lui réserve ?
La bataille de la Moskowa, appelée par les Russes bataille de Borodino (du nom de village qui se trouve
près du champ de bataille), est le tournant de la campagne. Près de 300 000 hommes durant 10 heures
échangent 110 000 coups de canon et tirent 260 000 cartouches. Les Russes perdent plus du tiers des
effectifs engagés, les Français plus d’un cinquième. Au bout de ces combats meurtriers, personne ne
remporte une victoire décisive mais les pertes sont tellement lourdes que ni Napoléon, ni Koutouzov qui
commande l’armée russe, ne veulent reprendre les hostilités le lendemain pour ne pas y risquer le reste
de leurs armées.
Deux siècles se sont écoulés depuis. En 2012 nos deux pays ont commémoré le bicentenaire de cette
campagne. Paradoxalement, cette épopée les a plus rapprochés qu’elle ne les a séparés. Aujourd’hui nous
nous souvenons de cette page glorieuse de notre passé commun sans aucune rancune. L’amitié entre nos
deux grands peuples s’est révélée plus forte que les vicissitudes de l’Histoire.
Alexandre ORLOV
Ambassadeur de la
Fédération de Russie
en France
Remerciements
Nous exprimons notre gratitude à Monsieur Jean-Pierre Osénat,
commissaire priseur, et à son associé Monsieur Jean-Christophe Chataignier,
qui nous ont permis de reproduire de nombreuses photographies
figurant dans les catalogues de la maison Osénat, société de ventes aux
enchères à Fontainebleau.
Nous remercions les collectionneurs, directeurs et conservateurs
de musées, qui nous ont accordé les mêmes permissions :
Monsieur Amaury Lefébure, directeur du Musée national des châteaux
de Malmaison et Bois Préau,
Monsieur le Professeur Georgy Vilinbakhov, directeur du Musée
de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg,
Monsieur Philippe Amourette, conservation des Musées
de la ville d’Auxerre,
Monsieur Thierry de Maigret, commissaire priseur,
Madame Patricia Paris, directrice adjointe des services
à la Mairie de Rouffach,
Monsieur Arnaud de Gouvion Saint Cyr,
et Monsieur Philippe Martinetti, conservateur des cimetières d’Ajaccio.
Nous n’oublions pas que nous sommes redevables envers toutes
celles et ceux qui ont soit contribué à nous alimenter dans notre âpre
quête documentaire, soit prodigué de judicieux conseils.
Nous pensons tout particulièrement à Monsieur Habib Alouidji,
Madame Geneviève de Broche des Combes, Monsieur Alexandre Bobrikoff,
conservateur du Musée des Cosaques, Monsieur Gérard Gorokhoff,
expert et trésorier du Musée des Cosaques, Monsieur Jean-Claude Lachnitt,
secrétaire général du jury des prix et des bourses de la Fondation Napoléon,
Monsieur Loup Odoevsky Maslov, historien et héraldiste,
Monsieur Alain Pougetoux, conservateur en chef du Musée national des
châteaux de Malmaison et Bois Préau, Madame Marthe Paoli,
Monsieur Sylvain Simon, et Monsieur Igor Soloviev, conseiller culturel
à l’Ambassade de Russie en France.
Note de l’éditeur
La langue russe s’écrivant, comme on le sait, en alphabet cyrillique, toute translittération dans l’alphabet latin est arbitraire pour les phonèmes qui se transcrivent de
plusieurs façons. Aussi les noms russes ont-ils une orthographe différente d’une langue étrangère à l’autre, et souvent même à l’intérieur d’une même langue. C’est ainsi que
le nom de la bataille de la Moskowa se rencontre sous plusieurs formes différentes en français.
Moscova serait la graphie la plus française et la plus cohérente.
Moscowa se rencontre souvent au XIXème siècle, et c’est elle qu’on trouve sous le dôme des Invalides. Elle est tombée en désuétude au XXème siècle.
Moskova est maintenant la graphie officielle, sanctionnée comme telle par les dictionnaires de référence.
Moskowa reste la graphie la plus répandue. Nous nous sommes conformés à cet usage dominant.
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« Celui qui m ’aurait évité cette guerre m
aurait rendu
un grand service. »
La marche à la guerre
La marche à la guerre
Napoléon est au sommet de sa gloire. L’Europe entière,
après avoir vu luire avec stupeur le soleil d’Austerlitz, ne
cesse de contempler la course ascendante de cet astre flam-
boyant, cette bonne étoile en qui Napoléon a tant confiance
et à qui il confie son destin et celui de ses peuples. En 1812,
l’Empire français, qui s’étend bien au-delà des frontières
de la France, fort de ses satellites, innombrables maillages
d’états vassaux, occupés ou soumis, est au faîte de sa puis-
sance. Jamais, depuis le mythique empire de Charlemagne,
l’Europe n’avait connu une telle domination.
C’est dans ce contexte de sur-puissance que va se dérou-
ler l’un des actes les plus tragiques de l’histoire de l’éphé-
mère empire. « Le commencement de la fin », tel que l’au-
rait dit Talleyrand. Napoléon, aveuglé par sa suprématie, va
se lancer dans une entreprise formidable, toute à sa déme-
sure, qui conduira ses armées au désastre et préludera à sa
propre chute.
Quelles raisons ont poussé l’Empereur à envahir la
Russie ? Quel est l’objet de cette campagne extraordinaire
qui débute au matin du 24 juin 1812, lors de la traversée du
Niémen par la plus grande armée du monde, cette armée
des Vingt Nations, rassemblée patiemment par Napoléon
depuis près d’un an ? Personne, contemporains ou histo-
riens, familiers de l’Empereur ou ennemis, ne parvient à
l’expliquer complètement. Pourtant six cent mille hommes
franchissent le fleuve en quatre jours, s’apprêtant à défer-
ler sur la Russie.
C’est en partie une surprise. Il n’y a pas eu de déclara-
tion de guerre officielle, seulement une proclamation de
l’Empereur à ses troupes, à Dresde. Le Tsar Alexandre n’y
répond pas, et envoie un émissaire de paix dès qu’on l’in-
forme de la traversée du Niémen. Il n’y a aucune animosité
profonde entre les deux empereurs, leurs différends n’étant
pas bien éloignés de ceux qu’ils connaissaient quatre ans
auparavant, lorsqu’ils avaient réitéré à Erfurt leur serment
d’alliance, fidèle à l’esprit de Tilsit. Leurs propos restent of-
ficiellement ouverts à la paix et tous les deux protestent de
leur amitié. Aucun des deux ne revendique la déclaration
de la guerre, chacun en attribuant l’initiative à l’autre, tous
deux présentant cette guerre comme défensive.
Pourtant de part et d’autre, on sait ce conflit depuis
longtemps inévitable. La domination de la France sur le
continent a pour conséquence naturelle de porter sa pré-
sence militaire jusqu’à la frontière russe. Cette nation qui,
à Tilsit, n’avait aucune frontière naturelle avec la Russie,
aucun conflit de territoire, en aura bientôt inévitablement
en continuant sa marche triomphale vers l’est.
Depuis 1807 et la cuisante défaite de la Russie à
Friedland, une alliance est scellée entre les deux empe-
reurs, permettant de maintenir un équilibre des forces sur
le continent, favorable aux deux nations et tourné contre
Napoléon Ier (1769-1821) empereur des Français
Huile sur toile (1812)
par Jacques-Louis David (1748-1825)
Washington - National Gallery of Art
Napoléon
Alexandre Ier (1777-1825) tsar de toutes les Russies
Huile sur toile (1824) par George Dawe (1781-1829)
Musée de l’Ermitage
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l’Angleterre. Avec Tilsit, ce fameux traité signé
sur ce même Niémen, à bord d’un radeau au
lendemain de la débâcle, la Russie adhère
au Blocus continental, obtient la paix avec
la France et a les mains libres pour étendre
son empire au sud et dans les Balkans, face à
la Sublime Porte. Sa conquête de la Finlande
s’en trouve également consolidée. La posi-
tion renforcée de la France vis à vis des deux
puissances militaires frontalières que sont
la Prusse et l’Autriche permet en sus de
contenir leur velléités impérialistes qui
pourraient s’étendre à son détriment, la
Prusse en Pologne, l’Autriche dans les
Balkans et le long du Danube. L’équilibre
général des forces après Tilsit favorise la
Russie et la France.
Cependant cet équilibre est sans cesse bousculé par
Napoléon, qui consolide sa position hégémonique sur le
continent et dont la présence militaire de plus en plus mar-
quée à l’est devient progressivement une menace pour la
Russie. En outre, la France a travaillé à la renaissance d’un
état polonais plus ou moins inféodé à elle, le Grand-Duché de
Varsovie, rattaché à la couronne de Saxe, la Saxe étant alliée
à l’Empire français. Ce nouvel état lève une armée nationale,
dont les cadres sont largement pro-français et anti-russes.
L’occupation de Dantzig et la présence d’un corps permanent
sous la houlette du maréchal Davout en font en pratique un
protectorat français, frontalier de la Russie. La France elle-
même déborde à l’est, de nouvelles annexions en Allemagne
augmentant le nombre de ses départements, jusqu’au duché
d’Oldenbourg, dont le duc est le beau-frère d’Alexandre.
Napoléon du reste, sait que l’unité de l’Europe sous le dra-
peau français se heurtera immanquablement à une réaction
russe. Il s’y prépare.
Mais Alexandre ne semble pas décidé à franchir le pas.
S’il se prépare également activement à la guerre, il y va à
reculons. Surtout, il ne souhaite pas se lancer dans l’entre-
prise seul. Mais la relative soumission de l’Autriche et de la
Prusse à l’Empereur, l’attitude de défiance des Polonais, ne
lui permettent pas de construire une coalition. Son attitude
est ambigüe : son discours est diplomatiquement de plus en
plus ferme à l’égard de la France, mais il n’est suivi d’aucun
effet sur le plan militaire ou politique. Il ouvre ses ports aux
navires « neutres », qui cachent souvent des contrebandiers
anglais, ce qui en soi est un manquement au traité de
Tilsit. Par ailleurs, il édicte un oukase sur les produits de
luxe qui touche principalement les importations fran-
çaises, provoquant la colère de Napoléon. Ces
mesures symboliques ne rallient pas pour
autant au Tsar son aristocratie, qui en veut
plus. Celle-ci se fait d’ailleurs de plus en
plus menaçante et ourdit complots et
cabales contre le Tsar. L’éviction du se-
crétaire Spéranski, figure emblématique
du gouvernement d’Alexandre, en est le
point culminant et sonne comme un avertissement.
À ménager bien mal la chèvre et le chou, Alexandre joue
un jeu dangereux qui peut lui coûter sa couronne et sa vie.
Mais s’il a bien en tête l’assassinat de son père par sa no-
blesse, acte qui a inauguré son propre règne, il se remémore
aussi les terribles défaites d’Austerlitz et de Friedland qui
ont humilié l’armée qu’il commandait. Hanté par ces deux
démons, il tergiverse. Et le temps passe : en 1810, les divi-
sions que le Tsar massait sur le Niémen, la construction de
nouvelles places fortes pouvaient lui donner un avantage sur
La marche à la guerre
« Il avait souhaité que l’empereur d’Autriche,
plusieurs rois, et une foule de princes, vinssent
à Dresde sur son passage ; son désir fut satisfait. »
Louis-Philippe de Ségur
L’Empereur et l’Impératrice arrivent à Dresde le 18 mai.
Frédéric-Auguste Ier, roi de Saxe depuis 1806 par la seule
volonté impériale, a mis son magnifique palais du Zwinger
à leur disposition. C’est dans ce cadre destiné aux détentes
et festivités de la Cour que Napoléon reçoit bon nombre
de souverains vassaux ou alliés. François Ier, empereur
d’Autriche, Frédéric-Guillaume III, roi de Prusse et son fils
le prince héritier, viennent faire allégeance au maître
de l’Europe. Sans doute l’Empereur espère-t-il encore
impressionner le Tsar par cette démonstration de sa toute
puissance et ainsi éviter le conflit militaire. En vain,
la réponse d’Alexandre à l’ultime tentative de médiation
va le conduire à déclencher rapidement les hostilités.
Parterre de rois (18-29 juin)
Frédéric-Guillaume III (1770-1840) roi de Prusse
Estampe (vers 1813) extraite de la série des Grands Aigles
Musée national de Malmaison
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Cette armée que
l’Empereur se prépare
à jeter de l’autre côté
du Niémen, cette ar-
mée des Vingt Nations,
est probablement la
plus formidable de tout
l’Empire. À l’instar du
règne, 1812 marque pour
la Grande Armée un zénith.
Jamais la puissance militaire
française n’a été si étendue,
jamais autant d’hommes n’ont été
réunis sous les drapeaux. L’Empereur
est alors capable de faire face sur deux fronts,
ceux d’Espagne et de Russie. Il estime être en mesure de
prendre l’initiative. Les chiffres lui donnent raison. La
formidable machine administrative qui couvre l’Europe,
de la Vistule jusqu’au Tage, a permis de lever des troupes
considérables. La maîtrise de l’ensemble des voies de com-
munication continentales et des principales places fortes
permet à cette masse d’hommes d’être très mobile et de se
transporter d’un bout à l’autre d’une zone immense. On es-
time à six cent mille hommes la force qui s’apprête à défer-
ler sur la Russie. Trois cent mille occupent l’Espagne : à la veille
de l’invasion, Napoléon dispose d’une armée de près d’un
million d’hommes. Quelle nation en Europe pourrait y
résister ?
Commander à une telle multitude, dans un champ
d’opération aussi vaste que la Russie européenne, est un
défi auquel l’Empereur n’a encore jamais été confronté. Il
a conscience des écueils auxquels il peut se heurter. Dire
que Napoléon jette ses hommes à l’aventure, que la Grande
Armée, fidèle aux précédentes campagnes, ne compte que
sur le pays pour se nourrir, fait partie des images d’Épinal.
L’Empereur sait que le ravitaillement sera incertain et qu’il
La marche à la guerre
l’armée française. Deux ans plus tard, Napoléon
a mis sur pied une armée gigantesque qui
résisterait à toute offensive russe.
Alexandre ne peut plus prendre
l’initiative. Soit il se soumet
face à la démonstration de
force de l’Empereur et ra-
vive l’alliance, soit il doit
se préparer à une guerre
sur son propre sol.
Napoléon le pousse
à faire ce choix : il réu-
nit à Dresde le gros
de son armée et les
principaux princes
d’Europe. Il y fait une
démonstration formi-
dable de sa puissance.
Tous, princes, rois, jusqu’à
l’empereur d’Autriche, se
pressent autour de lui avec
déférence et soumission. Le mes-
sage est très clair : la Russie est seule
et Napoléon a le pouvoir de faire déferler
l’Europe sur son empire. De Dresde, il envoie son aide de
camp, le comte de Narbonne-Lara, à Vilna se trouvent
le Tsar et son armée. C’est la dernière tentative de conci-
liation. Narbonne-Lara revient avec un ultimatum proféré
par le Tsar : celui-ci désire la paix mais n’accorde aucune
concession sur l’application du blocus et surtout il réitère
la demande d’évacuation de la Prusse et de la Pologne par
les troupes françaises. Le Tsar a pris une décision à son
image qui provoque la guerre sans la déclarer. Napoléon
lui répond à la manière d’Alexandre : lui non plus ne sou-
haite pas la guerre mais ses troupes prennent bien le che-
min du Niémen.
Quelles sont les intentions de l’Empereur à ce moment-
? Quels sont les buts de cette nouvelle campagne ? Nul ne
le sait. Occuper la proche Lithuanie et créer un état polo-
nais souverain qui empièterait sur l’Empire des Romanov ?
Conduire une guerre éclair et contraindre Alexandre à si-
gner la paix à Moscou ou à Saint-Pétersbourg ? Conquérir
l’immensité russe ? Poursuivre et atteindre les Indes pour
porter le coup de grâce à l’Angleterre ? Tout cela semble
possible à la veille de l’invasion.
convient de l’organiser au mieux depuis l’arrière. Il sait que
l’hiver serait fatal à son projet. Il a lu le récit de l’invasion
de la Russie par Charles XII de Suède et sait ce qui menace
ses hommes. Il ne souhaite pas répéter les mêmes erreurs
et prend à cet effet des mesures innovantes qui modifient
l’organisation de la Grande Armée.
Pour le ravitaillement, il transforme l’Europe orien-
tale en une gigantesque machine de production agricole et
d’approvisionnement au service de l’armée. Il commande
des céréales en Allemagne, en Prusse et surtout en Pologne,
terre riche et fertile que la démonstration de force face aux
Russes a préservée d’un éventuel raid destructeur en 1810 et
1811, assurant ainsi la mise en œuvre de son projet. Les voies
fluviales sont modifiées afin d’accélérer le réapprovision-
nement de l’armée lorsque celle-ci sera en Lithuanie. Pour
le transport terrestre, un nouveau type de tombereau a été
créé, capable de transporter plus de nourriture. Les rations
transportées par la troupe elle-même sont bien plus impor-
tantes qu’à l’ordinaire. Vingt jours de ration, à la demande
de l’Empereur. La nourriture du fantassin est cependant
privilégiée par rapport à celle des chevaux. Pour le fourrage,
on compte bien sur le pays conquis. Ceci ne sera pas sans
conséquences.
Des dispositions sont également prises pour faire face à
l’immensité du terrain d’opération. Afin de sauvegarder la
liaison entre des corps qui peuvent se trouver à des distances
importantes, l’effectif des officiers d’ordonnance est consi-
dérablement accru. Ceci va de pair avec une augmen-
tation de la taille des états-majors de chaque
corps. La Maison de l’Empereur, organisa-
tion très légère jusqu’en 1810, ne déroge
pas non plus à cette règle. Pas moins de
onze aides de camp et quinze officiers d’ordonnance
sont rattachés directement à la personne de l’Empe-
reur. Napoléon compte aussi sur les facultés d’initia-
tive de ses hommes, pouvant venir compenser le manque de
liaison. Il augmente le niveau de commandement de nom-
breux régiments, considérant ceux-ci comme des brigades,
dirigés de ce fait par des généraux et non par des colonels.
Cette disposition touche principalement le corps de Davout
composé de soldats français, véritable pierre angulaire de
l’armée.
Afin d’éviter l’hiver, qu’il sait être le danger principal
de la campagne, l’Empereur décide de concentrer les opé-
rations sur les mois de juin à octobre, période au cours de
laquelle le temps lui sera favorable.
À la veille de l’invasion, Napoléon a l’avantage numé-
rique, il dispose de réserves en hommes et en nourriture à
la mesure du défi dans lequel il se lance. On peut dire égale-
ment que cette campagne est celle que l’Empereur a prépa-
rée le plus longuement et le plus minutieusement. Qui peut
prédire, à cet instant, la tragédie qui frappera ces hommes ?
L’empereur Napoléon Ier à cheval
Sculpture (1860)
par Gabriel Vital Dubray (1813-1892)
Archives photographiques Osénat
Alexandre Berthier (1753-1815)
prince de Neuchâtel et Valangin,
prince de Wagram, maréchal,
en habit de cour de la Maison
de l’Empereur
Huile sur toile (vers 1810)
par Andrea Appiani
(1754-1817)
Château de Fontainebleau
Archives photographiques Osénat
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