Impact d’un programme combinant le contrôle de la transmission des bactéries multirésistantes ET de la prescription antibiotique sur les taux de bactériémies nosocomiales à Staphylococcus aureus résistant à la méticilline A. Chalfine, MD. Kitzis, B. Misset, JM. Baldor, A. Ben Ali, Y Bezie, J. Carlet Hôpital Saint Joseph, Paris Le but essentiel d’un programme de contrôle de la transmission du Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) est de réduire le taux d’infections nosocomiales à cette bactérie. Objectif de l’étude : vérifier l’efficacité du programme en mesurant - à l’échelon d’un hôpital entier - l’évolution annuelle du taux de bactériémies nosocomiales à SARM de 1999 à 2004 Méthode - Hôpital saint Joseph, Paris : 450 lits, court séjour, adultes - Activité chirurgicale : toutes les spécialités sauf la neurochirurgie et l’obstétrique - Sept services de médecine - Deux unités de réanimation : 10 lits X 2 chirurgicale et polyvalente - Une équipe opérationnelle d’hygiène - Une unité mobile de microbiologie clinique Stratégie de contrôle des bactéries multirésistantes Elle comprend deux types d’actions complémentaires : 1. Mesures de prévention de la transmission avec isolement et précautions « contact » pour les patients porteurs de BMR (SARM) 2. Contrôle de la prescription des antibiotiques Programme de prévention de la transmission du SARM (1) - Identification des patients porteurs - Identification à partir du laboratoire sur les prélèvements cliniques -Pas de détection du portage sauf en réanimation polyvalente (à l’entrée et une fois /semaine) - Information immédiate dans les services (téléphone, fiche papier) Programme de prévention de la transmission du SARM (2) - Précautions pour les patients porteurs Cinq mesures essentielles : - signalisation - isolement en chambre individuelle - désinfections des mains par friction hydroalcoolique - matériel réservé au patient ou désinfecté avant sortie de la chambre - surblouse pour soins avec contact Programme de prévention de la transmission du SARM (3) - Evaluation des mesures Evaluation de l’isolement : visite systématique de l’EOH dans le service pour tout patient porteur * vérification de toutes ces mesures * élimination des mesures inutiles (surchaussures, masques, gants) Désinfection des mains par friction hydro-alcoolique : Un très fort message dans l’établissement - En total remplacement du lavage au savon - investissement important en terme de formation des personnels Contrôle de la prescription d’antibiotiques L’Unité Mobile de Microbiologie Clinique : - Travaille en lien étroit et quotidien avec le laboratoire de microbiologie - Aide les cliniciens pour la prise en charge diagnostique et thérapeutique des infections graves et à bactéries multirésistantes - Effectue le contrôle de la prescription des antibiotiques Contrôle de la prescription d’antibiotiques 2 périodes : 1. 1998-2001 liste limitative des antibiotiques contrôlés : Axepim, Ciflox, Fortum, Vancomycine Targocid, Tienam, Triflucan, 2. 2002/2004 contrôle de toutes les prescriptions d’antibiotiques Contrôle de la prescription d’antibiotiques Période 2 (2002-2004) Quotidiennement, récupération à la pharmacie de toutes les prescriptions antibiotiques - dispensation nominative - liste des patients concernés sur les dernières 24 heures avec le ou les antibiotiques prescrits - le lieu d’hospitalisation Visite par l’UMMC du médecin prescripteur dans le service pour discuter de - l’indication - la dose et la voie d’administration - la durée de l’antibiothérapie Suivi par la pharmacie des consommations d’antibiotiques DDJ/1000 j Surveillance épidémiologique (1) des patients porteurs de SARM et des bactériémies à SARM Surveillance épidémiologique entièrement basée sur les résultats du laboratoire de microbiologie Porteurs de SARM Distinction entre cas acquis et cas importés (détection dans les 48 premières heures qui suivent l’admission) Bactériémie nosocomiales à SARM Épisodes bactériémiques survenus après la 48ème heure qui suit l’admission E v o lu tio n a n n u e lle d e s ta u x d e p a tie n ts p o r te u r s d e S A R M a c q u is (h is to g r a m m e ) e t d e b a c té r ié m ie s n o s o c o m ia le s à S A R M (c o u r b e ) p o u r 1 0 0 0 j o u r n é e s d 'h o s p i t a l i s a t i o n > 2 4 h Chi2 de tendance : - SARM acquis p<0,0001 - Bactériémies Nosocomiales à SARM p<0,001 0/00 1 ,2 0/00 0 ,1 4 0 ,1 2 1 0 ,1 0 ,8 0 ,0 8 0 ,6 0 ,0 6 0 ,4 0 ,0 4 0 ,2 0 ,0 2 0 0 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Taux de bactériémies à SARM / 1000 jours d hospitalisation Bactériémies nosocomiales Bactériémies importées CHI 2 tendance p=0,01 CHI 2 tendance p=0,2 0,14 0,12 0,1 0,08 0,06 0,04 0,02 0 1999 2000 2001 2002 2003 2004 TAUX de SARM / 1000 jours d’hospitalisation Taux de SARM acquis chi 2 tendance p<0,0001 Taux de SARM importés chi 2 tendance p=0,8 1,2 1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Consommation de SHA (histogramme) et taux de SARM acquis (courbe) 2000-2004 Taux SARM acquis/100 patients SHA Litres/1000j 28 1 ,2 24 0 ,9 9 23 20 0 ,7 3 16 1 7 ,5 10 8 4 0 ,8 19 0 ,6 0 ,6 5 12 1 0 ,4 4 0 ,2 9 7 0 ,4 0 ,2 0 0 2000 2001 2002 2003 2004 Consommation totale d’Antibiotiques DDJ/1000 j 800 780 760 740 720 700 680 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Consommation de tous les antibiotiques (histogramme) et de Quinolones (courbe) - DDD/1000 j 800 120 780 100 760 80 740 60 720 40 700 20 680 0 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Conclusion (1) 1. Un programme - continu sur plusieurs années - à l’échelle d’un hôpital entier - associant le contrôle de la transmission des bactéries multirésistantes et le contrôle de la prescription des antibiotiques - est efficace pour réduire le taux de bactériémies nosocomiales à SARM de façon durable. Conclusion (2) 2. Dans cette série, la baisse du taux de bactériémies nosocomiales à SARM est contemporaine d’une baisse du taux de patients porteurs de SARM : effet d’une diminution de la pression de colonisation ? 3. On note une augmentation constante de la consommation de solution-hydroalcooliques de 1999 à 2004 4. La consommation d’antibiotique est en baisse jusqu’en 2003. Un remontée de la consommation est observée en 2004 mais pas pour les quinolones.