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Le développement d’une immunité adaptative vis-à-vis d’un (ou plusieurs) antigène(s) découle de la
reconnaissance de celui (ceux)-ci par des lymphocytes B ou T, dotés de récepteurs spécialisés. Cette
interaction entraîne la prolifération et la différenciation des lymphocytes B et T en cellules
effectrices. La coordination de l’immunité adaptative se fait par les lymphocytes T amplificateurs
(CD4+) grâce à un code, le Complexe Majeur d’Histocompatibilité
Distinguer le soi du non-soi, notion simple, base de l’immunité s’est complexifiée vers la distinction
du soi-danger (cancer) du non-soi-danger (infections) et du non soi- non danger (fœtus).
Immunologie de la grossesse
La grossesse est une stimulation immunitaire particulière qui se développe dans un organe très
spécialisé (l’utérus), protégé par sa propre barrière (la décidue). Le système immunitaire se modifie
pendant la grossesse. Le fœtus, immunologiquement étranger à l’organisme maternel, impose des
adaptations physiologiques pour empêcher le processus de rejet. Les régions propices aux
interactions immunologiques fœto-maternelles sont le placenta, la décidue utérine et le
compartiment sanguin maternel. Le système immunitaire, à travers ses deux principales
composantes, l’immunité cellulaire et l’immunité humorale, doit s’adapter à la greffe semi-
allogénique que constitue le fœtus. Plusieurs mécanismes physiologiques sont mis en œuvre et font
intervenir l’immunité innée et adaptative. De nombreuses hormones, substances lipidiques et
cytokines sont ainsi produites et capables de moduler le système immunitaire maternel.
1-Mécanismes protecteurs spécifiques au niveau du placenta
Le placenta préserve le fœtus des lymphocytes T maternels par plusieurs mécanismes
complémentaires : l’absence d’expression du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH),
l’expression de l’HLA G et un mécanisme d’épuisement actif du tryptophane.
Le trophoblaste, interface entre le fœtus et les tissus maternels, n’exprime pas de molécules du CMH
de classe I et II conventionnelles. Cela le protège de la reconnaissance et de l’attaque par les
lymphocytes T maternels. Cependant, les tissus n’exprimant pas le CMH de classe I, sont vulnérables
à l’attaque par les cellules natural killer (NK) présentes en grandes quantités dans la décidue pendant
la grossesse.
L’expression de la molécule HLA G, molécule de HLA de classe I non conventionnelle, permet
d’empêcher l’attaque des cellules NK en se liant aux killer inhibitor receptor (KIR) 1 et 2. L’expression
de HLA G est principalement restreinte au placenta pendant la grossesse.
Le placenta peut également protéger le fœtus des cellules T de la mère au moyen d’un mécanisme
actif d’épuisement des nutriments. L’enzyme indoleamine 2,3-dioxygénase (IDO) catabolise le
tryptophane dont les cellules T ont besoin pour leur activité. Ainsi les cellules T alloréactives
maternelles dirigées contre les protéines du CMH paternel seraientt maîtrisées dans le placenta par
la déplétion du tryptophane.