Le phoma est une des principales maladies du colza et peut générer des dégâts très
importants. Depuis une dizaine d’années pourtant, aucun dégât majeur n’a été
observé sur les cultures de colza classique, du fait sans doute de conditions
météorologiques peu favorables à la maladie, mais aussi du déploiement de variétés
résistantes à cette maladie.
Les premiers travaux d’identification de résistance génétique au phoma chez le colza
datent de la fin des années 1980, où des interactions spécifiques de résistance ou de
sensibilité ont été observées au stade cotylédon entre certaines variétés de colza et
différentes populations de Leptosphaeria maculans, le champignon responsable du
phoma. Ces travaux ont abouti à l’identification d’un gène de résistance spécifique,
Rlm1, très efficace en France. Ce gène a très vite été sélectionné dans les variétés et
déployé sur le territoire : utilisé pour la première fois dans des variétés en 1992, il était
utilisé sur 20% des surfaces de colza françaises en 1995-96 et sur 44% de ces surfaces
en 1999. Cette résistance a ainsi exercé une pression très forte sur le phoma, ce qui a
conduit à une évolution des populations du pathogène. En 2000, un échantillonnage
réalisé à l’échelle nationale révélait que Rlm1 ne contrôlait plus que 15% des souches
de phoma.
Depuis les années 1990, d’autres sources de résistance, spécifiques ou non, ont été
identifiées et sélectionnées dans les variétés. A ce jour, une dizaine d’interactions
spécifiques entre gènes de résistance du colza (ou d’espèces apparentées) et souches
de phoma ont été identifiées. Les résistances non spécifiques (dites quantitatives)
sont quant à elles utilisées depuis la fin des années 1970, mais les travaux pour les
caractériser n’ont débuté qu’au milieu des années 1990. Cette caractérisation est
complexe, car elle est réalisée au champ et n’est possible que sur des colzas n’ayant
pas de résistance spécifique efficace contre les populations locales de phoma. Par
ailleurs, les effets de ces résistances sont partiels et souvent difficiles à mettre en
évidence. Ces travaux de recherche, fortement suivi par les semenciers, ont facilité le
développement de variétés peu sensibles au phoma, grâce au cumul de plusieurs
facteurs de résistance. En parallèle des travaux d’identification de facteurs de
résistance, le suivi des populations de phoma réalisé depuis les années 2000 permet
de surveiller le maintien ou la dégradation de l’efficacité des gènes utilisés dans les
variétés.
Ainsi, en 2004, une classification des variétés a été établie sur la base de la présence
ou non de 3 gènes de résistance, à efficacité partielle (Rlm1, Rlm4) ou totale (Rlm7),
mais aussi selon le niveau de résistance générale de la variété. Cette classification,
réactualisée en 2008 puis en 2012, sert de support au conseil en choix variétal, dans
un but de gestion durable des résistances.
Aujourd’hui, seul le gène de résistance spécifique Rlm7, utilisé depuis 2004, conserve
une certaine efficacité. Toutefois, depuis 3 ans des phénomènes d’érosion de cette
résistance sont observés. Il est vraisemblable qu’à court ou moyen terme, le contrôle
du phoma reposera essentiellement sur le niveau de résistance non spécifique
(quantitatif) des variétés.
Martine leflon
• CETIOM
Les résistances génétiques, leur découverte, leur
caractérisation, leur déploiement, exemple du
colza résistant au phoma
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