212 Ann. Kinésith ér., 1983, t. la, n° 6
Résultats. Discussion
L'étude envisagée a porté sur 10patients, d'un
âge moyen égal à72 +3 ans, comprenant
8hommes et 2 femmes, dont 7 amputés dejambe
et 3 amputés de cuisse.
Tous ont été appareillés précocément dans le
service de chirurgie vasculaire, soit avec un
appareil de décharge, soit pour les amputés de
jambe, avec une prothèse provisoire «contact»
réalisée immédiatement lorsque l'état du moi-
gnon le permettait ou secondairement dans le
service de rééducation fonctionnelle, soit enfin,
pour les amputés de cuisse, avec une prothèse
classique à baudrier.
Sur le plan des possibilités fonctionnelles, on
peut d'emblée noter une amélioration indiscuta-
ble des paramètres retenus:
- Périmètre de marche:
il passe de 117 +26 m à 718 +150--
a< 0,001
- Vitesse de marche :
599 +110 m/h à1430 +237 m/h
a<0,001
- Fréquence du pas:
20 +3 pas/mn, contre 30 +3 pas/mn
a<0,001
De même, la puissance maximale tolérée au
cyclo-ergomètre à bras est significativement
augmentée, la consommation «maximale »
d'oxygène n'étant pas modifiée (0,519 +0,042
contre 0,474 +0,042 l/mn).
Au cours de la marche, la consommation
d'oxygène ne varie pas si elle est exprimée en
«Cal/kg/mn » (54,13 +9,12 à56,72 +6,25).
Par contre, lorsqu'elle est exprimée en
«Cal/kg/mètre parcouru », elle diminue signi-
ficativement (8,2 +2,6 à 3 +1,6Cal/kg/mètre,
0,001 <a<0,01). Le rendement énergétique
de la marche se trouve ainsi sensiblement
amélioré.
En ce qui concerne les critères cardiocircula-
toires, nous n'observons pas de modification
significative de la fréquence cardiaque, de la
tension artérielle et de l'index bras/cheville, ce
qui permet d'argumenter pour un effet plus
périphérique de l'exercice chez ce type de
patient.
La mesure de la pression en oxygène trans-
cutanée ne donne pas de différences significatives
au repos allongé (50 +4,9 contre 47,1
+6,1 mm Hg). Par contre, une diminution de
la TcPOz est mise en évidence au repos assis
avant effort (66,7 +3,3 à59,1 +3,4 mm Hg,
--
0,05 <a<0,01), et au repos allongé après
effort (59,7 +3 à 50,9 +4,9 mm Hg,
--
0,02 <a<0,01). Cette diminution associée à
l'augmentation du rendement énergétique de
la marche peut être expliquée par deux
hypothèses :
- Une nouvelle distribution de la circulation
périphérique au bénéfice des muscles et au
détriment du revêtement cutané.
- Une augmentation du coefficient d'extraction
tissulaire de l'oxygène par adaptation enzymati-
que.
Les critères métaboliques. retenus ne permet-
tent pas, àce jour, d'élucider les problèmes
posés; les résultats sont encourageants, mais
demandent confirmation. Seule l'augmentation
de la quantité de protéine (obtenue quatre fois
sur cinq) objective un effet de la rééducation sur
le plan biochimique.
Conclusion
Deux impératifs sont à respecter lorsque l'on
veut adapter un programme à l'amputé
artéritique :
- Précocité d'admission dans un centre de
réhabilitation spécialisé, entretenant des liens
étroits avec le service de chirurgie adresseur, afin
d'éviter d'aggraver le déconditionnement dû à
l'alitement.
- Rééducation progressive et personnalisée, ceci
grâce àla pratique hebdomadaire d'un test
d'effort àl'ergomètre àbras, et d'un test de
marche (plus en rapport avec l'exercice usuel
qu'aura à effectuer le patient).
Ces deux types d'exercice fixent ainsi la limite
supérieure du travail en aérobiose pour la
semaine. La surveillance constante des para-
mètres cardio-circulatoires doit rester une règle
chez ce type de patient. Le réentraînement ainsi
conçu comme moyen thérapeutique essentiel, en
association bien sûr à l'appareillage, aux traite-
ments médicamenteux, et à la prévention des