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Détermination :
« Il faut construire un triangle équilatéral sur la droite AB. »
La tradition euclidienne voulut faire une claire distinction entre la proposition et
l'exposition-détermination. Contrairement à l'exposition-détermination, la proposition n'utilise
aucune notation, et ceci pour être sûr de ne pas se perdre dans un cas particulier.
Construction :
« Que du centre A et au moyen de l'intervalle AB soit décrit le cercle BCD, et qu'ensuite du
centre B, et au moyen de l'intervalle BA, soit décrit le cercle ACE, et que du point C auquel les
cercles s'entrecoupent soient jointes les droites CA, CB jusqu'aux points A, B. »
La construction met en place tous les éléments dont la démonstration a besoin pour arriver à
la conclusion.
Démonstration :
« Et puisque le point A est le centre du cercle CDB, AC est égale à AB ; ensuite, puisque le
point B est le centre du cercle CAE, BC est égal à BA. Et il a été démontré que CA est égale à AB ;
or les choses égales à une même chose sont aussi égales entre elles ; et donc CA est égale à CB ;
donc les trois droites CA, AB, BC sont égales entre elles. »
Conclusion :
« Donc le triangle ABC est équilatéral et il est construit sur la droite limitée donnée AB.
{Donc, sur une droite limitée donnée, un triangle équilatéral est construit.}2 Ce qu'il fallait faire. »
Cette façon d'agencer les propositions et les démonstrations a été instaurée, et gardée durant
des siècles en mathématiques, par souci de rigueur et pour bien montrer que l'on utilise un
raisonnement déductif. Mais, vu par le regard d'un mathématicien contemporain, voire même d'un
non-mathématicien, plusieurs détails paraissent troublants.
Tout d'abord, qu'apporte en plus la proposition à l'exposition-détermination ? Comme nous
l'avons dit plus haut, elle permet de ne pas se perdre dans un cas particulier, lorsqu'on dessine une
figure qui ne comprend pas toutes les possibilités qui sont en réalité considérées. A ceci peuvent
s'ajouter deux autres raisons. Premièrement, avant la découverte de l'imprimerie ou de procédés
similaires, l'ajout de figures dans les ouvrages, demandait un travail supplémentaire considérable. Il
est difficile de savoir dans quelle mesure les ouvrages contenaient des figures avant les procédés
d'imprimerie, mais qu'elles soient faites à la main ou non, cela comportait le risque qu'elles se
déforment d'une copie ou d'une édition à l'autre. Même une fois que ces procédés aient fit leur
apparition, il est bien évident que le fait de se limiter à du texte revenait bien moins cher.
Aujourd'hui, les ouvrages mathématiques regorgent de figures précises et illustrant les différents cas
possibles. Deuxièmement, d'un point de vue pédagogique, il est important que ceux qui sont amenés
à lire ces traités gardent à l'esprit que les énoncés qui y sont écrits sont des énoncés généraux.
2 Les accolades ont été rajoutée par Vitrac
UFR Sciences et Techniques de Besançon
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