« Cancer du poumon
symptômes, dépistage et nouveaux traitements
> SOMMAIRE
Introduction
25 000 nouveaux cas chaque année :
et demain ?
Doit-on généraliser
la détection précoce ?
Des tirs de plus en plus ciblés
pour attaquer les tumeurs
Les réponses à vos questions
À propos de la Fondation
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p. 12
Propos recueillis à l’occasion d’une Rencontre Santé
organisée par la Fondation pour la Recherche Médicale
et France Info, le 20 octobre 2005.
Débat animé par Bruno Rougier,
journaliste de France Info.
Document disponible sur le site web de la Fondation
pour la Recherche Médicale www.frm.org
Publication :
décembre 2005
Crédits photographiques :
C.Abramowitz / France Info
Avec la participation de :
> Pr Antoine Flahault
Responsable du département de santé publique de l’hôpital Tenon
et responsable du réseau Sentinelle de l’Inserm, Paris.
> Pr Christian Brambilla
Chef du département de médecine aiguë spécialisée pneumologie
et directeur de l’unité Inserm 578 « Laboratoires bases moléculaires de l’initiation et de la progression des cancers du
poumon », au sein de l’institut Albert Bonniot à Grenoble.
> Pr Jacques Cadranel
Pneumologue dans le service de pneumologie de l’hôpital Tenon (Paris)
et responsable d’une équipe de recherche à l’université Paris VI.
La Fondation pour la Recherche Médicale a été créée en 1947 pour apporter une aide rapide et décisive aux chercheurs
dans tous les domaines de la recherche médicale. La Fondation a ainsi participé à toutes les grandes découvertes
médicales françaises. Grâce uniquement aux dons et legs privés, elle soutient chaque année 1 chercheur sur 3 et finance
environ 700 programmes de recherche. La Fondation Recherche Médicale remplit également une mission d’information
pour favoriser le dialogue entre les Français et les chercheurs. A ce titre, elle s’est vue attribuer par le gouvernement le
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Introduction
Bruno Rougier
Journaliste scientifique, France Info
Le cancer du poumon est à l’origine de 27 000
décès par an en France. Il représente la
première cause de décès par cancer chez
l’homme et la
troisième chez la
femme (après le
cancer du sein et le
cancer colorectal).
Ce cancer du
poumon est en
augmentation
constante et touche
des sujets de plus e
plus jeunes. Si les
hommes restent
majoritaires avec 80 % à 85 % des cas de
cancer du poumon, depuis quelques années,
une véritable explosion de ce cancer apparaît
chez les femmes. En 15 ans, leur mortalité par
cancer du poumon a été multipliée par 4.
n
Le principal coupable est le tabac. La pollution
de l’air et l’amiante, drame en devenir dont les
médias ont largement parlé, tiennent également
leur part de responsabilité dans cette maladie.
Lorsque le cancer du poumon est détecté à un
stade précoce, les chances de survie sont
importantes puisqu’elles sont de l’ordre de 85 %
à 5 ans. Mais elles chutent à 15 % seulement
quand la maladie est dépistée tard. Plus un
cancer du poumon est dépisté tôt, mieux il
pourra être soigné. Malheureusement, ce cancer
a la caractéristique de ne pas avoir connu
beaucoup d’amélioration depuis l’après-guerre,
notamment pour les personnes les plus
gravement atteintes. Cependant, des espoirs de
guérison et des espoirs de thérapeutiques
apparaissent, bien que l’avancée de la
recherche ait été moins rapide dans ce domaine
par rapport à d’autres formes de cancer.
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25 000 nouveaux cas
chaque année : et demain ?
Pr Antoine Flahault
Responsable du département de santé publique
de l’hôpital Tenon et responsable du réseau
Sentinelle de l’Inserm, Paris.
> Le risque de cancer du poumon dépend-il
de la quantité de cigarettes fumées ou de la
durée du tabagisme ?
Les cliniciens avaient l’habitude, jusque très
récemment, de parler de « paquet-année ». Un
consommateur ayant fumé un paquet par jour
pendant dix ans avait,
selon eux, fumé 10
« paquet-année ». Les
épidémiologistes se
sont aperçus que c
mesure n’était pas
vraiment correcte.
Bien que tous les
risques liés au tabac
(comme les cancers et
les maladies cardio-
vasculaires)
dépendent de la quantité de tabac fumé, ils sont
plus élevés avec la durée du tabagisme lui-
même. L’idée de pouvoir multiplier l’un par
l’autre de façon uniforme est quelque peu
inexacte. Les conséquences sont préoccupantes
et même le fait de fumer peu mais pendant
longtemps expose à un risque très important de
contracter un cancer du poumon. L’effet seuil
n’existe finalement pas.
ette
L’autre grande inquiétude est le tabagisme des
jeunes. Chez ces derniers, il augmente
beaucoup, notamment à des âges de plus en
plus bas. La première cigarette est parfois fumée
vers 12-13 ans. Dans l’échelle des produits
addictifs, elle représente un énorme addictogène
qui rend dépendant au même titre qu’une drogue
dure. Les adolescents deviennent donc
rapidement accrochés au tabac et les
proportions de jeunes fumeurs, notamment les
jeunes filles, dépassent les 50% en France. Ce
fait est d’autant plus préoccupant que la durée
du tabagisme représente un facteur clé dans le
risque de développer un cancer du poumon.
Cependant, à tout âge, l’arrêt du tabac a un effet
extrêmement bénéfique sur la santé et réduit le
risque de contracter un cancer du poumon.
Depuis longtemps, arrêter de fumer est reconnu
comme favorable dans la diminution du risque
de maladies cardio-vasculaires. Si l’arrêt du
tabac est suffisamment précoce, les bénéfices
engrangés sont assez rapides en termes de
réduction de risque de cancer. Des réductions
de l’ordre de 30% à 50% par rapport au risque
cumulé total dans une vie sont observées chez
les personnes stoppant leur consommation
après 40, 50 voire 60 ans.
Avant de développer un cancer du poumon, il est
primordial d’arrêter de fumer. C’est ainsi qu’il est
nécessaire de parler de dépistage, de prévention
et de diagnostic précoce.
> Fume-t-on plus qu’avant ? Les cigarettes
sont-elles plus nocives ?
Les épidémiologistes s’intéressent
principalement aux graves conséquences du
tabagisme, au regard du triste nombre de décès.
Depuis l’après-guerre, la recherche médicale a
gagné sur presque tous les cancers, et la
réduction des risques est parfois colossale sur
certains d’entre eux. Mais le cancer du poumon
est le seul cancer qui continue à progresser.
L’idée que la qualité du tabac se soit améliorée
est inexacte. Le tabac, sous toutes ses formes,
est très nocif. Les cigarettes à filtre sont moins
chargées en goudron, produit le plus
cancérigène ; cependant, en raison du pouvoir
toxicomanogène du tabac, elles n’ont aucun effet
bénéfique par rapport aux cigarettes sans filtre.
Au contraire, les consommateurs tirent
beaucoup plus sur ces cigarettes supposées
plus légères. Finalement, ceux qui ont besoin
d’ajuster leur niveau de nicotine vont soit fumer
plus, soit tirer davantage sur la cigarette. La
seule mesure efficace contre ce fléau est
l’augmentation du prix des paquets, que je juge
encore trop timide en France.
> La cigarette au féminin
En France, l’évolution du tabagisme chez les
hommes stagne, voire commence à diminuer un
peu. Les bénéfices des campagnes anti-tabac et
l’augmentation du prix du paquet de cigarettes
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commencent à porter leurs fruits. Chez les
femmes, la consommation de cigarettes est en
phase ascendante avec pour conséquence une
progression très importante du cancer du
poumon. À quantité de tabac et à durée de
tabagisme égales à celles des hommes, le rôle
du tabac constitue un danger plus grave et
possède des effets plus agressifs chez les
femmes, sans que l’on en connaisse encore très
bien les raisons.
Les efforts de dépistage et de thérapie doivent
alors se concentrer de façon très prioritaire chez
les femmes, le risque étant d’observer une
épidémie encore plus importante.
Doit-on généraliser
la détection précoce ?
Pr Christian Brambilla
Chef du département de médecine aiguë
spécialisée pneumologie et, directeur de l’unité
Inserm 578 « Laboratoires bases moléculaires
de l’initiation et de la progression des cancers du
poumon », au sein de l’Institut Albert Bonniot à
Grenoble.
> Mettre en place un système
de détection efficace
Le problème de la mise en place d’un système
efficace détectant le cancer du poumon est loin
d’être réglé. Actuellement, la recherche médicale
se trouve plutôt dans une phase dépressive car
l’espoir de pouvoir organiser un vaste
programme de dépistage en France vient d’être
quelque peu délaissé.
Pourtant, plus on
détecte le cancer du
poumon à une phase
précoce, meilleur sera
le pronostic de survie.
Chaque fumeur, ou
chaque personne
évoluant dans un
groupe à risque, doit
s’alarmer de tous les
symptômes
respiratoires qui persistent. La consultation
auprès d’un médecin constitue la meilleure
solution d’éradiquer au plus tôt la maladie. Peut-
on mettre en place un dépistage chez tous les
fumeurs comme celui pratiqué par exemple pour
le cancer du sein ? La réponse n’est pas
évidente. Des études anciennes ont montré que,
grâce aux radiographies pulmonaires, des
cancers plus petits étaient détectés plus
fréquemment. Dix ans plus tard, la différence
d’évolution du cancer entre les personnes ayant
été radiographiées et les autres restait
cependant très faible. Pratiquer des
radiographies systématiques ne sert à rien : cela
n’améliore pas l’espérance de survie des
patients.
> Vers d’autres techniques
Les techniques de détection actuelles sont
beaucoup plus performantes, notamment le
scanner thoracique ou scanner spiralé qui
permet de souligner les plus petits défauts du
poumon. Davantage de cancers précoces sont
détectés mais, actuellement, aucune preuve
d’amélioration n’a été apportée grâce à la
pratique du scanner. Le cancer du poumon étant
un cancer profond, il ne faut pas causer plus
d’agressions que nécessaire. Les scanners
permettent une qualité d’imagerie telle que de
trop de petites pathologies sont trouvées. Le
risque d’être trop agressifs avec des patients qui
ne sont pas atteints est grand. La multiplication
des scanners ne s’avère pas toujours appropriée
au regard des conséquences de traitement
potentiel qu’elle entraîne. Opérer les petits
cancers ou nodules repérés par scanner spiralé
ne constitue pas un fait prouvé de grande
efficacité.
L’idéal serait d’organiser une étude avec
plusieurs milliers de patients et de leur proposer,
par tirage au sort, soit de faire un scanner, soit
d’être surveillés par radiographie pulmonaire.
Suivre ces patients pendant de nombreuses
années démontrerait qu’en dépistant plus
facilement des cancers de petite taille, la survie
du groupe serait améliorée. Le scanner révélant
ces petits cancers, nombre de vies pourraient
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être épargnées grâce aux interventions
chirurgicales alors justifiées. Bien que ces essais
aient déjà été réalisés pour le cancer du sein, ils
restent onéreux et nécessitent un grand nombre
d’inclusions de patients.
> Mieux cibler le dépistage
Doit-on imposer le scanner spiralé à tous les
fumeurs ou a-t-on plutôt besoin d’une meilleure
définition des groupes à risque ?
Avant de pratiquer des scanners, l’idéal serait de
disposer de tests plus simples en vue de mieux
cibler les populations à risque. Un travail est
actuellement en cours pour dégager les
différents critères qui permettent de réfléchir sur
la maladie. L’identification de marqueurs
moléculaires présents dans le sang, la salive ou
les expectorations jouent un rôle prépondérant
dans la connaissance du cancer du poumon. A
chaque contact avec le tabac ou l’amiante, des
carcinogènes sont inhalés. Ces carcinogènes,
produits hautement toxiques, vont se fixer sur les
cellules, les chromosomes et les gènes. L’espoir
actuel réside dans des bio-marqueurs
démontrant que les gènes ont été modifiés d’une
façon ou d’une autre à cause de cette toxicité.
Des tirs de plus en plus ciblés
pour attaquer les tumeurs
Pr Jacques Cadranel
Pneumologue dans le service de pneumologie
de l’hôpital Tenon (Paris) et responsable d’une
équipe de recherche à l’université Paris VI.
> Les traitements classiques
Les traitements dont nous parlons ont été
évaluées dans des études internationales selon
une méthodologie scientifique rigoureuse
permettant d’affirmer leur efficacité et d’évaluer
leur toxicité. Ces
études ont permis
d’établir ce que les
médecins appellent
“un standard
thérapeutique“.
Néanmoins, dans la
mesure où ces études
ont été réalisées sur
des malades très
sélectionnés (
ayant un très bon état général, et une maladie
pas trop étendue), leurs résultats ne sont pas
toujours applicables à tous les malades. Ceci
peut expliquer que vous ou un de vos proches
n’ait pas reçu exactement ces traitements.
motivés,
e poumon est composé de deux grandes
parties : les couloirs ou voies de conduction
on à
is des
tion
à
e cancer dit « à non
:
ce stade, le nodule est isolé dans le poumon
localisée. Si les fonctions
cier
à 5
Le cancer est plus étendu dans le poumon mais
pourra retirer le
L
(trachée, bronches, bronchioles) et le poum
proprement parler, véritable échangeur
permettant de respirer. Ainsi, nous devrions
parler non pas du cancer bronchique ma
cancers bronchiques et pulmonaires. L’évolu
dans les habitudes tabagiques a fait varier le
type et la localisation des cancers dans le
système respiratoire.
Il existe deux types de cancers : le cancer
« petites cellules » et l
petites cellules ». On peut dans ce dernier le
plus fréquent distinguer trois grands stades
c Un stade localisé
A
et la tumeur apparaît
cardio-respiratoires sont satisfaisantes, il est
légitime pour traiter la tumeur de la retirer
chirurgicalement. Il est important, dans cette
situation de cancer localisé, de faire bénéfi
au patient d’une chimiothérapie dite péri-
opératoire (pré ou post opératoire) afin de
réduire jusqu’à 15 %, le risque de récidive
ans. Il s’agit d’une stratégie chirurgicale,
encadrée par une chimiothérapie.
d Un stade localisé étendu
reste résécable. Le chirurgien
cancer, le poumon, et éventuellement les tissus
adjacents sans craindre pour la vie du patient.
Dans ce cas, une chimiothérapie préopératoire
dont l’objectif est de favoriser la résécabilité,
c’est-à-dire la possibilité d’ôter chirurgicalement
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