ter sus pubien en pré opératoire, volume de la prostate au toucher
rectal, durée de la résection, poids de la résection, date d’ablation de
la sonde vésicale en post opératoire, expérience de l’opérateur, ana-
lyse anatomopathologique des copeaux de résection, prise d’anti-
coagulant en pré opératoire, délai de survenue de la rétention aigue,
nécessité de mettre en place une sonde de lavage vésical ou de la
réalisation d’un décaillotage endoscopique ou une ré intervention.
Compte tenu du caractère rétrospectif de cette étude nous n’avons
pas pu étudier les efforts de poussée abdominale comme facteur
favorisant.
La recherche bibliographie a été réalisée sur Internet, utilisant les
moteurs de recherche PubMed [http://www.ncbi.nlm.nih.gov/ ent-
rez/query.fcgi] et “INIST-CNRS” [http://www.inist.fr/index.php].
Les mots clefs utilisés et croisés pour le premier étaient : “seconda-
ry bleeding”, “TURP”, “haematuria” ainsi que : “RTUP”, “chute
d’escarre”, “hémorragie secondaire”, “complications” pour le der-
nier.
RESULTATS
Parmi les 624 patients ayant eu une RTUP entre le 1er janvier 1997
et le 31 décembre 2004, 93 avaient été ré hospitalisés dans le servi-
ce d’urologie dans le mois qui avait suivi ce geste. Parmi ces 93
patients, 10 l’avaient été pour hématurie macroscopique sévère avec
épisode de rétention vésicale aigue (RVA) sur caillotage. Les autres
hospitalisations étaient en rapport avec d’autres complications ou
d’autres gestes : ablation de sonde vésicale pour l’essentiel mais
également complications infectieuses (prostatite, orchite), rétention
vésicale aigue sur copeaux sans hématurie et complications en rap-
port avec l’évolution d’un cancer de prostate.
Les principales caractéristiques des patients ainsi que de l’interven-
tion sont reprises dans le Tableau I. Seuls 2 patients avaient un trai-
tement anticoagulant en pré opératoire. Aucun n’avait un traitement
anti-agrégant plaquettaire en pré ou en post opératoire. Tous avaient
eu un traitement anti-coagulant post-opératoire en prévention de la
thrombose veineuse profonde. Aucun des 10 patients n’avait eu un
traitement différent du protocole en vigueur au moment de l’inter-
vention.
Les chutes d’escarres étaient survenues après des résections réali-
sées par 4 opérateurs différents et d’expériences différentes : 2 uro-
logues expérimentés, 1 chef de clinique et 1 interne.
Deux patients ont été transfusés en raison d’une anémie sévère
(Hb< 7 gr/ dl). A l’étude anatomo-pathologique des copeaux il y
avait des lésions adénocarcinomateuses chez deux patients..
DISCUSSION
La résection endoscopique par voie trans-urétrale de prostate reste
le traitement de référence des troubles mictionnels en rapport avec
l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) [1, 3]. Les complica-
tions potentielles liées à cette intervention ont été rapportées très
largement [1, 3-6] et comprennent : des complications infectieuses
et hémorragiques, une hyponatrémie de dilution par réabsorption du
glycocolle, l’éjaculation rétrograde, la sténose uréthrale et rarement
une incontinence.
L’hématurie macroscopique dans la période post opératoire d’une
RTUP est une complication bien connue des urologues. Les patients
devraient être systématiquement prévenus du risque de survenue de
cette hématurie [2]. Il n’y a pas de moyen prophylactique connu et
le seul conseil pourrait être un apport abondant et régulier de bois-
son pour éviter le caillotage [2] dans les semaines qui suivent le
geste chirurgical. Souvent grâce à cette simple précaution, le patient
rapporte lors de la première consultation post opératoire un épisode
transitoire de saignement non compliqué dans les semaines qui sui-
vent son retour à domicile. Cette hématurie transitoire apparaît le
plus fréquemment au cours de la 2ème semaine après RTUP [6].
Cette hématurie secondaire est souvent appelée en France “chute
d’escarre”. Cette expression est employée dans d’autres spécialités
comme la gastro-entérologie. A l’instar de l’urologie, ce phénomè-
ne est expliqué par la chute d’une “croûte” de coagulation crée par
l’arc électrique du résecteur, soit une zone de nécrose recouvrant un
tissu de granulation. Cependant nous n’avons retrouvé aucune étude
physiopathologique pouvant confirmer ou étayer cette thèse. Cette
dénomination qui recouvre un concept physiopathologique est
exclusivement francophone et n’a pas d’équivalent dans la littératu-
re anglophone où le terme plus neutre de “secondary bleeding” est
utilisé. Par ailleurs, dans les articles provenant d’équipes anglo-
saxonnes traitant des complications de la RTUP, les saignements
post opératoires secondaires sont le plus souvent décrits dans leur
globalité sans distinction entre les saignements de la période post
opératoire précoce (1er mois) et ceux plus tardifs [4].
L’objectif principal de notre étude était la recherche de facteurs pro-
nostiques de chutes d’escarre après RTUP entraînant une hémorra-
gie significative avec caillotage et RVA. Aucun paramètre parmi
ceux que nous avons étudié ne permettait de prédire cette complica-
tion. Cependant, compte tenu de la faible fréquence de cette com-
plication dans notre étude (1,6%), il n’a pas été possible d’utiliser
des méthodes statistiques avec fiabilité pour identifier des facteurs
de risques parmi les facteurs étudiés : âge, drainage de vessie au
moment de la RTUP, antécédent de prostatite, durée d’intervention,
poids de la résection, histologie des copeaux, expérience de l’opéra-
teur et durée du drainage post-RTUP. Les même paramètres ont été
étudiés par O
LAPADE
-O
LAOPA
[6] ainsi que par H
ARVEY
[7]. Les
auteurs arrivent à la même conclusion que nous : ils ne retrouvent
pas de facteur pronostique de chute d’escarre. La fréquence de sur-
venue des cette complication dans notre étude est moins importante
que dans la littérature ou elle varie entre 2 et 25% [1, 5-7]. Ceci est
du à notre critère de sélection des patients, soit uniquement les cas
graves avec hémorragie abondante, nécessitant une hospitalisation.
HAVEY [7] a retrouvé une corrélation entre l’incidence de survenue
des hémorragies secondaires après RTUP et la présence d’une
infection urinaire lors de l’ablation de la sonde urinaire. Dans leur
étude prospective randomisée, l’antibioprophylaxie systématique
n’a cependant pas permis de diminuer l’incidence des saignements
secondaires. Ce paramètre n’a pas été étudié dans notre étude.
Nous avons basé l’identification des dossiers sur un tri informatique
des patients ayant subi une résection et ayant été ré hospitalisé dans
les 31 jours suivants. Ce croisement repose sur le codage CIM 10
(et CCAM pour les dossiers les plus récents) et sur le registre des
admissions. Le code utilisé étant le diagnostic principal d’un acte
réalisé de façon programmée, la marge d’erreur et donc le risque de
sous-estimation est faible. Le début des recherches remonte à 1997,
date à laquelle le codage informatique permettait d’obtenir une fia-
bilité satisfaisante des résultats.
Nous avons choisi de ne prendre en considération que les 31 jours
post opératoire : au-delà le risque de survenue d’une chute d’escar-
re est très faible [6]. D’ailleurs dans notre étude la médiane de sur-
venue de l’hématurie était de 11 jours.
G. Normand et coll., Progrès en Urologie (2006), 16, 461-463
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