certaines bases de la discipline en tant que science, et cela sous contrainte forte de
dimensionnement chronologique eu égard au reste des apports de formation initiale à réaliser.
A travers sa mise en ligne dans « Libres savoirs » de ParisTech, le présent document renforce
la compréhension profonde du Droit en tant que science, et ceci dans la perspective de son
articulation avec l’émergence historique des autres SESG. Cela étant, nous avons écarté de
l’exposé la prise en considération détaillée des rapports historiques du Droit et de la
Philosophie, qui nous semble davantage être du ressort des philosophes et nous aurait
inévitablement mené en dehors des limites de notre compétence personnelle ; mais nous avons
été amené à l’aborder de façon occasionnelle.
Dans un essai magistral qui traite de nombreux exemples dans le domaine du vivant (1), Alain
SUPIOT fait du Droit la mise en oeuvre de la raison dans la société humaine. Il est en effet
nécessaire que la vie en société soit à la fois « raisonnable » et « raisonnée », ce qui présente
l’avantage de concilier à la fois le Droit en tant que science - le « raisonnable » issu d’une
démarche rationnelle qui n’est pas scientifique au sens strict du terme mais qui est la
résultante d’un processus historique long et complexe que nous nous proposons de résumer -
et le Droit en tant que technique, c’est-à-dire le « raisonné » issu du syllogisme juridique
appliqué aux problèmes concrets que rencontrent les ingénieurs. Pour planter le décor du
« Droit-science » :
« Le Droit relie l’infinitude de notre univers mental à la finitude de notre expérience physique et c’est en cela
qu’il remplit chez nous une fonction anthropologique d’institution de la raison. (...). Instituer la raison, c’est ainsi
permettre à tout être humain d’accorder la finitude de son existence physique avec l’infinitude de son univers
mental. Chacun d’entre nous doit apprendre à inscrire dans l’univers du sens cette triple limite qui circonscrit son
existence biologique : la naissance, le sexe et la mort. L’apprentissage de ces limites est aussi un apprentissage
de la raison» (2).
Nos collègues généticiens du Département SVS d’AgroParisTech, qui travaillent sur le vivant
non humain, ne disent pas autre chose, mais dans le langage scientifique qui leur est propre. A
cela nous pouvons donc ajouter l’apprentissage essentiellement utilitaire, mais aussi éthique
de ces limites dans le domaine végétal, animal ou microbiologique ; et ce que nous
appellerons les « prothèses de la finitude » dans une perspective inévitablement
anthropocentrique : la production primaire agro-sylvo-halieutique, l’alimentation,
l’environnement, etc., soit le contenu des domaines du cursus de 2ème année.
0.2. OBSERVATIONS SUR LA FORME
Sur le plan de la forme de ce document, deux conventions ont été retenues en ce qui concerne
l’usage des majuscules :
- au rebours des conventions régissant actuellement les publications, cet usage est
systématique pour les disciplines des Sciences humaines, à des fins pédagogiques (« Droit »,
« Sociologie », « Economie », etc.), et cela vaut aussi pour les adjectifs, en concordance avec
le document de cours développé « Introduction générale au Droit » (« Droit Civil », « Droit
Administratif », etc.) ;
- en ce qui concerne les noms propres de personnages historiques, sont intégralement en
majuscules les noms des auteurs dont l’existence est à retenir en termes d’oeuvre digne
d’intérêt (« DUMEZIL », « CHIAPPINI », « LOCKE », etc.), mais restent sous forme
1 Alain SUPIOT : Homo juridicus - Essai sur la fonction anthropologique du Droit - « Essais » n° 626, Ed. du
Seuil, 2009. Cet auteur est professeur de Droit du Travail, membre d l’Institut de France et anime la revue
« Droit & Sociétés ». L’ouvrage fait partie des lectures recommandées de l’UE « Sociologie, Droit & Science
Politique ». de 1ère année.
2 A. SUPIOT, op. cit., pp. 10 & 41.