être formés dans les étoiles. Ce succès de la nucléosynthèse stellaire renforce
la conance que Hoyle et ses collègues peuvent avoir dans leur théorie de
l’état stationnaire. Il y a toutefois un problème. Hoyle n’arrive pas à rendre
compte de l’abondance des éléments légers, en particulier de l’hélium. Cette
situation ne va pas évoluer pendant plusieurs années.
La troisième phase tourne encore autour des travaux de Hoyle. En ,
ce dernier montre que l’hélium peut avoir été formé soit aux tout premiers
instants de l’univers, dans le cadre de la théorie du big bang, soit au cœur
d’objets super-massifs. Le problème est que ces objets super-massifs n’ont pas
été identiés. Les partisans de la théorie du big bang en protent pour crier
victoire (Hoyle aurait marqué un but contre son camp!). Hoyle aggrave en-
core son cas en en montrant que le big bang peut expliquer les abon-
dances des autres éléments légers, le deutérium et le lithium.
Est-ce que ces calculs réfutent la théorie de l’état stationnaire? Non,
puisque rien ne dit que la formation de ces éléments chimiques est impossible
dans le cadre de la théorie de l’état stationnaire. Mais ils donnent un avantage
psychologique aux partisans de la théorie du big bang: c’est dans le cadre de
leur théorie que, pour la première fois, la synthèse de tous les éléments
chimiques a trouvé une explication.
Du côté des partisans de la théorie de l’état stationnaire, la situation est
ambiguë: ils reconnaissent que les partisans du big bang s’en sortent bien,
mais à leurs yeux leur avantage provient d’un certain bricolage théorique
puisque, pour rendre compte de l’abondance des éléments chimiques, les par-
tisans du big bang doivent recourir à deux fourneaux (les premiers instants de
l’univers et le cœur des étoiles). Quant à eux, grâce à l’article de Hoyle de
, les partisans de l’état stationnaire ont été à deux doigts de montrer que
toute la nucléosynthèse était stellaire. Ils sont donc tentés de poursuivre ce
programme de recherche. Reconnaissons qu’il est dicile, à ce niveau, de
considérer que c’est une attitude déraisonnable. Toute la question est de savoir
s’ils vont pouvoir rendre compte de la formation des éléments chimiques et, si
. Margaret Burbidge, Georey Burbidge, Fred Hoyle et William Fowler (), «Synthe-
sis of the elements in stars», Reviews of Modern Physcis, , pp.-.
. Fred Hoyle et Roger Tayler (), «e mystery of the cosmic helium abundance»,
Nature, , pp.-.
. Robert Wagoner, William Fowler et Fred Hoyle (), «On the synthesis of elements
at very high temperatures», Astrophysical Journal, , pp.-.
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