« Le boom des allergies
la faute à nos modes de vie
La Fondation pour la Recherche Médicale a été créée en 1947 pour apporter une aide rapide et décisive aux chercheurs
dans tous les domaines de la recherche médicale. La Fondation a ainsi participé à toutes les grandes découvertes
médicales françaises. Grâce uniquement aux dons et legs privés, elle soutient chaque année 1 chercheur sur 3 et finance
environ 700 programmes de recherche. La Fondation Recherche Médicale remplit également une mission d’information
pour favoriser le dialogue entre les Français et les chercheurs. A ce titre, elle s’est vue attribuer par le gouvernement le
label « campagne d’intérêt général 2005 ».
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Fondation pour la Recherche Médicale
54, rue de Varenne - 75335 Paris cedex 07
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ou sur sur www.frm.org (rubrique "aidez la recherche")
Le boom des allergies y www.frm.org 1
> SOMMAIRE
Pourquoi des Journées
de la Fondation Recherche Médicale ?
Sommes-nous allergiques
à trop d’hygiène ?
Comment organiser la défense
contre les allergènes ?
Recherche :
combattre l’allergie à sa source
Témoignages
Les réponses à vos questions
À propos de la Fondation
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p. 6
p. 7
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Propos recueillis à l’occasion de la 4è édition des
Journées de la Fondation Recherche Médicale, sur le
thème « Sommes-nous malades de notre
environnement ? ». Le présent débat s’est déroulé le 15
septembre 2005, au Centre universitaire méditerranéen
de Nice.
Débat animé par Laurent Romejko, journaliste de
France 2.
Document disponible sur le site web de la Fondation
Recherche Médicale www.frm.org
Publication : novembre 2005
Crédits photographiques : Fondation pour la
Recherche Médicale
?
»
Avec la participation de :
> Pr Frédéric de Blay,
Pneumo-allergologue à l’hôpital Lyautey et chercheur à l’Institut de recherche
EA 3771 « Inflammation et environnement dans l’asthme » à Strasbourg.
> Pr Antoine Magnan,
Pneumo-allergologue à l’hôpital Sainte-Marguerite et directeur de l’unité de recherche
EA 3287 « Pathologies respiratoires liées à l’environnement » au sein de l’Université de la
Méditerranée à Marseille.
> Pr Nicolas Glaichenhaus,
Vice-président recherche de l’Université et directeur de
l’Emi 03-44 « Immunité des Maladies Infectieuses, allergiques et auto-immunes » à Nice.
Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 2
Pourquoi
des « Journées de la Fondation Recherche Médicale » ?
Plus que jamais, les liens entre environnement et santé sont aujourd’hui au
cœur des inquiétudes des Français. Pollution de l’air et de l’eau, risques
alimentaires, contamination microbiologique et chimique, rayonnements, stress
et bruit… sont autant de facteurs incriminés dans nombre de maladies et
auxquels nous sommes tous potentiellement exposés. En outre, les maladies
liées directement ou indirectement à notre environnement et à nos modes de
vie sont en constante augmentation : cancers, maladies cardiovasculaires,
allergies, obésité, stérilité… À titre d’exemple, on estime que 7 à 20 % des
cancers seraient imputables à des facteurs environnementaux ! Pourtant,
aujourd’hui encore, nombre de questions restent en suspens…
Devant le besoin d’information que vous nous manifestez chaque jour, la
Fondation Recherche Médicale a décidé en septembre 2005 d’ouvrir ce débat avec vous, en présence
des meilleurs experts. La 4e édition des Journées de la Fondation Recherche Médicale1 a posé, en
effet, la question « Sommes-nous malades de notre environnement ? ». Au cours de six débats sur six
thématiques différentes et dans six villes de France, un public venu nombreux a pu dialoguer avec les
chercheurs et trouver réponses à ses questions. Face à ce questionnement, la Fondation Recherche
Médicale a également choisi de lancer, dès 2004, le programme « Défis de la recherche en
allergologie2 ». C’est une réelle incitation au développement de recherches sur les origines
moléculaires et cellulaires des allergies et sur les pistes de traitements. C’est également une initiative
ambitieuse qui n’aurait pu voir le jour sans la générosité et la confiance de ses donateurs - peut-être
vous ? -. Cette nouvelle édition des Journées de la Fondation Recherche Médicale est finalement
l’occasion de mieux comprendre les enjeux de la recherche et de mesurer le rôle essentiel de la
Fondation Recherche Médicale.
Joëlle Finidori,
Directrice des affaires scientifiques
de la Fondation Recherche Médicale
1visitez le site consacré à l’événement http://www.jfrm.org
2pour plus d’infos, consultez la page http://www.frm.org/demandez/dem_specifiques_allergie.php
Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 3
Sommes-nous allergiques
à trop d’hygiène ?*
Pr Frédéric de Blay,
Pneumo-allergologue à l’hôpital Lyautey et
chercheur à l’Institut de recherche EA 3771
« Inflammation et environnement dans
l’asthme » à Strasbourg.
Indispensable pour nous défendre contre les
agresseurs – virus, bactéries, parasites… - le
système immunitaire peut aussi s’emballer à
tort et développer une hypersensibilité à une
substance pourtant inoffensive, alors appelée
allergène. Depuis environ trente ans, le
nombre de personnes confrontées aux
allergies ne cesse d’augmenter. Ce qui porte
actuellement à 30 % la part de la population
qui a déjà subi une pathologie allergique.
Selon certaines
estimations,
cette proportion
devrait atteindre
50% entre 2035
et 2050.
Le
fonctionnement
du système
immunitaire
repose sur une
part d’inné et
une part
d’acquis. L’inné, c’est en partie la susceptibilité
génétique aux allergies, celle que nous
héritons de nos parents. Si l’un des deux est
allergique, l’enfant aura jusqu’à 50 % de
probabilité de l’être à son tour et si les deux
parents le sont, ce risque peut atteindre 70%.
L’augmentation des allergies constatée est
cependant beaucoup trop rapide et régulière
pour être due à une mutation génétique. Elle
serait plutôt due à des changements
environnementaux agissant sur certaines
susceptibilités (génétiques) individuelles. C’est
pourquoi les spécialistes se penchent sur les
changements de mode de vie intervenus ces
trente dernières années qui pourraient avoir
bouleversé la part « d’acquis » de la réponse
immunitaire.
Selon ce que les spécialistes appellent « la
théorie hygiéniste », le développement de
l’hygiène, des vaccins, des antibiotiques, qui
évite au système immunitaire d’être stimulé
par des infections, l’aurait rendu de plus en
plus disponible pour développer des allergies.
Ainsi, les enfants soumis à un environnement
moins aseptisé (en milieu rural par exemple)
développeraient moins d’allergies que les
autres. Il faut toutefois nuancer cette idée car
toutes les infections ne produisent pas le
même effet et ne sont pas sans danger. S’il a
été démontré que des infections virales
bénignes au niveau digestif ainsi qu’une flore
bactérienne intestinale équilibrée réduisent le
risque d’allergies, il n’en est pas de même
pour les infections cutanées et respiratoires.
D’autres peuvent même exacerber les
symptômes des allergies, telle l’infection au
staphylocoque doré, par exemple, qui aggrave
les symptômes de la dermatite du nourrisson.
L’augmentation considérable de l’exposition
aux allergènes est une autre explication
possible à l’augmentation des allergies. Nous
mangeons de nombreux produits exotiques
qu’on ne rencontrait jamais auparavant, nous
respirons de nouvelles espèces de pollens…
Ce sont autant de nouveaux allergènes
potentiels. La pollution atmosphérique et le
tabac, sont eux, incriminés en tant que
facteurs facilitants des allergies respiratoires
en irritant parfois très profondément la
muqueuse des bronches et des poumons. Par
exemple, au Japon, les personnes allergiques
au pollen de cèdre qui habitent près des
grandes voies de circulation ont des
symptômes plus intenses que ceux qui en sont
éloignés.
Les allergies ont des manifestations diverses.
Les allergies respiratoires se traduisent par de
l’asthme et des rhinites, parfois associées à
des syndromes oculaires comme la
conjonctivite. Les allergies cutanées
recouvrent la dermatite atopique, l’urticaire
aiguë, l’œdème de Quincke et l’eczéma de
contact. Toutefois, les symptômes se
manifestent parfois loin de la « voie d’entrée »
de l’allergène. Les allergies alimentaires, par
exemple, peuvent se manifester par des
problèmes intestinaux, bien sûr, mais aussi
cutanés ou respiratoires. Dans les cas les plus
graves, elles peuvent même provoquer un
choc anaphylactique.
Ce dernier, heureusement très rare, est une
forme extrême d’allergie. Touchant de
multiples organes, il peut se traduire par une
mort rapide. Il se caractérise notamment par
une obstruction des voies respiratoires
supérieures, des spasmes bronchiques, une
hypotension et des troubles du rythme
cardiaque, une congestion du foie, de la rate…
L’anaphylaxie peut survenir suite à un contact
avec n’importe quel allergène mais le plus
Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 4
souvent, elle est due à une allergie alimentaire
(cacahuète…), au venin d’hyménoptère
(guêpe, abeille, frelon, etc.) ou à un
médicament.
*en raison d’un problème technique, l’intervention du
Pr de Blay n’a pu être retranscrite. Les propos ci-dessus
sont extraits de la revue Recherche & Santé n°102 à
laquelle a participé le Pr de Blay.
Comment organiser la défense
contre les allergènes ?
Pr Antoine Magnan
Pneumo-allergologue à l’hôpital Sainte-
Marguerite et directeur de l’unité de recherche
« Pathologies respiratoires liées à
l’environnement » au sein de l’Université de la
Méditerranée à Marseille.
Connaître l’origine
de l’allergie est
une difficulté,
mais la première
est d’identifier les
signes cliniques
tels qu’une
éruption cutanée
ou une toux. A
l’inverse, un
certain nombre de
symptômes viennent d’une allergie mais sont
négligés. Dans tous les cas, il convient de
s’interroger y compris sur de petits
désagréments qui paraissent anodins, comme
la toux chronique, la toux nocturne
(notamment chez l’enfant), le nez qui coule, le
nez bouché. Il faut alors se poser la question
de savoir s’il s’agit bien d’une allergie et quel
en est le facteur déclenchant.
> Diagnostiquer l’allergie
Le premier geste est de consulter un médecin,
afin d’engager un dialogue pour essayer de
bien déterminer des coupables. Jacques
Charpin avait montré qu’une bonne façon
d’approcher le diagnostic d’une allergie est
basée sur une unité de lieu, une unité d’action
et une unité de temps : l’allergie se déclenche
toujours au même endroit, de la même
manière et au même moment.
La deuxième étape, qui permet de déterminer
le terrain, est le test cutané qui consiste à
administrer l’allergène sur la peau afin
d’observer éventuellement la réaction
allergique habituelle. Si l’histoire de la maladie
est compatible, on peut s’orienter vers un
coupable : le chat, la moisissure, l’acarien, le
pollen, etc.
Lorsque les recherches sont vaines, il faut
collaborer entre le médecin et le malade,
réfléchir, afin de déterminer pour les fois
suivantes comment vont se développer les
manifestations, par exemple une crise
d’urticaire au cours d’une exposition
particulière qui a pu échapper au médecin.
> Traiter l’allergie
Lorsque l’allergène est identifié, on peut s’en
débarrasser. Le cas le plus flagrant et qui
devrait être le plus simple est celui de l’allergie
professionnelle. En effet, un certain nombre
d’allergènes étant bien identifiés, en
supprimant l’exposition, la maladie est guérie,
comme dans le cas du latex ou de la farine
pour le boulanger. Notons qu’il est parfois
difficile de proposer des reclassements à ces
personnes.
L’allergie au chat apparaît plus simple à
résoudre, il suffit de se débarrasser du chat,
même si l’attachement à l’animal rend la
séparation parfois douloureuse.
Mais il est très difficile de limiter le nombre
d’acariens, et une stratégie d’éviction des
pollens est illusoire. Dans ces cas-là, nous
entrons dans une maladie chronique. Il va
falloir « faire avec » et « au mieux avec ». Le
mieux sera fait à condition que le malade lui-
même connaisse très bien la maladie. Il faudra
observer ce qui déclenche les symptômes
pour pouvoir les éviter. Il faudra connaître les
traitements, savoir lesquels sont efficaces, à
quel moment on doit les prendre ou les
augmenter, non pas pour guérir mais pour
contrôler la maladie.
Les traitements de fond visent d’abord à se
débarrasser le plus possible de l’allergène.
Procéder à des tests cutanés, discuter avec un
allergologue en sont la base. En effet, mieux
on connaît les allergènes auxquels on est
sensibles, mieux on pourra être en mesure de
les éviter soi-même.
Les traitements existent, leur prise doit être
quotidienne et continue. S’ils respectent bien
la prescription, les asthmatiques (y compris
dans les formes sévères) peuvent avoir une
vie normale. Au cours des vingt dernières
années, nous avons vu apparaître la
corticothérapie d’action locale qui n’a pas les
effets secondaires de la corticothérapie par
voie générale. Dans le traitement de l’asthme,
Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 5
les broncho-dilatateurs ont une plus longue
durée d’action. La vie des patients a pu être
transformée et, dans la grande majorité des
cas, les asthmatiques ont pu reprendre une vie
normale et faire du sport, puisque la pratique
régulière d’une activité physique chez
l’asthmatique est fortement encouragée.
Recherche : combattre
l’allergie à sa source
Pr Nicolas Glaichenhaus
Vice-président recherche de l’Université et
directeur de l’Emi 03-44 « Immunité des
Maladies Infectieuses, allergiques et auto-
immunes » à Nice.
Les épidémiologistes ont fait des progrès
considérables pour identifier les facteurs
favorisants et les facteurs de risques. Pour
l’avenir, il faut essayer d’identifier de nouvelles
pistes. Les cliniciens peuvent étudier, à partir
de prélèvements humains, quels types de
cellules se trouvent dans le produit
d’expectorations, par exemple.
> Développer des modèles animaux
Une autre voie adoptée par des chercheurs un
peu plus fondamentalistes consiste à
développer des modèles animaux afin de
mieux disséquer les mécanismes intimes,
mieux identifier les cellules et les molécules
qui jouent un rôle dans le développement de la
maladie. Les chercheurs expérimentent sur les
animaux car le comportement de ceux-ci
ressemble à celui
des hommes
mais, surtout, ils
utilisent les
animaux pour
essayer de
comprendre
comment se
développe la
maladie.
Par exemple, on injecte la protéine du blanc
d’œuf (après l’avoir purifiée) à une souris en
laboratoire. Ensuite, on donne des aérosols de
cette même protéine et l’on s’aperçoit que la
souris développe des signes cliniques
ressemblant très fortement à ceux développés
par les patients qui font une allergie
respiratoire. Cette expérience est
reproductible. Afin d’intervenir et d’identifier les
cellules ou les molécules qui jouent un rôle, on
peut analyser les poumons des souris ; on
peut également utiliser des souris mutantes à
qui il manque une protéine particulière et
comparer avec des souris normales. Si une
différence est constatée, cela signifie que la
protéine manquante est impliquée dans la
maladie. On peut surtout utiliser ces souris
pour tester en phase pré clinique un certain
nombre de traitements et observer si ceux-ci
vont diminuer les symptômes de la maladie et,
même, empêcher la souris de développer la
maladie.
> Comprendre le système immunitaire dans
sa globalité
Un autre type d’étude encore plus
fondamentale consiste à essayer de
comprendre de manière générale comment
fonctionne le système immunitaire. Dans le
cas des allergies, nous pouvons dire que le
système immunitaire s’emballe, donne une
réponse de manière tellement inadaptée que
des signes cliniques vont apparaître. En fait, il
se détourne de son rôle bénéfique pour
devenir néfaste à l’individu. Toute recherche
qui va tenter de comprendre le fonctionnement
du système immunitaire en général aura des
retombées et pourra éventuellement
déboucher sur de nouveaux traitements dans
le cadre des allergies, mais également dans le
cadre de maladies auto-immunes, de cancers
ou autres. Les immunologistes ont
redécouvert, depuis une dizaine d’années, un
type cellulaire (cellules T régulatrices) que
nous possédons tous dans notre organisme et
qui empêche notre système immunitaire de
s’emballer. On peut manipuler ces cellules et
les inciter à être plus efficaces afin qu’elles
inhibent les réponses immunitaires. Une
recherche de ce type va permettre de mieux
comprendre les mécanismes de
fonctionnement du système immunitaire et, par
voie de conséquence, de développer de
nouveaux traitements non seulement pour les
allergies, mais pour toutes les maladies dans
lesquelles le système immunitaire est impliqué.
Voilà un exemple de recherche fondamentale
qui aura des conséquences très pratiques pour
le développement de nouveaux traitements.
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