Licence 3 Histoire 2008-2009 – semestre 2 – Programme allégé
Période : Ancienne
Intitulé : Espaces grecs (enseignement commun avec la 03)
Programme allégé : 4 questions chronologiques
Enseignant : Cécilia D’ERCOLE
INFORMATIONS pour l’UE « Espaces grecs » (UFR 09) et « Méditerranée grecque »
(UFR 03)
La modification des modalités d’examens tient compte des critères adoptés par l’AG de l’UFR d’histoire
(UFR 09) du 27 mars 2009, reconduite par l’AG du 6 avril, et par le conseil d’Histoire de l’Art et
Archéologie (UFR 03) du 7 avril 2009, qui convergent largement. Ces décisions s’intègrent dans le cadre
de la grève reconductible jusqu’à réponse à nos revendications.
1. L’examen portera sur un preuve écrite et sur une preuve orale, qui auront lieu pendant la
session d’examen, à une date qui n’est pas précisée à l’heure actuelle. Le contrôle continu est
suspendu.
2 : L’épreuve écrite, sous forme de quatre questions (chronologie, définition, synthèses thématiques) ,
portera sur un programme réduit en conséquence de la mobilisation en cours, aux sujets suivants :
- A) La représentation de l’espace en Grèce archaïque : d’Homère aux philosophes ioniens de la
seconde moitié du VIe siècle av.J.-C.
- B) Corinthe archaïque et classique
- C) Les fondations coloniales de Corinthe dans la mer Ionienne et en Illyrie ; Corcyre,
Epidamne, Apollonia.
3- L’épreuve orale portera sur des textes concernant les questions traitées à l’écrit. Ces textes se
trouvent dans le fascicule distribué aux étudiants au début du semestre ; l’interrogation se fera par
tirage au sort:
a) Strabon, Géographie VIII ; 6 ; 20 « Description et histoire de Corinthe » (p.6-8 du
fascicule)
b) Strabon, GéographieVI, 2, 4 ; deux extraits concernant « Les Eubéens à Corcyre » et
« Fondations parallèles : Corcyre et Syracuse » (p.10 du fascicule)
c) Thucydide, La guerre du Peloponnèse, I, 13, extraits, « Epidamne » (p.11-12 du
fascicule) ; Strabon, Géographie, VII, 5-8 ; « Epidamne et Apollonia » (p.12 du fascicule)
- 4- En raison des 1
er
et 8 mai fériés, je vous invite à une rencontre pédagogique le lundi 27 avril de 14
à 16 heures à l’Institut d’Art et Archéologie, 3, rue Michelet, salle 326 ; d’autres rendez-vous
pédadogiques pourront être fixés à ce moment.
5- 3 fiches de contenus et 1 fiche d’objectifs concernant les sujets des épreuves écrite et orale vous
seront adressées pour vous aider dans votre travail de préparation. Ces fiches orienteront vos lectures
et votre préparation et pourront être discutées au courant des rdv pédagogiques.
6- La bibliographie conseillée en rapport avec les aménagements proposés et la suivante :
Ch. Jacob, Géographie et ethnographie en Grèce ancienne, Paris, Armand Colin ; 1991 (les chapitres
concernant la question A pour la preuve écrite)
Cabanes P. (dir.) Histoire de l’Adriatique, Paris ; Seuil ; 2001 ;(les p.43-56 concernant les fondations
coloniales corinthiennes en Adriatique)
Dans un dictionnaire de l’Antiquité (ex. les dictionnaires respectivement dirigés par M. C. Howatson,
Paris, Edition Robert Laffont 1993 et par J. Leclant, Paris 2007), chercher les entrées correpondant
aux questions du programme réduit (ex. Corinthe ; Corcyre ; Illyrie etc.).
Pour les textes anciens, se rapporter les éditions des Belles Lettres de la Géogrphie de Strabon (F.
Lasserre, 1967) et de la Guerre du Péloponnèse de Thucydide (J. De Romilly). D’autres suggestions
sur la bibliographie et sur la méthode de travail seront données au courant des rencontres
pédagogiques.
Fiche A. Les représentations de l’espace dans la Grèce archaïque, d’Homère
aux philosophes ioniens (VIIIe-VIe siècle av. J-C.)
L’histoire de la géographie (du grec géographein, décrire la Terre) est l’histoire
d’une conquête à la fois intellectuelle et matérielle ; elle comporte le passage du
cumul des connaissances empiriques à l’organisation abstraite et conceptuelle de
telles connaissances. Pendant plusieurs siècles, la géographie n’a pas été un savoir
autonome ; les premières notions spatiales apparaissent dans des poèmes et dans des
ouvrages de contenu philosophique. Les premières références à l’espace se
retrouvent ainsi dans les poèmes d’Homère, sous forme de simples listes de noms
dans l’Iliade, sous forme de descriptions plus détaillées dans l’Odyssée. Les voyages
d’Ulysse se déroulent entièrement dans les gions de l’Occident méditerranéen ; ils
touchent plusieurs lieux du paysage maritime restés célèbres dans la littérature
grecque de tous les temps : l’île de Trinacrie, Schérie, l’île des Phéaciens, le pays des
Cyclopes, l’île de Calypso, etc. Dès lors, une partie importante de la recherche
moderne a consisté à identifier ces lieux mythiques avec les lieux réels de la
Méditerranée : à ce sujet, la tentative la plus célèbre et systématique est celle de
Victor Bérard, Les navigations d’Ulysse, un ouvrage en 4 volumes, publà partir de
1927. Quelques unes des identifications proposées sont largement partagées par les
commentateurs modernes; ex. l’identification de Schérie avec l’île de Corfou, l’île
d’Eole avec Stromboli, l’entrée des Enfers avec le lac Averne, sur le golfe de Naples,
Charybde et Scylla au Détroit de Messine. D’autres propositions sont plus
controversées ; c’est le cas de la terre des Cyclopes située par Bérard à la hauteur de
la baie de Naples et par bien d’autres savants sur la côte orientale de la Sicile, près de
l’Etna. Quoi qu’il en soit, l’Odyssée reste un premier témoignage d’une forme de
perception et description de l’espace connu, à une époque (fin VIIIe-début du VIIe
siècle av.J.-C .) où voyages, explorations et aventures coloniales
*
ouvraient aux
Grecs l’espace méditerranéen.
Dans l’œuvre d’Hésiode, notamment dans la Théogonie (poème sur la génération
des Dieux et de l’Univers), les éléments de l’espace (le Ciel, la Terre, l’Océan) se
*
Pour la colonisation corinthienne, voir fiche C.
forment grâce à une série de scissions et de séparations qui engendrent, au terme de
ce processus, même les dieux Olympiens (qui descendent de Gaia, la Terre, et
d’Ouranos, le Ciel) et même les êtres humaines. La pensée d’Hésiode temoigne ainsi
d’une volonté d’explication de l’espace e d’une quelque forme de rationalité qui vise
à découvrir les principes de formation de la réalité sensible.
Cette forme de rationalité se prolonge et s’enrichit avec les spéculations de la
première école philosophique du monde grec, qui s’est développée à Milet, autour de
Thalès et de ses disciples, Anaxagoras et surtout Anaximandre. La nouvelle forme
de pensée a été certainement encouragée par la vivacité intellectuelle des cités
ioniennes, telles Ephèse, Samos, ou justement Milet, se développe entre autres
une forme de pensée géométrique. Cette forme de pensée est appliquée à l’espace
sensible, qui est pour la première fois décrite sous des formes géométriques, tels la
sphère et le cercle, qui sont prises à modèle de l’architecture de l’Univers.
Désormais, l’écriture fixe et transmets des savoirs ; si aucune œuvre des philosophes
ioniens ne nous est parvenue, les fragments et les citations de leurs textes, transmis
par les auteurs postérieurs, permettent de reconstituer les grandes lignes de leur
conception philosophique. Nous savons ainsi qu’Anaximandre concevait la Terre
comme une sorte de cilindre ou de colonne, dont l’une des extrêmités plates aurait
été l’espace habité. Un autre domaine d’enquête pour Anaximandre a été la relation
spatiale entre la Terre et le Ciel. Ce dernier était, selon le philosophe, un espace qui
entoure complètement le cylindre solide qu’est la Terre (alors que, selon Thalès, la
Terre planait sur l’eau). Anaximandre aurait réalisé les premiers calculs sur la
distance entre la Terre, le Soleil et les étoiles ; il aurait créé aussi une maquette de la
sphère celeste et inventé un outils de mesuration, le gnomon. La tradition attribue
également à Anaximandre la première carte du monde, qui est probablement le
modèle de la représentation du monde habité (oikoumène) gravée sur le bronze,
décrite par l’historien Hérodote dans un passage de son Historie (l’Enquête). La carte
de la Terre apparaît alors comme le complément logique de ces modélisations du
monde, objet intermédiaire entre le sensible et l’intelligible.
Dorenavant, l’espace n’est plus l’ensemble nebuleux parcouru par Ulysse,
l’étendue plate entre le Ciel et les Enfers, mais une forme distincte et articulée, que
l’on peut mesurer, décrire et représenter. Les bases d’une véritable science
géographique ont été fondées.
Fiche B. Corinthe archaïque et classique
Corinthe (Korinthos en grec) est mentionnée déjà dans l’Iliade, sous le nom
d’Ephyre. Cette cité doit son importance à sa position stratégique sur l’Isthme
homonyme, qui domine deux espaces maritimes (l’un égéen, l’aure ionien) ainsi que
les routes d’accès entre le Péloponnèse et le continent. Ce carrefour est essentiel pour
le passage des marchandises, grâce à la présence d’une route de halage, dallée, le
diolkos, que les sources anciennes (tel Strabon) décrivent comme une route dallée
reliant les deux ports de la cité, dénommés respectivement Lechaion l’ouest) et
Kenchrai (à l’est). Cette voie dallée aurait été empruntée par Octavien (le futur
Auguste) à la poursuite d’Antoine et de Cléopâtre après la bataille d’Actium).
De 747 à 657 av.J.-C. Corinthe a été gouvernée par la dynastie des Bacchiades,
un ensemble de familles aristocratiques qui constituent un clan oligarchique. La
cohésion de ce groupe se fondait sur des origines mythiques communes ; tous les
Bacchiades seraient les descendants d’un héros, Héraklès, et de Bacchis, premier roi
de Corinthe, peut-être autour de 900 av.J.-C. Un autre fort moyen de cohésion était,
selon les sources, l’endogamie, largement pratiquée par ce groupe aristocratique. Les
Bacchiades sont censés avoir fondé les bases de la richesse de Corinthe grâce au
développement du commerce maritime et des productions artisanales, notamment de
la poterie fine et des parfums. C’est aussi le début de la thalassocratie corinthienne,
évoquée par Thucydide ; Ameinoclès, le premier armateur grec connu, aurait même
construit des navires por Samos en 704 av.J.-C.
L’oligarchie bacchiade fut renversée par Kypsélos, fils lui-même d’une femme
Bacchiade et d’un étranger au clan : Kypsélos s’autoproclama tyran et fonda la
dynastie des Kypsélides. Selon plusieurs auteurs anciens (Strabon, Diodore de
Sicile), l’avènement de Kypsélos eut, parmi ses conséquences, l’exil en Occident de
quelques membre de cette famille, tel l’aristocrate Démarate. Malgré ces
changemens, la politique pratiquée par les Cypséides eut plusieurs points communs
avec les orientations des Bacchiades, tels l’encouragement de l’artisanat ou la
continuation du processus de colonisation. Cypsélos regna entre 657 et 625 environ,
son fils Périandre lui succéda de 625 à 585 av. J.-C. Ce dernier incarne dans les
source anciennes le prototype du tyran inexorable, voué à la cruauté et aux excès,
dans des récits les inventions légendaires s’entrêmelent aux informations fiables.
Sous Périandre, la production de la poterie corinthienne put atteindre son apogée, des
nombreux bâtiments publics importants, tels le temple d’Apollon et la fontaine
Priène furent réalisés et le diolkos sur l‘Isthme fut définitivement amenagé.
Psammétique, neveu de Périandre, lui succéda mais fut bientôt renversé (582 av. J.-
C.) et une régime oligarchique prit le pouvoir à Corinthe. Cette oligarchie sut
entretenir au départ des relations amicales entre Sparte et Athènes ; c’est ainsi qu’une
assemblée panhellénique, décisive pour ledéroulement de la deuxième guerre
médique, put se tenir à l’Isthme de Corinthe en 481 avJ.)C. Mais, face à la montée de
l’impérialisme d’Athènes, les relations entre les deux cités se détériorent
progressivement et la rupture se manifeste autour de 430 av.J.-C. avec les différends
relatifs à deux colonies corinthiennes, Corinthe et Potidée. Cette dernière colonie,
située en Egée septentrionale, était membre de l’alliance fondée par Athènes en 478
av.J.-C., la Ligue de Délos, mais se volta en 432 av.J.-C. La révolte fut matée par
Athènes en 430 av.J.-C. ; cet épisode fut l’un des déclancheur de la guerre du
Peloponnèse (431-404 av.J.-C.) entre Athènes et Sparte et leurs alliées respectifs.
Dans cette longue guerre, Corinthe se rangéa à côté de Sparte et devint l’une des
membres principaux de la Ligue du Péloponnèse ; elle apporta son soutien militaire à
sa colonie Syracuse lors de l’expédition athénienne de 415-413 av.J.-C. Mais
quelques ans après la fin de la geurre, suite à la brutalité de l’hégémonie spartiate,
ces alliances se renversent. Entre 395 et 386 av.J.-C. un conflit, dit ‘guerre de
Corinthe’, éclate ; Corinthe rejoint Athènes, Argos et la Béotie pour lutter contre les
abuses de Sparte ; la guerre se termine par un compromis dit « Paix duRoi » ou
d’Antalkidas.
En 356 av.J.-C., lorsque le roi Philippe II de Macédoine entâme sa conquête de la
Grèce, Corinthe se range à côté d’Athènes pour s’opposer militairement au roi
macédonien. Après la victoire cisive de Philippe à Chéronée (en Béotie), en 338
av.J.)C., c’est à Corinthe que Philippe II convoque une asseùblée de cités grecques
pour fonder une nouvelle confédération sous contrôle macédonien. Dans la période
trouble qui marqua la succession à Alexandre, Corinthe joua encore un rôle
important, puisqu’elle fut l’un des bastions de la confédération achéenne, fondée en
280 av.J-C., composée des cités grecques du Péloponnèse qui se détachèrent de la
soumission à la Macédoine. Cette confédération rentra suvent en conflit avec Rome,
lorsqu’elle entama sa conquête de l’Illyrie et de la Grèce. Corinthe, devenue siège de
la Confédération, fut conquise et devatée par le consul romain Memmius en 146
av.J.-C. ; cet épisode marqua une étape décisive, matérielle et symbolique à la fois,
pour la capitulation de la Grèce face à Rome.
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