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1.2.4. CONDITIONS POUR EFFECTUER UNE TENOLYSE
Il est préférable de réaliser une ténolyse des fléchisseurs chez un patient ayant
récupéré une bonne flexion passive du doigt, sous peine d’un échec de l’intervention.
La rééducation, comportant mobilisations et orthèses dynamiques, doit être poursuivie
jusqu’à l’intervention afin d’entretenir ou de récupérer la mobilité passive. La ténolyse
est réalisée lorsqu’aucun progrès fonctionnel n’est constaté après une période de
4 à 6 semaines de rééducation quotidienne et d’appareillage adapté [7, 8].Toutefois, s’il
persiste une raideur articulaire, un geste d’arthrolyse associée peut être envisagé. Un
délai minimum de 3 mois est nécessaire au décours d’une chirurgie tendineuse primaire
avant d’envisager un geste de ténolyse. Ce délai est de 6 mois après greffe tendineuse
ou après guérison d’un phlegmon des gaines et de 18 mois après le début d’une algo-
dystrophie. L’état trophique cutané, en particulier palmaire, la vascularisation et
l’innervation du doigt sont également pris en compte. La motivation et la coopération
du patient doivent être certaines car il devra parfaitement collaborer après l’interven-
tion pour suivre une rééducation longue et difficile, indispensable au succès de la
ténolyse. Ceci implique un véritable contrat de soin avec le patient qui doit être averti
en préopératoire des contraintes du traitement [8].
1.2.5. TECHNIQUE CHIRURGICALE [8, 9, 10]
L’intervention est réalisée habituellement sous anesthésie locorégionale par bloc
plexique et avec garrot pneumatique. Au niveau digital, la voie d’abord est dorso-
latérale ou palmaire en zigzag de type Bruner [8]. Les tendons fléchisseurs superficiels
et profonds sont libérés et individualisés progressivement en étant le plus atraumatique
possible. La ténolyse entraîne une dévascularisation et donc une fragilisation des
tendons. Le geste est techniquement plus difficile au niveau du canal digital. Il faut
conserver le plus grand nombre de poulies, au minimum A2 et A4 dont le rôle bioméca-
nique est essentiel. Elles peuvent être reconstruites, à l’aide d’un transplant libre de
petit palmaire, avec un montage suffisamment solide pour permettre une mobilisation
immédiate. Si, en fin d’intervention, il persiste un déficit d’extension de l’articulation
interphalangienne proximale (IPP), une arthrolyse avec libération des freins de la
plaque palmaire est réalisée dans le même temps opératoire. Lorsque la ténolyse est
terminée, le libre jeu des tendons fléchisseurs est systématiquement vérifié en deman-
dant au patient une flexion active des doigts (bloc sensitif pur), après la levée du garrot
pneumatique pour supprimer la paralysie due à l’ischémie musculaire [8, 9], ou en
réalisant une traction sur le tendon grâce à une courte incision au quart inférieur de
l’avant-bras. Certains auteurs effectuent ce geste en fin d’intervention pour laisser les
doigts fléchis dans le pansement afin que les premières adhérences, inéluctables, se
forment en flexion [11] Ainsi, à l’ouverture du pansement, 48 à 72 heures plus tard, les
adhérences pourront facilement céder en demandant au patient de réaliser une
extension active des doigts. Si, elle est incomplète, une extension passive douce sera
réalisée par le chirurgien. Les mêmes auteurs mettent en place, en fin d’intervention, un
ou deux cathéters à proximité des troncs nerveux intéressant le ou les doigts ténolysés.
Une injection d’anesthésique local de longue durée est réalisée en fin d’intervention
pour améliorer le confort postopératoire, puis une deuxième injection au moment de
l’ouverture du pansement et de la première séance de kinésithérapie. Le cathéter peut le
plus souvent être retiré après cette deuxième injection [11].
1.2.6. REEDUCATION POSTOPERATOIRE
Afin de limiter la constitution de nouvelles adhérences, la rééducation doit débuter
le jour même ou le lendemain de l’intervention.