Encourager les enfants à changer de style de vie – quelques

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Les choix alimentaires et l’activité physique jouent un rôle central
dans la détermination du poids et la répartition des réserves lipi-
diques. Pourtant, à l’heure actuelle, les parents sont confrontés à
un combat de plus en plus intense contre le marketing omniprésent
et efficace encourageant leurs enfants à consommer des aliments
préparés et des boissons riches en sucres, en graisses et en sel et
pauvres en nutriments essentiels et en vitamines. Les programmes
télévisés, les films et les sites Internet destinés aux enfants jouent
un double rôle dans la promotion de l’obésité chez les jeunes, en
diffusant des publicités pour ces produits potentiellement néfastes
et en encourageant un comportement sédentaire qui favorise le
développement d’une génération de léphages et de sourisards. Le
résultat est une hausse dramatique et constante de l’incidence des
conditions chroniques non transmissibles, dont le diabète de type 2
et certains cancers, chez des personnes de plus en plus jeunes.
Soutien et isolement
Les troubles de l’alimentation manger trop ou trop peu sont
souvent liés à des problèmes d’estime de soi. Pour se protéger de
comportements autodestructeurs – suralimentation, hyperphagie
boulimique, sous-alimentation liée à l’anorexie il est essentiel
que les jeunes s’acceptent quelle que soit leur corpulence. Les
parents doivent jouer un rôle clé en motivant les enfants, en
promouvant une bonne estime de soi tout en laissant le jeune
exprimer ses angoisses par rapport à son poids. Pour éviter
l’isolement et l’éventuelle marginalisation de l’enfant en surpoids,
l’accent doit être mis sur une modification progressive du style de
Souvent, le surpoids et l’obési
chez l’enfant constituent un
rieux avertissement pour la san future :
si aucune mesure nest prise, un enfant en
surpoids ou obèse deviendra probablement
un adulte en surpoids ou obèse atteint dune
rie de problèmes de san chroniques, dont
le diabète de type 2. En fait, la prévalence
des conditions liées à losi, notamment
le syndrome métabolique un facteur de
risque puissant de troubles cardiovasculaires
ne cesse daugmenter parmi les enfants
à travers le monde. Le problème du poids
devrait absolument être trai s lenfance,
non par souci de laspect esthétique, mais pour
protéger la santé et le bien-être présents et
futurs. Viviana Viviant nous psente quelques
stratégies pratiques destinées aux parents et
aux prestataires de soins visant à promouvoir
un style de vie sain dès le plus jeune âge.
Encourager les enfants à
changer de style de vie
quelques stratégies utiles
Viviana Viviant
Décembre 2007 | Volume 52 | Numéro 4
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vie, qui doit être adoptée par l’ensemble
de la famille.
Une activité physique régulière, combinée
à une alimentation équilibrée est la clé d’un
poids sain. Les enfants doivent être motivés
et stimulés par leur environnement familial à
pratiquer une activité physique. Voici quel-
ques exemples de stratégies simples mais
efficaces pour promouvoir une plus grande
activité physique chez les enfants.
Les parents doivent jouer
un rôle clé en encourageant
une bonne estime de soi.
Rôles positifs
Le comportement humain est presque entiè-
rement acquis puisque, dans une certaine
mesure, les enfants calquent leur comporte-
ment sur celui de leurs parents. Les jeunes
dont les parents sont physiquement actifs
sont plus susceptibles d’avoir un style de
vie actif tout au long de leur vie adulte
que les enfants de parents sédentaires.
Pendant les périodes de loisirs, les parents
devraient organiser des activités agréables
pour toute la famille, si possible en pleine
nature. En outre, il est possible d’inculquer
indirectement un comportement actif dans
la vie quotidienne des enfants en prenant
les escaliers au lieu des escalators ou de
l’ascenseur ou en privilégiant le vélo plutôt
que la voiture ou le bus.
Un comportement alimentaire sain appris
dès le plus jeune âge, à l’instar d’un style
Les enfants doivent être mis
en contact avec un large
éventail de fruits, de légumes
et d’autres aliments.
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de vie physiquement actif, sera probablement consertout au
long de l’âge adulte. Les bases de l’apprentissage d’une prise en
charge autonome responsable sont posées via le développement
d’une relation saine avec la nourriture.
Les enfants ne devraient jamais
suivre de régimes stricts sauf pour
des raisons purement médicales.
Les parents doivent apprendre à respecter et à suivre les signes
qui font qu’un enfant veut continuer à manger ou arrêter de man-
ger sans pression externe. Les enfants sont capables de réguler
leur apport alimentaire de façon assez précise. Par exemple,
les mécanismes internes d’un enfant, après un repas copieux à
midi, répondront par un degré de faim plus faible au repas du
soir. Le nourrir de force, même avec les meilleures intentions, sera
probablement inutile et pourrait contribuer à altérer les relations
avec la nourriture et s’avérer contreproductif.
Réduire l’apport alimentaire sans interdictions strictes
L’apport en graisses des enfants de moins de trois ans, dont le sys-
tème nerveux est en cours de développement, ne doit pas être limité.
Mais réduire les graisses alimentaires animales chez les enfants
de plus de trois ans est un moyen efficace de diminuer l’apport en
calories sans limiter les autres nutriments. L’accent doit être mis sur
des produits laitiers demi-écrémés, pauvres en graisses, des viandes
maigres préparées sans graisse, en évitant les aliments frits, les
produits traités à base de viande (charcuterie) et les sauces riches
en graisses (et souvent en sucres) comme la mayonnaise.
Les enfants ne devraient jamais suivre de régimes stricts pour perdre
du poids sauf pour des raisons purement médicales. Toutefois,
les aliments pauvres en nutriments essentiels et riches en calories
doivent être consommés plus modérément. Il peut s’avérer utile
de qualifier les aliments de plus ou moins ‘appropriés’.
Refuser de la nourriture à un enfant à titre de punition peut géné-
rer un sentiment d’angoisse. La détresse d’un enfant envoyé au
lit sans souper, par exemple, peut provoquer un comportement
alimentaire dissimulé, l’enfant profitera de toutes les occasions
pour s’empiffrer. De la même façon, récompenser un enfant avec
des bonbons peut lui donner l’impression qu’il s’agit d’aliments
plus importants que les autres. Les enfants reçoivent des messages
nutritionnels déroutants et finalement équivoques lorsque les parents
leur promettent un dessert s’ils finissent leurs légumes.
Apprendre à manger
Il est important de proposer une sélection d’aliments plutôt que
d’imposer un choix. Tout en respectant le budget de chaque famille,
les parents doivent essayer de s’assurer que l’enfant est en contact
avec un large assortiment de fruits, de légumes et d’autres aliments.
Cela permet à l’enfant d’accepter comme règle générale qu’une
alimentation équilibrée est constituée d’un éventail d’aliments,
ce qui lui permettra d’adopter un comportement nutritionnel sain
dans sa vie d’adulte.
Dans la mesure du possible, les repas doivent être pris en famille.
Des associations positives se créent avec la nourriture lorsque le
moment du repas offre l’occasion de partager les événements de
la journée dans une ambiance calme, sécurisante et dépourvue
d’anxiété. Si les repas sont des moments désagréables et stressants
ou servent juste à satisfaire des besoins purement physiologiques,
l’enfant apprendra à manger le plus vite possible sans apprécier
la nourriture. Il faut peut-être rappeler à certains parents que le
processus de digestion commence dans la bouche : la salive,
en plus d’humidifier les aliments pour aider à former un bolus,
contient l’enzyme amylase qui décompose les amidons ; en
outre, les glandes salivaires sécrètent un enzyme qui déclenche
la digestion des graisses. Les repas doivent idéalement durer
environ 20 minutes.
Le fait de prendre un petit déjeuner
tous les jours est inversement associé
à l’obésité et au diabète de type 2.
Planifier la journée
De nombreuses données scientifiques suggèrent que le fait de
prendre un petit déjeuner chaque jour est inversement associé à
l’obésité et aux conditions chroniques associées, dont le diabète de
type 2.
1
Le petit déjeuner régule la faim tout au long de la journée
et, comme tous les repas, il ne doit pas être négligé. Prendre des
repas irréguliers et copieux perturbe les besoins naturels et peut
contribuer au développement du surpoids.
Des en-cas peuvent être prévus dans le cadre d’un apport ali-
mentaire quotidien équilibré. En fait, consommer des barres de
céréales, des yogourts, des fruits ou des fruits secs constitue pour
les enfants une façon agréable et nutritive de combattre les petits
creux pendant la journée. Comme pour l’activité physique, les
enfants ont besoin que les adultes montrent le bon exemple ; ils
calqueront leur comportement nutritionnel sur celui des adultes.
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Les parents doivent en être conscients lorsqu’ils choisissent pour
eux-mêmes des en-cas ou n’importe quel autre aliment.
Faire les courses ou préparer le repas sont aussi l’occasion de
transmettre des messages essentiels sur une alimentation saine, à
savoir les bienfaits d’un repas préparé à la maison. De plus, les
enfants sont plus enclins à goûter des aliments différents lorsqu’ils
ont été impliqués dans leur choix et leur préparation.
Les bienfaits pour la santé notamment la réduction du risque
d’obésité de la consommation quotidienne de fruits et de légumes
ont fait l’objet de nombreuses publications.
2
Pourtant les légumes
verts et certains fruits figurent parmi les aliments les plus souvent
rejetés par les enfants. En moyenne, il semble que les enfants ont
besoin d’être exposés 10 fois à un aliment avant de l’accepter.
Il faut que les parents le sachent pour réduire leur angoisse par
rapport à la nutrition de leur enfant. Un certain nombre de stra-
tégies peuvent être mises en œuvre pour encourager et faciliter
la consommation régulière de fruits et de légumes.
Assurer une combinaison de couleurs
sur l’assiette peut encourager les
enfants à manger des légumes.
Stimulation visuelle
La couleur et la présentation des aliments et des boissons revêtent
une importance majeure en termes d’acceptation et de plaisir.
Même des œnologues expérimentés peuvent être amenés à
confondre un vin blanc et un vin rouge si on leur bande les yeux ;
des teintures artificielles et des emballages colorés sont utilisés
pour rendre les aliments préparés attrayants pour les adultes et
les enfants. Les parents doivent en tenir compte lorsqu’ils tentent
d’encourager leur enfant à manger des légumes. Ils peuvent les
rendre plus attrayants en veillant à combiner les couleurs sur
l’assiette, par exemple, et pour les petits en découpant les légu-
mes ou les fruits en forme de lettres, de visage, d’animaux, etc.
Les portions sont également importantes. Devant une quantité de
nourriture supérieure à la capacité de son estomac, il est probable
que l’enfant n’essaiera même pas de manger.
Si les efforts destinés à aider l’enfant à atteindre un poids sain à
travers le type de stratégies décrites ci-dessus s’avèrent ineffica-
ces, les parents doivent être encouragés à consulter un pédiatre
et/ou un nutritionniste. Grâce au soutien et aux conseils d’un
professionnel, un programme complet peut être élaboré impliquant
Viviana Viviant
Viviana Viviant est nutritionniste spécialisée dans le traitement
des troubles liés à l’obésité. Elle est co-directrice du magazine
Diabetes
(
Asociación de Protección al Diabético
, Argentine)
et consultante permanente pour le programme
5 a Day
’.
Site web d’informations
Pour obtenir plus d’informations et de conseils dans le domaine de la
nutrition (en espagnol), visitez le site www.nutricionyvidasana.com.ar
Références
1 Timlin MT, Pereira MA. Breakfast frequency and quality in the etiology
of adult obesity and chronic diseases. Nutr Rev 2007; 65: 268-81.
2 World Health Organization. Fruit and vegetables for health. World Health
Organization. Kobe, 2004.
tous les membres de la famille. Une fois le rythme de croissance
revenu dans une fourchette normale, un soutien sera nécessaire
pour établir et suivre un programme permettant de maintenir ce
développement à long terme.
Conclusion
Prévenir le diabète de type 2 chez les jeunes est inextricablement
lié à la sensibilisation à un style de vie sain notamment à l’activité
physique et à la nutrition – chez les enfants et les parents. Étant
donné que les comportements néfastes trouvent leur origine dans
la société, face à l’étendue de l’urbanisation et du sédentarisme
associé et la consommation accrue d’aliments préparés, l’éducation
au style de vie constitue une stratégie de prévention essentielle
pour les familles, partout dans le monde.
La période de l’enfance représente une opportunité unique de
développer des attitudes et un comportement sains et d’intégrer na-
turellement ceux-ci à leur vie d’adulte. Des enfants sains deviennent
invariablement des adultes sains. L’acquisition de connaissances
sur le style de vie est donc un investissement rentable pour la
santé et le bien-être.
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