QUESTIONS POUR UN CHAMPION EN REANIMATION 455
5. HYPOPERFUSION PERIPHERIQUE SECONDAIRE A UN TROUBLE
HEMODYNAMIQUE CONVECTIF
5.1. HYPOVOLEMIE
Même en post-CEC, l’hypovolémie est la cause la plus fréquente d’ICA
5.1.1 DIAGNOSTIC D’HYPOVOLEMIE
Il est facile quand l’hypoperfusion périphérique est associée à des pressions de rem-
plissage basses : PVC < 7 mmHg et/ou (PAPO ≤12 mmHg). La conduite à tenir face à
cette situation est simple et repose sur une expansion volémique adaptée. Le choix du
soluté de remplissage dépasse le cadre de cet exposé. En fonction du type d’interven-
tion et du terrain, le taux d’hémoglobine est maintenu entre 80 et 100 g.L-1.
5.1.2. RECONNAITRE UNE HYPOVOLEMIE
C’est peut-être beaucoup plus difficile quand elle survient sur un cœur avec altéra-
tion de la fonction diastolique du VG et ce, d’autant qu’il existe une tachycardie
éventuellement majorée par une prescription inappropriée d’agents adrénergiques. Dans
ces conditions la PAPO surestime la PTDVG même en l’absence de pathologie mitrale.
La PTDVG n’est plus corrélée à la pré-charge du VG du fait du trouble de la com-
pliance du VG. Le tableau réalisé est trompeur : une authentique hypovolémie est
responsable d’un bas-débit cardiaque avec pressions de remplissage élevées
(PAPO ≥18 mmHg). Le danger majeur est de rapporter ce profil hémodynamique à un
défaut de contractilité du myocarde. La prescription d’agents inotropes positifs ne fe-
rait qu’aggraver le tableau clinique.
En post-CEC, ce type de dysfonction survient dans un contexte d’hypertrophie du
VG concentrique qui s’inscrit 2 fois sur 3 dans le cadre d’un rétrécissement aortique
serré, dans le cadre d’une cardiopathie hypertensive pour le dernier tiers. Seule l’écho-
cardiographie permet de faire le diagnostic [3, 12, 17]. Dans 100 % des cas, une
oblitération télésystolique de la cavité du VG témoigne d’une fonction systolique
«supranormale». Dans près de 50 % des cas, il existe une accélération intraventriculai-
re du flux éjectionnel avec un gradient de pression intra VG. Au maximum un SAM
(systolic antérior motion) avec insuffisance mitrale méso-systolique peut-être observé.
Parallèlement la surface télédiastolique du VG est basse, inférieure en règle à 5 cm
-2
.m
-2.
Ces dimensions du VG réduites en dépit de pression de remplissage élevées témoignent
de la sévérité de l’altération de la fonction diastolique. Elle survient sur une altération
préexistante de la compliance du VG décompensée en post-CEC. Cette décompensa-
tion s’explique par la surimposition de lésions d’ischémie-reperfusion liées au clampage
aortique. Ces phénomènes peuvent être majorés par le développement d’une ischémie
diffuse sous-endocardique en condition de tachycardie et d’hyperadrénergie. En effet,
l’hypertrophie concentrique du VG s’accompagne d’une réduction sévère de la réserve
coronaire même en l’absence de toute lésion coronaire focale.
En l’absence d’études contrôlées, les recommandations thérapeutiques en cas de
défaillance aiguë de nature diastolique en post-CEC sont essentiellement centrées sur
ce qu’il est impératif d’éviter. Les traitements par agents adrénergiques sont contre-
indiqués et doivent être interrompus. De même, les traitements amenant une réduction
du retour veineux ou de la post-charge doivent être évités. Il est fondamental d’assurer
un remplissage du VG correct en rétablissant un gradient de pression transmitral. Ceci
impose le maintien de pressions de remplissage élévées. La perte de la fonction auricu-
laire (fibrillation auriculaire, rythme nodal) doit être immédiatement corrigée par des
moyens non pharmacologiques (choc électrique externe, entraînement electro-systoli-
que ventriculaire au mieux séquentiel auriculo-ventriculaire). Enfin si la tachycardie