Pathologie des caprins : l’ecthyma contagieux
L’ecthyma touche essentiellement les chevreaux, plus rarement les animaux adultes. Cette affection, souvent
impressionnante, est cependant bénigne et sans conséquence dans la grande majorité des cas.
Quelle est l’origine de l’ecthyma ?
L’ecthyma est dû à un virus de la famille des Poxviridae (genre Parapoxvirus, il s’agit donc d’un cousin du virus
responsable de la myxomatose). Ce virus présente deux propriétés essentielles : il est très contagieux et très résistant au
froid comme à la chaleur sèche. Il peut donc persister pendant plusieurs années dans le milieu extérieur.
Le virus touche principalement les petits ruminants (les caprins y étant plus sensibles que les ovins) mais aussi les bovidés,
les équidés, les porcs, les canidés ainsi que certains ongulés sauvages : cerfs, antilopes, élans, caribous, chameaux... Les
primates, y compris l’homme, y sont également sensibles.
Comment les animaux se contaminent‐ils ?
La contamination se fait essentiellement par pénétration du virus dans des blessures de toute petite taille, imperceptibles à l’oeil nu. Les premières lésions se trouvent
généralement sur les zones de peau non protégées par des poils : lèvres, mamelles, pieds…
La période d’incubation est de 3 jours à une semaine.
Le stress et une densité animale élevée semblent être des facteurs favorisants.
Quels sont les symptômes ?
La maladie commence par l’apparition d’une vésicule, qui se transforme en pustule remplie de liquide. Une croûte épaisse se forme ensuite. Les croûtes ainsi que le pus et le
liquide vésiculeux étant très riches en virus, les lésions prolifèrent rapidement.
> Chez les chevreaux : les lésions, en forme de verrues ou de petits champignons, sont localisées au niveau des lèvres principalement (quelquefois dans la bouche ou sur les
gencives). Les chevreaux se contaminent par le biais des tétines, ou directement par contact de museau à museau.
> Chez les adultes : les lésions prennent la forme de croûtes ou de lésions suintantes. Elles sont localisées dans les espaces interdigités, au niveau des mamelles chez les femelles
ou du scrotum chez les mâles. La contamination se fait essentiellement par le biais des manchons trayeurs au moment de la traite, mais aussi par les cornadis, des prairies souillées
ou de la litière contaminée.
Il existe d’autres formes atypiques, rencontrées très occasionnellement :
La forme papillomateuse, avec des lésions en forme de chou‐fleur sur les oreilles, la face, le chanfrein. La guérison se fait en deux mois sans laisser de séquelles.
Des formes très sévères entraînant une forte mortalité, associant aux lésions locales une pneumonie avec jetage (écoulement nasal) mucopurulent et une gastro‐entérite
plus ou moins sévère.
La confirmation de l’infection se fait par la mise en évidence du virus à partir des croûtes par microscopie électronique.
Comment la maladie évolue‐t‐elle ?
En l’absence de surinfection, l’évolution est rapidement favorable chez les jeunes : ils s’immunisent et les lésions disparaissent en 2 ou 3 semaines, sans laisser de cicatrice.
Chez les adultes, la guérison est plus longue à obtenir, surtout si les lésions sont situées au niveau de la mamelle, chaque traite provoquant des micro‐agressions de la peau.
En cas de surinfection, le plus souvent due à un Staphylocoque, l’évolution est défavorable. Les pustules se transforment en ulcères. Les jeunes atteints au niveau des
lèvres ont des difficultés pour boire et manger. Ils présentent fréquemment des diarrhées et des retards de croissance. La déshydratation peut conduire à la mort. Chez les
adultes, les plaies suintantes et sanguinolentes au niveau des trayons entraînent rétention de lait et mammites.
Peut‐on soigner l’ecthyma ?
Non, il n’existe pas de traitement de l’ecthyma.
Il semblerait que l’immunité acquise après contamination puisse persister pendant plus de 6 mois. Cependant cette immunité reste locale : une
infection buccale ne protège pas d’une atteinte mammaire ultérieure et inversement. L’immunité colostrale ne semble guère efficace.
En cas d’apparition de lésions dans un effectif important, il est nécessaire de séparer les individus sains et les individus malades.
Et peut‐on prévenir l’apparition de cette affection ?
Deux types de mesures préventives peuvent être prises :
> Chez les animaux
La meilleure prévention repose sur l’utilisation locale de désinfectants et d’antibiotiques sur les lésions débutantes pour éviter les surinfections.
Sur les lésions des jeunes et sur les lésions des adultes autres que sur les mamelles, on utilisera des sprays à base de violet de gentiane ou
de tétracyclines ou des solutions iodées (selon les conseils de votre vétérinaire).
Sur les mamelles des adultes, on utilisera des produits de trempage des trayons iodés. Quelques antibiotiques sont utilisables en pulvérisation sur les trayons.
Il existe un vaccin contre l’ecthyma. Le protocole est une injection aux femelles gestantes, un mois avant la mise bas, suivie de rappels annuels. Mais attention, ce vaccin est à
base de virus vivants, il convient de respecter deux précautions essentielles :
Ne pas vacciner les animaux en milieu indemne : le virus étant vivant, le risque est grand de faire apparaître la maladie là où elle n’était pas auparavant !
Ne pas vacciner après l’apparition des symptômes : cela risque de les aggraver !
> Dans le milieu extérieur
Le virus étant résistant dans le milieu extérieur, pour éviter la transmission de la maladie et les recontaminations, un chaulage est nécessaire. On dépose de la chaux sur la pâture
et dans tous les locaux utilisés par les animaux (les caprins sont parqués ailleurs pendant l’opération) ; la chaux est ensuite rincée pour éviter toute brûlure des membres.
Quel est le risque pour l’Homme ?
L’Homme est sensible aux Parapoxvirus et se contamine au contact d’animaux malades. On observe des lésions cutanées, semblables à celles des animaux, qui disparaissent en 3 à 6
semaines, sans laisser de cicatrice. L’infection peut également se manifester sous la forme d’une hypertrophie des ganglions lymphatiques, qui deviennent alors douloureux.
La maladie est connue chez l'homme sous le nom de maladie d'Orf.
A retenir
Le virus de l’ecthyma est ubiquiste et très résistant.
Les jeunes sont les plus souvent atteints.
La forme cutanée (mamelles, lèvres, pieds) est la plus fréquente. La forme buccale est très invalidante.
Il n’existe pas de traitement. L’utilisation de désinfectants et d’antibiotiques permet de réduire les risques de surinfection.
Le vaccin ne s’emploie qu’en milieu infecté ou à risque, jamais en milieu sain.
L’ecthyma est une zoonose : l’Homme peut être infecté par le virus.