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Vendredi 21 mars 2014
îles
La Dépêche
des
L
epoisson le plus touché
par la bactérie, du fait de
l’importance des élevages,
estleplatax orbicularis, plus
connu sous le nom polynésien
parapeue.
Le taux de mortalité
s’estrévélé ces derniersmois
en forteaugmentation causé,
selon les chercheurs, par l’ex-
plosion d’une bactérie présente
dans ces poissons grossis en
milieu artificiel.
“L’objectif de
ces recherches consiste donc à
déterminer si, en utilisant des
plantes locales en enrobagede
la nourriture de poissons d’aqua-
culture, les professionnels pour-
raient lutter contre cettebactérie
quiserévèle dramatique pour
la survie des poissons d’élevage”
,
explique Pierre Sasal, directeur
de thèse.
Cettebactérie té révélée par
l’Institut français de recherche
pour l’exploitation de la mer
(Ifremer) et la Direction des res-
sources marines et minières
(Diremm) au traversdes élevages
des
parapeue
,lepoisson d’aqua-
culture en Polynésie française,
très présent sur le marchélocal
destiné àlaconsommation. Après
analyse, ces bactéries explose-
raient suiteaustress causé par
la remise en milieu naturel,
après leur séjour de grossisse-
ment en bassins expérimentaux
destinés àlareproduction arti-
ficielle. Cetteexplosion des bac-
téries engendre un taux impor-
tant de mortalité.
Miriam Reverter,qui étudie les
parasites des poissons en milieu
tropical, explique sa méthodo-
logie d’enrichissement de la
nourriture:
“Il yades plantes
locales quisont connues pour
avoir des propriétés antibacté-
riennes et antiparasitaires. L’idée
serait donc d’utiliser ces plantes
en aquaculture pour arriver à
mobiliser le système immunitaire
des poissons contre ces patho-
gènes. Le principe estsimple :
utiliser la nourriture dont se ser-
vent les aquaculteurspour nour-
rir leurspoissons, nous faisons
un enrobagedecettenourriture
avec de l’huile de foie de morue
et la planteque nous souhaitons
tester”
.
Tamanu, gingembre,
noni...
Les plantes utilisées par Miriam
Reverter sont le
tamanu
(avec
son huile), le gingembre, le
noni
,
le
rea tahiti
et l’ail, cettedernière
étant la seule plantedite“étran-
gère”. Sur le terrain, cela se
passe de la façon suivante: les
poissons grossis en cageàl’Ifre-
mer sont exportés sur Moorea
àdestination des bacs du Centre
de rechercheinsulaire et obser-
vatoire de l'environnement
(Criobe).
Là, Myriam Reverter,sous le
contrôle de son directeur de
thèse Pierre Sasal, alimenteune
partie des poissons avec de la
nourriture ditenormale, et une
autre avec la nourriture enrichie
en produit naturel. Au bout de
vingt joursdegrossissement,
lespoissons sont placés dans
de l’eau àhauteconcentration
de bactéries pour une durée n’ex-
cédant pas deux heures avant
d’être remis dans leur bac d’ori-
gine. Au bout de trois jours, des
prélèvements sont faits sur les
poissons par le biais d’une ana-
lysedesang prélevé avec une
seringue.
“Notre objectif estde
déterminer le niveau d’immunité
des poissons nourris selon tel
ou telprocédé.”
Il yaunandes
recherches avaient été menées
par une étudianteenthèse vété-
rinaire sur la capacité des pois-
sons àmanger de la nourriture
enrichie. Les testsavaient révélé
que, non seulement, les poissons
mangeaient cettenourriture
enrichie, mais ils en mangeaient
en grande quantité.
Il reste àsavoir si cettenourriture
enrichie seradéterminantesur
ses capacités àinfluer sur la
survie des poissons face àcette
bactérie tueuse. Selon Pierre
Sasal, d’ici un an, les recherches
devraient aboutir àdes résultats
préliminaires sérieux avec des
données sur la survie et sur le
type de plantes le plus favorable
pour la croissance du système
immunitaire des poissons. Les
premiersrelevés sont dans tous
les cas encourageants.
K
De notre correspondant
Jeannot Rey
MOOREA-
Les plantes médicinales pour développer le système immunitaire des poissons d’élevage
Les parapeue victimes
d’une bacrie tueuse
KUn taux de mortalité
important té décelé
par l’Ifremer sur des
poissons d’élevage
tels que les
parapeue.
KUne première analyse
révélerait que cette
mortalité serait due
àlaprésence d’une bacté-
rie qui “éclaterait”
au moment de la mise
en milieu naturel des
poissons obtenus d’une
reproduction artificielle.
KUne chercheuse
catalane en thèse au
Criobtudie actuelle-
ment l’utilisation des
plantes médicinales locales
pour enrichir la nourriture
des poissons et venir
àbout de cette mortalité
inquiétante pour les
éleveurs.
En 3points
A
Après avoir bénéficié d’une nourriture enrichie naturellement, des prélèvements sanguins sont réalisés sur les poissons afin
de déterminer l’évolution de leur système immunitaire.
Les poissons utilisés pour ces recherches sont des
parapeue
(platax orbicularis), le poisson d’aquaculture en Polynésie
française, très présent sur le marché local destiné
àlaconsommation.
Miriam Reverter, origi-
naire du sud de la Cata-
logne, est étudiante en
thèse àl’École pratique
des hautes études
(EPHE) sur les parasites
des poissons en milieu
tropical.
Cette thèse poursuivie
au centre de recherche
insulaire et observatoire
de l’environnement
(Criobe) apour directeur
Pierre Sasal.
Elle est financéepar le
laboratoire d’excellence corail (Labex), par le ministère des Outre-mer avecune collaboration Ifremer
(institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) et de la direction des ressources marine
et minièreaveclacoopération des aquaculteurs de Polynésie française.
Les chercheurs
Miriam Reverter et Pierre Sasal.
Photo:Jeannot Rey/LDT
Photo:Jeannot Rey/LDT
Photo:Jeannot Rey/LDT
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