32 | La Dépêche des Vendredi 21 mars 2014 îles MOOREA - Les plantes médicinales pour développer le système immunitaire des poissons d’élevage Les parapeue victimes d’une bactérie tueuse A En 3 points K Un taux de mortalité important a été décelé par l’Ifremer sur des poissons d’élevage tels que les parapeue. K Une première analyse révélerait que cette mortalité serait due à la présence d’une bactérie qui “éclaterait” au moment de la mise en milieu naturel des poissons obtenus d’une reproduction artificielle. L e poisson le plus touché par la bactérie, du fait de l’importance des élevages, est le platax orbicularis, plus connu sous le nom polynésien parapeue. Le taux de mortalité s’est révélé ces derniers mois Photo : Jeannot Rey/LDT K Une chercheuse catalane en thèse au Criobe étudie actuellement l’utilisation des plantes médicinales locales pour enrichir la nourriture des poissons et venir à bout de cette mortalité inquiétante pour les éleveurs. en forte augmentation causé, selon les chercheurs, par l’explosion d’une bactérie présente dans ces poissons grossis en milieu artificiel. “L’objectif de ces recherches consiste donc à déterminer si, en utilisant des plantes locales en enrobage de la nourriture de poissons d’aquaculture, les professionnels pourraient lutter contre cette bactérie qui se révèle dramatique pour la survie des poissons d’élevage”, explique Pierre Sasal, directeur de thèse. Cette bactérie a été révélée par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et la Direction des ressources marines et minières (Diremm) au travers des élevages des parapeue, le poisson d’aquaculture en Polynésie française, très présent sur le marché local destiné à la consommation. Après analyse, ces bactéries exploseraient suite au stress causé par la remise en milieu naturel, après leur séjour de grossissement en bassins expérimentaux destinés à la reproduction artificielle. Cette explosion des bactéries engendre un taux important de mortalité. Miriam Reverter, qui étudie les parasites des poissons en milieu tropical, explique sa méthodologie d’enrichissement de la Après avoir bénéficié d’une nourriture enrichie naturellement, des prélèvements sanguins sont réalisés sur les poissons afin de déterminer l’évolution de leur système immunitaire. nourriture: “Il y a des plantes locales qui sont connues pour avoir des propriétés antibactériennes et antiparasitaires. L’idée serait donc d’utiliser ces plantes en aquaculture pour arriver à mobiliser le système immunitaire des poissons contre ces pathogènes. Le principe est simple : utiliser la nourriture dont se servent les aquaculteurs pour nourrir leurs poissons, nous faisons un enrobage de cette nourriture avec de l’huile de foie de morue et la plante que nous souhaitons tester”. Tamanu, gingembre, noni... ou tel procédé.” Il y a un an des recherches avaient été menées par une étudiante en thèse vétérinaire sur la capacité des poissons à manger de la nourriture enrichie. Les tests avaient révélé que, non seulement, les poissons mangeaient cette nourriture enrichie, mais ils en mangeaient en grande quantité. Il reste à savoir si cette nourriture enrichie sera déterminante sur ses capacités à influer sur la survie des poissons face à cette bactérie tueuse. Selon Pierre Sasal, d’ici un an, les recherches devraient aboutir à des résultats préliminaires sérieux avec des données sur la survie et sur le type de plantes le plus favorable pour la croissance du système immunitaire des poissons. Les premiers relevés sont dans tous les cas encourageants. K De notre correspondant Jeannot Rey Les chercheurs Miriam Reverter, originaire du sud de la Catalogne, est étudiante en thèse à l’École pratique des hautes études (EPHE) sur les parasites des poissons en milieu tropical. Cette thèse poursuivie au centre de recherche insulaire et observatoire de l’environnement (Criobe) a pour directeur Miriam Reverter et Pierre Sasal. Pierre Sasal. Elle est financée par le laboratoire d’excellence corail (Labex), par le ministère des Outre-mer avec une collaboration Ifremer (institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) et de la direction des ressources marine et minière avec la coopération des aquaculteurs de Polynésie française. Photo : Jeannot Rey/LDT Photo : Jeannot Rey/LDT Les poissons utilisés pour ces recherches sont des parapeue (platax orbicularis), le poisson d’aquaculture en Polynésie française, très présent sur le marché local destiné à la consommation. Les plantes utilisées par Miriam Reverter sont le tamanu (avec son huile), le gingembre, le noni, le rea tahiti et l’ail, cette dernière étant la seule plante dite “étrangère”. Sur le terrain, cela se passe de la façon suivante: les poissons grossis en cage à l’Ifremer sont exportés sur Moorea à destination des bacs du Centre de recherche insulaire et observatoire de l'environnement (Criobe). Là, Myriam Reverter, sous le contrôle de son directeur de thèse Pierre Sasal, alimente une partie des poissons avec de la nourriture dite normale, et une autre avec la nourriture enrichie en produit naturel. Au bout de vingt jours de grossissement, les poissons sont placés dans de l’eau à haute concentration de bactéries pour une durée n’excédant pas deux heures avant d’être remis dans leur bac d’origine. Au bout de trois jours, des prélèvements sont faits sur les poissons par le biais d’une analyse de sang prélevé avec une seringue. “Notre objectif est de déterminer le niveau d’immunité des poissons nourris selon tel