LIBELLULES ET DEMOISELLES
Classification :
Règne : Animalia -- Embranchement : Arthropoda -- Sous-embranchement : Hexapoda -- Classe : Insecta -- Ordre :
Odonata
Généralités :
Les odonates ou odonatoptères, sont un ordre d'insectes à corps allongé, dotés de deux paires d'ailes membraneuses
généralement transparentes, et dont les yeux composés et généralement volumineux leur permettent de chasser
efficacement leurs proies. Ils sont terrestres, mais se trouvent le plus fréquemment aux abords des zones d'eau douce à
saumâtre, stagnante à faiblement courante, dont ils ont besoin pour se reproduire. Certaines espèces préfèrent les rivières,
d'autres les lacs, d'autres les mares.
Le terme odonates est dérivé du grec odontos qui se réfère aux dents présentes sur les mandibules de ces insectes. L’ordre
des odonates se subdivise en 3 sous-ordres : les zygoptères qui ont des ailes identiques, les anisoptères qui ont des ailes
inégales et comporte 21 familles et plus de 5.500 espèces. Il appartient à la classe des insectes qui est la plus importante et
la plus diversifiée du monde animal en représentant environ 80% des espèces existantes sur Terre. Les odonates peuplent
chaque continent à l'exception de l'Antarctique. 87 espèces sont présentes en France métropolitaine.
Certains documents font mention du sous-ordre des anisozygoptères qui ne comprend que deux espèces, toutes deux
asiatiques, pouvant vivre à plus de 3.000 mètres d’altitude. Une espèce est himalayenne et une autre japonaise. Ce sont les
plus anciennes apparues sur Terre et toujours présentes. Dotées d’yeux et d’ailes proches de ceux des zygoptères, le reste
de leur corps est semblable à celui des anisoptères. Ce sous-ordre a été abandonné, les animaux en question ont été
regroupés parmi les anisoptères, genre Epiophlebia.
En France, les zygoptères ou demoiselles (ailes identiques) représentent un tiers des 87 espèces d'odonates, et les
anisoptères ou libellules (ailes inégales) deux tiers.
Origine :
Il y a 325 millions d’années, au Carbonifère, apparaissent les premiers insectes ailés connus dont les libellules. Elles
portaient six ailes - au lieu de quatre aujourd’hui - et des pattes puissantes projetées vers l’avant. Les libellules du
Carbonifère se divisent en deux grands types : les Protodonata, et les Protozygoptera.
- Les Protodonata sont des libellules au sein desquelles on trouve des espèces de très grande taille, jusqu’à 80 cm
d’envergure. Elles acquièrent progressivement la structure de la nervation des ailes des libellules modernes. Elles
disparaissent il y a 250 millions d’années.
- Les Protozygoptera, très comparables aux demoiselles modernes, s’éteignent au milieu du Crétacé, il y a 100 millions
d’années. Elles appartiennent à une lignée qui va donner naissance aux odonates modernes.
Les odonates modernes acquièrent la structure de leurs ailes dès le Jurassique, il y a 200 millions d’années, et connaissent
jusqu’au Crétacé une extraordinaire diversification des formes.
Fossiles de libellules Fossiles de larves de libellules
En langue française, le terme de libellule est en général employé au sens large pour désigner les odonates
Leur vie :
Ces insectes subissent une série de métamorphoses un peu compliquées durant leur existence, je vais commencer par un
rapide résumé de leur cycle de vie, les détails viendront au moment opportun.
La vie des libellules est fascinante car une partie de celle-ci est aquatique et l'autre aérienne. Afin de passer d'un stade à
l'autre, elles vont subir une succession de mues. En effet, elles possèdent un squelette externe, autrement dit, une
enveloppe rigide et non extensible dont il faut se séparer pour grandir : c'est le phénomène de mue. Seules les larves
possèdent cette faculté, et c'est jusqu'à 12 mues qu'elles pourront effectuer afin d'être prêtes pour l'émergence.
Mais qu'est ce que l'émergence ? Il s'agit du fait que la larve sorte de l'eau pour entamer sa métamorphose, en laissant
derrière elle son exuvie (sa dernière enveloppe larvaire). On connaît encore mal ce qui la pousse à aller sur terre, mais à
chaque fois et quelque soit l'espèce, la larve se positionne verticalement sur une tige (type roseau) et la métamorphose peut
débuter. Cette dernière dure peu de temps pour les demoiselles et, au contraire, plusieurs heures pour les grosses libellules,
type aeschne. Il faut savoir que la vie aquatique, donc larvaire, de la libellule est bien plus longue que sa vie aérienne. Ainsi
la larve vit de quelques mois à 5, plus rarement 7 ans dans l'eau, au contraire de l'adulte qui ne passe que 6 à 10 semaines
dans les airs. Durant cette courte période les immatures (venant tout juste d'émerger et n'ayant pas encore acquis les
caractéristiques des adultes) auront pour but de coloniser de nouveaux territoires, c'est la phase de dispersion. Et quant aux
adultes, ils sont chargés de la reproduction, ce sont donc eux en quelques semaines, qui assurent la perpétuité de l'espèce.
Anatomie :
Les insectes sont recouverts d'une cuticule chitineuse comme
l'ensemble des arthropodes. C'est un exosquelette qui leur sert à
limiter les pertes d'eau en milieu aérien. L’anatomie des odonates,
conforme dans ses grandes lignes à celle des autres insectes,
présente toutefois des différences qui font des ces animaux
exclusivement carnivores, de parfaites machines de chasse. Le
corps des libellules est divisé en 3 parties: tête, thorax et abdomen,
chacune étant formée de plusieurs segments.
La tête des odonates
Elle provient de la fusion ancestrale de 6 segments primitifs,
dont le premier porte les yeux, le deuxième les antennes, le
troisième le labre, le quatrième les mandibules, le cinquième
les maxilles ou mâchoires pourvues de palpes maxillaires, et le sixième le labium ou lèvre inférieure, pourvue des
palpes labiaux. Outre de simples ocelles, la tête porte des yeux composés, faits de très nombreuses facettes ou
ommatidies. Elle est très mobile se trouve sur la partie antérieure du prothorax, elle est relativement grosse par rapport
au corps.
Chez les zygoptères les deux yeux composés sont
toujours très nettement séparés. Du dessus de la tête
vers la base de la face, on observe :
- l’occiput (qui présente parfois des traits ou des taches
claires)
- le vertex pourvu de 3 ocelles disposés en triangle,
- le front avec deux antennes de 7 articles en général,
- le postclypeus,
- l'anteclypeus,
- le labre
- le labium qui cache les pièces buccales (mandibules
et maxilles).
Chez les anisoptères les yeux composés sont
particulièrement développés et se rejoignent, au moins en
un point, dans la plupart des familles. En raison de leur
grande taille, les différentes pièces se trouvent ramenées
vers l'avant, à l’exception de l'occiput (ou triangle occipital)
qui est duit à un petit triangle. Du sommet à la partie
inférieure, on observe donc : le vertex formant souvent une
protubérance, le front, le postclypéus, l'antéclypéus, le labre
et le labium. Les pièces buccales sont situées sur la partie
inférieure de la tête et sont composées de 5 parties : le labre
les mandibules, les maxilles, le labium et l’hypopharinx.
Les antennes
La situation qu'elles occupent par rapport au crâne est située sur la région supérieure du front que l'on appelle le vertex.
Les antennes, toujours par paire, sont des appendices articulés dont les dimensions et les formes varient à l'infini, d’un
insecte à l’autre. Le plus souvent, l'insecte les porte étendues horizontalement devant lui pour reconnaître le terrain ou
palper les objets qui se trouvent sur sa route. Les antennes comptent, après les yeux, comme les organes des sens les
plus importants. Des terminaisons nerveuses très compliquées indiquent la perfection de leur organisation. La fonction
de ces appendices paraît avant tout tactile, mais elle se rapporte aussi à l'ouïe et même à l'odorat.
Demoiselle Libellule
Les yeux
Les yeux des odonates sont encore inégalés tant par leur volume que par leur incroyable efficacité : sensibilité aux
mouvements, identification des formes et des couleurs, capacité d’adaptation à la distance. Le spectre des couleurs
perçues est, par rapport à l'homme, décalé vers le violet : les insectes ne voient pas le rouge lointain, mais perçoivent
une fraction ultraviolette de la lumière solaire et leur perception différentielle de l'environnement s'en ressent fortement.
Certaines fleurs nous paraissant unies peuvent être bigarrées aux yeux des insectes.
Demoiselle Libellule
En surface, chaque œil se compose de milliers de facettes hexagonales - jusqu’à
30.000 chez les plus grandes espèces - appelées ommatidies. Indépendantes les
unes des autres, elles sont reliées au ganglion optique du cerveau. Ce dernier
reconstitue une image globale à partir de milliers d’images partielles. Les plus
larges facettes, situées sur la partie supérieure de l’œil, sont plus sensibles aux
mouvements que celles situées dans la partie inférieure, chargées d’identifier
formes et couleurs. Cet équipement visuel, associé à la mobilité du cou, donne
aux libellules une vision multidirectionnelle sur 360° et leur permet de repérer une
proie immobile à 20 mètres et en mouvement à 50 mètres.
http://tpevision.chez.com/images/micr
osc2.jpgLa forme des ommatidies est
hexagonale et tubulaire, allongée en profondeur, ce qui leur permet de se
juxtaposer pour former l'œil. L'ommatidie est plus large à la surface qu'en
profondeur, ce qui donne une forme arrondie à l'œil, grâce à une position en
éventail. Seule sa partie superficielle est visible, créant cet aspect de facettes.
Une ommatidie est comparable à un œil plus "classique" comme celui de
l'homme ou de l'aigle : elle comporte une cornée, un cristallin et une région
photosensible que l'on appelle rhabdome. Elle est aussi creuse et remplie d'un
liquide translucide analogue à l'humeur vitrée. Toutes les ommatidies se
rattachent à un nerf optique pour faire parvenir au cerveau leur vision. Celui-ci
doit analyser toutes les images pour les regrouper en une seule, et cela plus
de 175 fois par seconde. (impressionnant pour un cerveau de si petite taille).
On appelle cela la vision par apposition. La taille
d'une ommatidie est minuscule, puisqu'il est possible d'en ranger près de 30.000 sur le peu de surface qu'offre l'œil
complet, à peine 4 mm² !
Trois yeux simples, ou ocelles, situés sur le front, envoient directement aux ailes
des informations sur la position relative de l’horizon, de sorte que l’insecte peut à
tout moment modifier sa position dans l’espace. Les ocelles au nombre de trois
sont placées sur le vertex, sur la partie supérieure de la tête chez les
demoiselles ou sur la face, en avant des yeux, chez les libellules.
Le thorax
Il est formé de deux parties différentes : le prothorax et le synthorax, ce dernier
étant composé du mésothorax et du métathorax fusionné. Le prothorax est un
minuscule organe qui porte la tête et lui permet de pivoter, il porte également la
paire de pattes antérieures. La partie dorsale du prothorax, appelée le pronotum,
présente souvent des motifs colorés permettant de différencier les espèces
proches. Le synthorax porte les deux paires d'ailes et les deux autres paires de pattes, médianes et postérieures.
Les pattes
Chez les odonates et d'autres insectes aquatiques, la particularité des pattes est que celles-ci sont toutes dirigées vers
l'avant, et ne servent pas au déplacement, mais permettent à l'insecte de s'accrocher sur des supports. Cette
configuration particulière permet à la libellule de capturer ses proies tout en volant. Les six pattes, robustes et
puissantes, sont armées d’épines acérées, s’imbriquant les unes dans les autres autour des proies.
Quel que soit le type d'Insectes, chaque patte est composée des
mêmes parties. C'est d'abord la hanche ou coxa (A) qui s'articule
toujours entre le sternum et les flancs dans une cavité aménagée. A la
hanche s'attache le trochanter (B). La troisième partie de la patte, le
fémur, toujours allongée et robuste (C). A lui s'articule le tibia (D) dont
les bords sont armés d'épines disposées par séries et dont l'extrémité
inférieure est ordinairement munie d'éperons (E) simples, composés et
en nombre dépassant rarement deux. La dernière division de la patte
est appelée tarse (F); c'est la seule qui soit composée de plusieurs
articles dont le dernier porte des griffes, il est ordinairement nommé
onychium (G). Chez les odonates, les deux griffes de chaque patte sont généralement de longueur égale, dentées et
recourbées.
Les ailes
Les quatre ailes sont formées par la réunion de deux membranes dont les nervures assurent rigidité et souplesse.
Contrairement à la plupart des autres insectes, les ailes sont parfaitement indépendantes, donnant au vol une
impressionnante manoeuvrabilité. Le vol des odonates est extraordinaire de rapidité et de virtuosité, elles sont
capables de planer, d'effectuer un virage sur l'aile,
un vol stationnaire, une marche arrière, ou une
montée verticale pour capturer une proie.
Demoiselle Libellule
Un fort grossissement des ailes de libellulles montre des "épines" portées par les nervures et semblant renforcer la
surface alaire de ces grands voiliers
Les ptérostigmas sont des taches situées sur l'extrémité des ailes
d'odonates, d'abord blanches, puis prenant une couleur
caractéristique de l'espèce sont rectangulaires occupant deux à
quatre cellules et proche de l’apex. Les ptérostigmas sont présents
sur les ailes de tous les odonates européens à l’exception de celles
des Calopterygidae.
Position des ailes
Ailes jointes ou semi-écartées chez les demoiselles Ailes écartées chez les libellules
L’abdomen
Il est constitué de dix segments. Il peut être de forme
variable, plus ou moins cylindrique ou aplati, épaissi ou
rétréci à certains segments, et présente très souvent des
motifs colorés permettant d'identifier les espèces
d'odonates. Le dixième segment, assez court, porte des
appendices anaux permettant au mâle de saisir la
femelle derrière la tête lors de l'accouplement. C'est
également en observant l'abdomen que l'on peut
distinguer les individus mâles et femelles.
Les mâles portent les pièces copulatrices sous le
deuxième segment abdominal. Chez les femelles,
l'organe permettant la fécondation et la ponte des œufs,
appelée ovipositeur, est situé sous les huitième et neuvième segments.
Organisation interne des insectes donc également des odonates :
Appareil circulatoire
Tous les organes internes sont baignés dans l'hémolymphe, Ce dernier est le
sang de l'insecte, ce liquide est dépourvu d’hémoglobine et n’apparaît donc
pas rouge, mais plutôt transparent. L'hémolymphe circule de l'avant à
l'arrière et est retourné vers l'avant par l'aorte et le coeur. Ces derniers se
localisent sous le dos de l'insecte et vont de l'abdomen au thorax.
L’hémolymphe est mise en mouvement par un vaisseau contractile situé
dans la partie supérieure de la cavité abdominale, il se nomme cœur dorsal.
C’est un organe qui se présente comme une succession de ventricules, leur
nombre peut aller jusqu’à 11, chaque ventricule est percé à sa base par une
paire d’orifices (ostioles) s’obturant alternativement lors de contractions.
L’hémolymphe pénètre dans le cœur, aspirée par les ostioles, puis est dirigé
vers l’avant du corps jusque dans le thorax ou elle est de nouveau libérée
dans le corps. Il se forme donc un faible courant qui irrigue le corps d’avant en arrière. Mis à part son rôle nourricier,
l’hémolymphe est importante dans le processus de la mue, en effet, elle aide l’animal à se débarrasser de sa vieille
peau (exuvie) en créant des surpressions locales. De plus lors de la mue imaginale des insectes ailés, c’est
l’hémolymphe qui, en envahissant les nervures des ailes, les aide à se tendre avant de sécher.
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !