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Une flore spécialisée
en déclin
À l’origine, cette flore provient des terres
chaudes et maigres du Moyen Orient et du
bassin méditerranéen. Ces plantes vivaient
parmi les ancêtres des céréales (orge, seigle,
blé). Ressemées de moisson en moisson, cette
flore « clandestine » s’est adaptée au cycle de
vie des céréales, avant de parvenir en Europe il
y a 5 000 ans au gré des migrations humaines.
Les espèces messicoles les plus emblématiques
sont sans nul doute les coquelicots, le Bleuet,
les camomilles et la Nielle des blés. Cette
dernière aux pétales roses violacés, dont les
graines toxiques ont été pendant longtemps
redoutées des agriculteurs, a régressé dans de
nombreuses régions françaises, en Limousin
notamment.
De même, l’Ivraie enivrante, autrefois abondante
dans nos cultures, a presque disparu de la
région. Ses graines infestées par un
champignon qui les rendait toxiques
provoquaient chez les personnes qui
les consommaient une sensation
d’ivresse d’où la plante tire son nom.
La flore messicole, encore
abondante dans les années
1960, est aujourd’hui en
déclin. Le tri mécanisé
des graines, la vente de
semences pures, l’abon-
dante utilisation des
pesticides et l’abandon
de certains types de
cultures (épeautre,
lin) peuvent expliquer
ce processus.
Certaines plantes ont
déjà fait les frais de cette
intensification agricole : deux
espèces de graminées du
nord de la France, le Brome
épais et le Brome des Ardennes,
qui étaient autrefois présentes dans les
cultures d’épeautre, ont aujourd’hui disparu
à l’état sauvage.
Des « mauvaises herbes »
dans nos cultures ? Pourquoi ?
La flore messicole est la base des chaines alimentaires des
écosystèmes agricoles. La variété des plantes adventices au
sein d’une culture conditionne la diversité animale puisqu’elles
constituent des abris indispensables aux insectes :
certains consomment directement ces plantes,
tandis que d’autres se nourrissent du pollen et
du nectar produits par les fleurs. Le Bleuet, le
Chrysanthème des moissons ou l’Odontite rouge
sont très nectarifères : leur présence participe
à la survie de nombreux insectes pollinisateurs.
Des espèces se sont même spécialisées au point de
devenir dépendantes d’un seul genre de plante. C’est
par exemple le cas de l’Anthocope du pavot
(
Hoplitis papaveris
) : cette abeille solitaire utilise
exclusivement des pétales de coquelicots
pour bâtir son nid avant d’y déposer ses
œufs. Des oiseaux comme la caille des blés
ou la perdrix grise ont également besoin des
plantes adventices, soit en
consommant les insectes
qu’elles abritent, soit en se
nourrissant de leurs graines.
Bon nombre de plantes messicoles
sont utilisées en médecine
traditionnelle : sirops contre la
toux (coquelicot), collyres pour
les yeux (Bleuet), traitements
homéopathiques (Soucis ocinal)…
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