La flore des champs et des moissons

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t
e
La biodiversité
Dossier [06]
Novembre 2013
Ni
el
Rouge, blanc, bleu, jaune, rose…
Telles étaient autrefois les couleurs qui émaillaient
nos cultures.
Et l’on venait dès le printemps composer des bouquets
de ces fleurs aux noms évocateurs : bleuet,
coquelicot, nielle des blés… Mais depuis les blés
s
années 1960, les pratiques agricoles ont le de
changé et ces plantes se sont raréfiées
au point parfois de disparaître.
Quatre années d’inventaires ont
permis de dresser un bilan de la
situation de cette flore spécialisée
et méconnue sur le territoire de
Limoges Métropole.
Qu’est-ce qu’une plante
« messicole » ?
Les spécialistes désig
nent les plantes comp
agnes des
cultures (plus communé
ment appelées « mauv
aises herbes »)
par le terme « adve
ntices ». Étymologiqu
ement, cette
expression désigne un
e plante qui « s’ajoute à
un peuplement
végétal auquel elle est
initialement étrangère
».
La notion de plante «
messicole » est plus pré
cise encore.
Ce terme vient du latin «
messis » (moisson) et «
colo » (habiter)
et semble regrouper tou
tes les plantes se déve
loppant dans
les moissons.
x
Ble
ue
t
s
blé
es
La flore messicole, encore
abondante dans les années
1960, est aujourd’hui en
déclin. Le tri mécanisé
des graines, la vente de
semences pures, l’abonNie
lle
dante utilisation des
d
pesticides et l’abandon
de certains types de
cultures (épeautre,
lin) peuvent expliquer
ce processus.
La flore messicole est la base des chaines alimentaires des
écosystèmes agricoles. La variété des plantes adventices au
sein d’une culture conditionne la diversité animale puisqu’elles
constituent des abris indispensables aux insectes :
certains consomment directement ces plantes,
tandis que d’autres se nourrissent du pollen et
du nectar produits par les fleurs. Le Bleuet, le
Chrysanthème des moissons ou l’Odontite rouge
sont très nectarifères : leur présence participe
à la survie de nombreux insectes pollinisateurs.
Des espèces se sont même spécialisées au point de
devenir dépendantes d’un seul genre de plante. C’est
par exemple le cas de l’Anthocope du pavot
(Hoplitis papaveris) : cette abeille solitaire utilise
exclusivement des pétales de coquelicots
pour bâtir son nid avant d’y déposer ses
œufs. Des oiseaux comme la caille des blés
ou la perdrix grise ont également besoin des
plantes adventices, soit en
u pavot
consommant les insectes hocope d
t
n
A
qu’elles abritent, soit en se
nourrissant de leurs graines.
Bon nombre de plantes messicoles
sont utilisées en médecine
traditionnelle : sirops contre la
toux (coquelicot), collyres pour
les yeux (Bleuet), traitements
homéopathiques (Soucis officinal)…
on sur épi de b
lé
cha
Ma
Les espèces messicoles les plus emblématiques
sont sans nul doute les coquelicots, le Bleuet,
les camomilles et la Nielle des blés. Cette
dernière aux pétales roses violacés, dont les
graines toxiques ont été pendant longtemps
redoutées des agriculteurs, a régressé dans de
nombreuses régions françaises, en Limousin
notamment.
De même, l’Ivraie enivrante, autrefois abondante
dans nos cultures, a presque disparu de la
Coquelicot dou
te région. Ses graines infestées par un
u
champignon qui les rendait toxiques
provoquaient chez les personnes qui
les consommaient une sensation
d’ivresse d’où la plante tire son nom.
Des « mauvaises herbes »
dans nos cultures ? Pourquoi ?
me des moisson
s
thè
an
À l’origine, cette flore provient des terres
chaudes et maigres du Moyen Orient et du
bassin méditerranéen. Ces plantes vivaient
parmi les ancêtres des céréales (orge, seigle,
blé). Ressemées de moisson en moisson, cette
flore « clandestine » s’est adaptée au cycle de
vie des céréales, avant de parvenir en Europe il
y a 5 000 ans au gré des migrations humaines.
Certaines
plantes
ont
déjà fait les frais de cette
intensification agricole : deux
espèces de graminées du
nord de la France, le Brome
épais et le Brome des Ardennes,
qui étaient autrefois présentes dans les
cultures d’épeautre, ont aujourd’hui disparu
à l’état sauvage.
Ch
rys
Une flore spécialisée
en déclin
Initiée en 2009, l’étude menée par Limoges
Métropole a permis d’affiner les connaissances
sur la répartition des plantes messicoles de notre
territoire.
Pendant quatre ans, les cultures des 18 communes
ont été visitées, ce qui représente plus de 4 000 ha.
Les résultats obtenus sont étonnants : 30 espèces
messicoles ont été recensées sur plus de 1 800
localités.
Hormis l’élégante Pensée des champs toujours
très abondante, les plantes les plus fréquemment
rencontrées sont des graminées, comme l’Agrostis
jouet-du-vent, qui colonisent parfois des parcelles
entières… En effet, beaucoup d’herbicides ciblent des
plantes autres que les graminées qui se développent
alors à profusion ! Ainsi, même menacé
au plan national, le Brome faux-seigle
est bien implanté sur notre territoire
puisqu’il a été identifié dans plus de
100 localités.
Des espèces protégées ont également
été retrouvées : quel plaisir de pouvoir
contempler les fleurs délicates de la Nielle
des blés, du Miroir de Vénus et du Chrysanthème
des moissons ! Cette dernière espèce n’avait d’ailleurs pas été revue à proximité de
Limoges depuis un siècle…
À l’inverse, le Bleuet
présente des effectifs plutôt réduits,
et rares sont les
cultures nappées de
bleu…
e faux-seigle
Brom
Miro
ir d
us
én
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Autre témoignage de l’érosion
récente de notre patrimoine
naturel, certaines espèces
signalées au siècle dernier
dans nos champs, comme le
Brome des champs ou l’étrange
Peigne de Vénus, n’ont pas été revues.
L’étude indique également que 60 % des cultures
n’abritent aucune espèce messicole. Ce sont surtout
des parcelles de céréales (blés, orge, avoine, maïs) de grande taille et
soumises à de fréquents traitements herbicides. Les
parcelles les plus favorables aux plantes messicoles
sont les plus petites, cultivées traditionnellement
avec des céréales autres que le maïs. Parfois,
jusqu’à 10 espèces différentes peuvent être
observées dans les bordures et les entrées
de champs, moins traitées aux herbicides. En
tout, plus de 200 espèces compagnes ont été
inventoriées dont la Matricaire inodore, le Gaillet
gratteron, la Lapsane commune, la
ore
d
Renouée des oiseaux, la Renoncule
ino
sarde, le Mouron des champs…
Matr
ica
ire
Une étude à l’échelle
de Limoges Métropole
Vers une gestion
durable des champs
et des moissons
Les plantes messicoles ont une valeur patrimoniale
forte. Elles présentent, nous l’avons vu, un intérêt à la fois culturel,
économique et écologique. C’est ce patrimoine génétique original, aux
origines très anciennes, qui doit être transmis à nos descendants.
Et c’est l’un des défis
qui s’impose aujourd’hui au
monde agricole : combiner
durablement bon rendement des cultures et
préservation de leur
biodiversité…
cule des cham
non
ps
Re
L’Ambroisie à feuille d’Armoise : Limoges Métropole veille…
Pour en savoir plus…
… sur les plantes messicoles
La Garance voyageuse
http://garance.voyageuse.free.fr/activites/messicole.htm
Tela-Botanica
http://www.tela-botanica.org/page:plte_messicole
… sur l’Ambroisie à feuille d’Armoise
Observatoire de l’Ambroisie
http://www.ambroisie.info/
LIMOGES MÉTROPOLE
Service des Espaces Naturels
87000 LIMOGES
Tel : 05 55 45 79 00
Fax : 05 55 45 79 79
www.agglo-limoges.fr
Crédits photo Couverture :
A.Goudour, Limoges Métropole,
M.Mady, R. Günter, Fotolia
Illustrations :
Julie Maubras ( www.monakini.com)
Conception :
Agence l’Effet Papillon (www.effetpapillon.fr)
Conseil en communication & publicité - L’Effet papillon - www.effetpapillon.fr
Imprimé sur Papier recyclé
Ambroisie
à
feu
ille
d
L’Ambroisie à feuille d’Armoise est une Astéracée envahissante dont le pollen, disséminé par
les vents, provoque à chaque fin d’été de graves problèmes allergiques (rhinite allergique,
conjonctivites, problèmes respiratoires, etc.).
Originaire des Etats-Unis, elle est arrivée en France en 1863 avec des graines fourragères
et s’est installée dans les moyennes vallées du Rhône et de la Loire avant de connaître,
dans les années 1960, un essor dans toute la région Rhône-Alpes. Son foyer
principal est actuellement localisé dans le sud-est de la France, mais elle rmoise
’A
s’est disséminée sur tout le territoire. Elle est également présente dans
les 3 départements du Limousin, région dans laquelle elle est actuellement
en extension.
L’Ambroisie est une espèce annuelle qui se développe dans les cultures, les moissons, les
jachères et les friches agricoles. 2 des 3 stations connues autour de Limoges ont d’ailleurs
été inventoriées dans des champs moissonnés. De la même famille que le tournesol, elle
présente un développement fort du fait de la faible efficacité des traitements herbicides
à son égard.
Compte-tenu de la progression rapide et récente de l’Ambroisie, les moyens de lutte sont
encore à l’essai. Il semble que l’arrachage manuel ou la fauche avant la floraison soient les plus
efficaces. D’autres stratégies comme la lutte biologique sont expérimentées dans d’autres pays.
Dans l’étude réalisée sur Limoges Métropole, l’Ambroisie a été spécifiquement recherchée dans les cultures et
les moissons. Les individus rencontrés ont été arrachés lorsque c’était possible. Toutefois, si au détour d’une
promenade vous reconnaissez vous-même cette plante, n’hésitez pas à la signaler à nos services.
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