Les Cahiers n° 4
Enseignement Militaire Supérieur de l’Armée de Terre
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L’hôte du trimestre:
le Général de corps d’Armée CUCHE,
Inspecteur de l’armée de terre.
« A mesure que s’étend le domaine de la guerre,
l’esprit de ceux qui la font doit s’élargir aussi. »
Maréchal Foch
Collège vient de fêter son premier anniversaire. Sous l’impulsion du CoFAT, le CESAT aura donc
réussi, en peu de temps, à devenir la « maison-mère » des officiers brevetés, de la grande majorité
des officiers diplômés « technique » et des ORSEM. Tous, d’active ou de réserve, auront, au cours de leur
deuxième partie de carrière, à tenir des fonctions importantes. Il était donc essentiel de créer unité et
cohérence dans leur formation au service d’une même finalité opérationnelle. Car les défis de demain sont
clairement identifiés : continuité dans la formation des officiers, cohérence entre l’enseignement dispensé et
les emplois tenus mais aussi sélection de cadres à haut potentiel.
Néanmoins, cette volonté d’unité et de cohérence ne portera pas tous ses fruits si elle s’arrête à la seule armée
de terre. En effet, la recherche d’une synergie avec les écoles « sœurs » de l’armée de l’air, de la marine et
de la gendarmerie serait une garantie d’efficacité interarmées.
Au-delà du rapprochement des différentes scolarités qui se poursuit, le CESAT participe également depuis
l’été 2004, au titre de son expertise, à une réflexion sur l’enseignement militaire supérieur (EMS). Ces études
s’attachent à mieux adapter la formation au nouvel environnement, essentiellement interarmées. Aussi les
réflexions en cours sur la rénovation de l’EMS ont pour objectif de garantir le niveau d’excellence des officiers
de l’armée de terre, notamment ceux mis à la disposition des Armées. Les modalités précises de cette réforme
prendront naturellement en compte les évolutions de l’enseignement militaire supérieur interarmées. Ainsi,
après les derniers avis du Conseil de perfectionnement de l’EMS (CPEMSAT), les premières décisions
pourraient être effectives dès l’été 2006.
L’évolution de la formation des officiers brevetés s’avère donc nécessaire mais resterait inachevée sans une
réflexion sur les postes qu’ils doivent tenir. Dans ce domaine également, le CESAT pourrait apporter sa
contribution. En effet, la gestion des officiers brevetés est dès à présent délicate. L’armée de terre est
confrontée à des demandes de plus en plus nombreuses de certains organismes internationaux,
interministériels ou interarmées. Cette situation pourrait générer une double « fuite des cerveaux » de
l’armée de terre : non seulement qualitative mais aussi quantitative avec un transfert important de brevetés
considérés comme « haut potentiel » vers des postes extérieurs. Il ne faut pas craindre cette tendance mais
l’encadrer. C’est pourquoi, il est, dès à présent, indispensable de respecter les principes de subsidiarité et de
partager des compétences entre les Armées. De plus, seule une répartition harmonieuse des brevetés, du
régiment à l’administration centrale, peut créer les conditions de l’efficacité.
Néanmoins, quelles que soient les évolutions de l’enseignement dispensé et la fonction occupée, l’officier
breveté ou diplômé, d’active ou de réserve, cultivera toujours, durant sa scolarité au CESAT, les mêmes
valeurs immuables : la curiosité intellectuelle et la réflexion, l’humilité et le courage de ses opinions, la
clairvoyance et la volonté de convaincre.