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una clase asalariada que destinaba el dinero a comida y, cada vez más, a otros gastos
discrecionales, como telas de lujo, cristalería y cerámica; para el siglo IX, si no ya antes,
también se compraban libros y productos de lujo importados del Índico. (Para más
información sobre este tema, v. H. Kennedy “Military pay and the economy of the early
Islamic state,” en: Historical Research, lxxv [2002], 155–69 y “The Feeding of the Five
Hundred Thousand: Cities and Agriculture in Early Islamic Mesopotamia”, en: Iraq, 73
[2011], 177-199).
Plantearemos que el desarrollo urbano que observamos en muchas zonas del mundo islámico
antiguo fue un resultado directo del sistema. Incluso en regiones remotas del norte de África,
los soldados y los burócratas eran retribuidos en dinero que, a su vez, se gastaban.
Hugh N. Kennedy (School of Oriental and African Studies London)
From Polis to Madīna, 1985 – 2015, revised
Il y a trente ans, j’ai publié un article intitulé «From Polis to Madīna» (Past & Present, 106
[1985], 3-27) et, quelques deux décennies plus tard, un second du même genre, «Shahristan to
Medina» (Studia Islamica, 102/3 [2006], 5-34). À travers de ces articles, j’ai essayé de fournir
un nouveau modèle d'interprétation expliquant la transformation de la ville antique après la
conquête arabe. «Shahristan to Medina» traite, comme le titre le suggère, des changements
dans le monde iranien, et «From Polis to Medina» des changements aux époques romaine et
byzantine. C’est ce deuxième sujet que je souhaiterais de nouveau aborder.
Dans PtM, j’ai essayé de contester l'opinion générale sur le fait que les conquêtes arabes ont
marqué la fin des villes florissantes du monde romain et une descente dans le tribalisme et la
désolation. Pour cela, j'ai avancé trois pistes principales. Premièrement, j'ai montré que la
ville classique avait déjà été radicalement modifiée par les événements du milieu du IIIe et
début du IVe siècle, l'effondrement de l'auto-gouvernement et des institutions urbaines et
l'apparition du christianisme. Ces deux derniers changements ont bouleversé l'aspect
monumental de la ville, mais pas nécessairement sa prospérité sous-jacente. Deuxièmement,
le processus de dégradation urbaine a été un produit de la seconde moitié du VIe siècle et la
conséquence de la peste et des invasions et, troisièmement, le premier siècle de domination
islamique a été, entre autres, une période de renouveau urbain avec le développement de
nouveaux centres commerciaux et industriels.
Le modèle proposé démontrait que les processus de changement en milieu urbain ont été
progressifs, que les changements économiques et sociaux ont été plus importants que les
événements politiques. Il a également montré que l'abandon et la décadence des grands
monuments de l'urbanisme classique n'a pas nécessairement été un signe de la décadence
urbaine, mais plutôt de la reconfiguration d'une adaptation de l'espace urbain en réponse aux
nouveaux besoins économiques et sociétaux.
Cette démonstration a largement été acceptée par l'historiographie contemporaine et a été
utilisée dans des travaux importants tels que celui qu'Alan Walmsley a mené en Syrie (Early
Islamic Syria: An Archaeological Assessment, London 2007) ou celui de Gideon Avni sur la
Palestine (The Byzantine-Islamic Transition in Palestine: An Archaeological Approach,
Oxford 2014). Mais dans cette communication, je voudrais ajouter un argument
supplémentaire. PtM met certes en évidence l'expansion et le développement urbain durant la
première période islamique, mais ne fournit pas d'explication détaillée du phénomène.
Je soutiens que le nouveau facteur que nous devons considérer est celui de la demande dans
l'économie. Si les villes se développent, c'est qu'il y a une demande de biens et de services
urbains, et de l’argent à dépenser dans les souks et les commerces. L'État islamique a généré
une telle demande par sa politique et, encore plus, par ses structures fiscales. Seul, parmi les