Titre :
Amertume et toxicité chez un insecte modèle
Descriptif :
Les insectes ravageurs des cultures s’adaptent rapidement aux insecticides ce qui conduit à utiliser des
doses croissantes de pesticides et nécessite la recherche constante de nouvelles molécules. Cette
situation est étonnante car de nombreuses plantes produisent des insecticides qui semblent rester
efficaces sur de longues périodes de temps malgré la sélection naturelle. Nous pensons que l’une des
raisons de l’efficacité des insecticides produits par les plantes est qu’ils sont « protégés » par des
substances répulsives ou antiappétantes. Les insectes phytophages susceptibles d’entrer en contact
avec de telles plantes, sont dissuadés de s’en approcher ou de les consommer par des composés qui
« protègent » ainsi l’insecticide, diminuant d’autant la probabilité de sélectionner des insectes
résistants. Dans ce contexte, le système sensoriel olfactif et gustatif des insectes devient une cible pour
des composés répulsifs et il importe de mieux comprendre comment fonctionne ce système et comment
il a évolué.
Dans ce stage, nous proposons d’évaluer si des substances secondaires de plantes (alcaloïdes, autres) ou
des substances chimiques de synthèse qui ont un effet répulsif ou antiappétant sont réellement
toxiques pour un insecte modèle, la drosophile. Nous nous attacherons à trouver (1) des molécules
toxiques et non détectées, et (2) des molécules qui sont détectées mais pas toxiques. Le travail
consistera à évaluer la toxicité de tels composés en conditions de choix et de non-choix sur des larves et
des adultes. Les capacités de détection et la durée de vie des adultes seront évaluées à l’aide d’un
actimètre permettant de détecter le nombre de passages des insectes devant des cellules
photoélectriques. Afin d’établir que le système gustatif de détection de l’amertume permet aux
insectes d’éviter de consommer des composés toxiques, nous utiliserons aussi des mutants affectés
dans leur sensibilité à certaines substances amères.
Ce travail est susceptible d’être poursuivi en thèse afin de développer des protocoles de sélection
portant sur les capacités de discrimination des insectes afin d’évaluer la capacité qu’auraient les insectes
de détourner des défenses basées sur l’utilisation de molécules antiappétantes. Ces recherches
s’inscrivent à la suite d’un travail mené au laboratoire sur la détection des alcaloïdes par la drosophile1
Localisation : INRA Centre de Versailles, UMR 1272 Physiologie de l’insecte : Signalisation et
communication
et dans le cadre d’une collaboration en développement avec l’université de Newcastle.
Responsable : Frédéric Marion-Poll, AgroParisTech
1 Sellier, M.-J., Reeb, P., Marion-Poll, F. 2010 - Consumption of bitter alkaloids in Drosophila melanogaster in
multiple choice test conditions. Chemical Senses (sous presse)