chapitre sur les changements apportés par le processus de domestication, le processus de sélection artificielle a
sélectionné des plantes et des animaux dont les attributs, les propriétés et les caractéristiques sont, dans bien des
cas, opposés à ceux et celles qui favorisent les individus des populations spontanées ou sauvages dans les milieux
naturels.
Jusqu'à il y a environ 200 ans, la sélection de masse et la propagation (parfois par des moyens végétatifs) des
formes variables intéressantes retrouvées parmi les individus des populations de plantes cultivées ou spontanées
était les méthodes principales par lesquelles de nouvelles variétés ou des nouveaux cultivars de plantes cultivées
étaient produits. A partir du 18ème siècle, des croisements de plus en plus nombreux étaient effectués entre plantes
sexuellement compatibles d'une même espèce ou même de taxons rapprochés. Ces croisements permettaient
d'obtenir des progénitures hybrides dont on sélectionnait les individus qui cumulaient les mutations favorables
aux autres attributs agronomiques recherchés. Avant la redécouverte des lois de Mendel en 1901, les mécanismes
génétiques qui régissaient l'hérédité et la ségrégation des caractères dans les progénitures issues de ces croise-
ments étaient inconnus et on ne pouvaient prévoir ou prédire le succès de ces expériences. Ce n'est qu'à partir
de 1910-1920 que l'on peut raffiner et adapter les méthodes de croisements afin d'obtenir des résultats positifs
qui pouvaient être par la suite être reproduits. C'est à cette époque que la production de semences hybrides par
les techniques d'hybridation simple et double de lignées préalablement autofécondées est utilisée pour l'amélio-
ration des variétés hybrides de maïs. Cette technique, qui a permit de quintupler les rendements par hectare de
maïs au cours des 20 ans suivants, est expliquée en détail dans le chapitre sur le maïs. C'est aussi au cours des
premières décennies du 20ème siècle que l'on a induit des taux élevés de mutations chez les plantes supérieures
en utilisant des agents de mutation. Les premiers agents utilisés furent les rayons X et plusieurs types d'isotopes
radioactifs et, par la suite, certains agents mutants chimiques tels que l'éthyl méthane sulfonate (EMS). Bien que
la quasi-totalité des mutations produites aléatoirement par ces agents étaient létales ou néfastes aux plantes,
quelques-unes amélioraient certains traits agronomiques. Un exemple du succès de l'utilisation des agents
mutagènes est la production de mutants bas en produits phénoliques secondaires oestrogéniques chez le trèfle
souterrain (
Trifolium subterraneum
L.), légumineuse utilisée comme plante de pâturage pour l'alimentation des
ovins dans les régions sèches de l'Australie. Tous les cultivars commerciaux de ce trèfle produisaient des quan-
tités assez élevées de coumestrol et de genestein, deux isoflavones (flavonoïdes) oestrogéniques qui induisent l'a-
vortement des brebis en gestation (structures décrites au chapitre sur les légumineuses). Dans ce cas, l'utilisa-
tion de l'EMS comme agent de mutation produisit des mutants dont les gènes de synthèse menant à la produc-
tion finale de ces isoflavones étaient inactivés. Les précurseurs qui s'accumulaient n'avaient pas d'effets
oestrogéniques et certains de ces mutants furent utilisés dans des programmes d'hybridation et de sélection pour
produire de nouveaux cultivars qui remplacèrent les variétés commerciales traditionnelles.
Les nouveaux attributs issus des processus de sélection artificiels, des croisements dirigés ou des mutations
provoquées étaient généralement introduits par la suite dans des cultivars commerciaux sélectionnés pour leurs
apports agronomiques par le biais de croisements suivis de séries de rétro croisements successifs des progéni-
tures hybrides sélectionnés avec un cultivar commercial.
Depuis 1980, plusieurs nouvelles techniques non conventionnelles ont été développées et permettent, dans bien
des cas, de combiner les caractéristiques et les attributs morphologiques et physiologiques d'organismes très dis-
tants du point de vue taxonomique. De nos jours, des cultivars qui produisent leurs propres pesticides non to-
xiques pour les humains, la production de fruits atteignant rapidement leur maturité optimale et pouvant être con-
servés par la suite sans perdre leur saveur ou leur texture pendant de longues périodes, l'augmentation des taux et
quantités de certains acides aminés ou de vitamines bien au-delà des taux retrouvés normalement chez cette espèce,
ne sont plus des possibilités mais sont maintenant des réalisations. Ces nouveaux développements sont possibles
grâce aux nouvelles techniques développées par la biologie moléculaire et le génie génétique qui permettent d'u-
tiliser des traits et des attributs qui ne sont plus restreints à la même espèce végétale ou à un groupe d'espèces tax-
onomiquement proches. L'on peut maintenant insérer des gènes d'une espèce à une autre et même insérer des gènes
provenant des génomes d'animaux, de bactéries et de champignons dans le génome de plantes supérieures.
Ce sujet ne peut être élaboré dans le contexte de ce cours, mais plusieurs cours de niveaux plus avancés offerts par
l'orientation biotechnologie végétale couvrent le sujet de façon détaillée.
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