N°3 Juin 2013 - INSERM - U1093 Cognition, Action, et Plasticité

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Faculté des Sciences du Sport Dijon – Le Creusot
La Lettre de la filière APAS
A N N E E
J U I N
1 ,
N ° 3
2 0 1 3
DANS CE
NUMÉRO :
Prévention de la
chute
2
Une patiente désafférentée à Dijon
2
Calendrier
2
Rôle de la gravité
3
Ont contribué à ce numéro :
Alison Catin, Lionel Crognier,
Séverine Floquet, Florent
Fouque, France Mourey, Charalambos Papaxanthis, Morgane
Ture et Olivier White
Master 2 : une soirée « APA et Cancer »
Le jeudi 6 juin 2013 s’est tenue une soirée conférence au sein de l’UFR STAPS de Dijon portant sur
le thème « Activité Physique Adaptée et Cancer ».
Cette soirée thématique a été entièrement élaborée et mise en œuvre par 3 étudiantes du Master
2 APAS dans le cadre de leur formation. L’équipe
des formateurs de la filière APAS félicite Morgane
Ture, Séverine Floquet et Alison Catin pour leur
travail de qualité et leur investissement dans ce
projet. Environ 70 personnes se sont déplacées
pour mieux comprendre les bénéfices d’une activité physique adaptée sur la santé et plus particulièrement sur le cancer.
L’activité physique permet entre autre de prévenir
certains cancers. Les études scientifiques montrent une diminution du risque de cancer pour les
individus plus actifs par rapport aux moins actifs
(17% pour le cancer du colon, 20% pour le cancer
du sein, 27% pour le cancer de l’endomètre).
D’autre part, pendant et après la phase de traitement, une activité physique adaptée d’intensité
faible à modérée améliore la qualité de vie, a des
bénéfices sur l’anxiété, la dépression, le sommeil,
l’image du corps et le bien être. La pratique dimi-
nue également la sensation de fatigue des
patients sans effet secondaire.
Mais l’activité physique adaptée a aussi son
rôle en prévention secondaire. Une étude
américaine récente montre, après le diagnostic, une diminution de 24% du taux de récidive
et de 34% du risque de décès par cancer du
sein. Une activité physique d’intensité modérée de 6 à 9 heures par semaine donne lieu à
une plus grande survie de la population. C’est
ce que ce sont attachés à montrer les différents intervenants :
Pr Pierre Fumoleau, directeur du Centre
Georges François Leclerc, a présenté les
chiffres actuels du cancer.
Aude-Marie Foucaut, doctorante à l’Université
Lyon 1, a présenté un programme d’activité physique adaptée chez des patients
en cours de traitement.
Dr Geneviève Jolimoy, oncologue médicale, a
fait le lien entre alimentation, activité
physique et cancer.
Fabienne Mougin-Guillaume, maître de conférences à l’Université de Franche Comté, a
présenté le Diplôme Universitaire Activités Physiques Adaptées Nutrition et Cancer proposé à Besançon.
Valérie Rodière, formatrice au sein de la Fédération Française d’Education Physique et
de Gymnastique Volontaire, a présenté
son programme Gym’ Après Cancer.
L’association Carpe Diem 21 a permis aux patientes de témoigner de leur expérience.
Les organisatrices remercient toutes les personnes ayant participé à la réussite de cette
soirée.
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2
Activité physique et prévention de la chute
Depuis janvier 2013 un groupe d’experts travaille, à
nécessité de favoriser les réseaux intégrant le
l’initiative de l’INSERM, à une vaste revue de la litté-
monde médical et le monde associatif et sportif.
rature qui sera suivie de l’élaboration de recomman-
En effet, actuellement trop peu de liens existent
dations sur le thème de l’activité physique et de la
encore entre les généralistes, les gériatres, les
chute chez le sujet âgé. S’il existe une littérature
hôpitaux de jour d’évaluation et les profession-
abondante sur la chute et plusieurs textes de recom-
nelles de l’activité physique sur la question de la
mandations émanant de l’HAS ou de l’INPES jamais
chute. Il sera recommandé notamment :
un travail spécifique de cette importance n’a été
L’élaboration, l'animation et l'évaluation
entrepris en ce qui concerne l’activité physique. On
de programmes d'activités physiques
peut penser que les bénéfices bien connus de l’acti-
collectifs ou individuels en lien avec les
vité physique sur les grandes fonctions devraient
professionnels de santé ou médico-
être retrouvés sur la prévention de la chute mais les
sociaux.
niveaux de preuve méritent d’être explorés avec
L'organisation, en lien avec les profes-
précision afin de mieux orienter les programmes.
sionnels de santé concernés, de forma-
Ce rapport qui ne sera publié qu’en septembre ne
tions spécifiques destinées au perfec-
peut être dévoilé maintenant mais il semblait impor-
tionnement des professionnels de l'acti-
tant d’une part d’annoncer sa sortie et d’autre part
vité physique et sportive.
de prendre dès à présent la mesure des perspectives
L'organisation de séances d'information
pour les professionnels de l’activité physique adap-
destinée à optimiser la prescription d'ac-
tée. Indépendamment
tivité physique par les professionnels de
des recommandations qui
concerneront les évaluations et les contenus des
programmes eux- mêmes, le rapport insistera sur la
la santé.
France Mourey
Présence d’une patiente désafférentée à Dijon
Originaire du Canada, Ginette est l’une des 4
personnes au monde que l'on dit désafférentée. Elle a, en effet, perdu toute sensibilité au
niveau des membres, à la suite d’une infection
virale survenue il y a 30 ans. La sensibilité est la
base d’un sens encore méconnu qu'on appelle
la proprioception, le sixième sens. Elle est utilisée à chaque instant pour guider nos mouvements et se situer dans l'espace. Pour Ginette,
privée de proprioception, chaque mouvement
du corps est une épreuve. Elle n'a pas conscience de son corps et doit compenser l’absence de proprioception par la vue. Elle doit
ainsi voir chaque geste qu'elle effectue afin de
le contrôler. Ginette préfère donc se déplacer
en fauteuil roulant car pour marcher, il faudrait
qu'elle ne quitte pas ses pieds des yeux.
Cette particularité intéresse les chercheurs.
Ginette fait donc le tour du monde des laboratoires. Elle était récemment à Dijon
(laboratoire INSERM 1093), où elle s'est prêtée à de nombreuses expériences dont l'objectif était de mieux cerner le rôle de la proprioception dans la production des mouvements du corps humain. Les chercheurs du
laboratoire ont testé sa capacité à s’adapter
aux perturbations visuelles et motrices, ainsi
que son habilité à définir son espace péripersonel et à imaginer/prédire ses actions.
A 65 ans, Ginette tient à rester le plus autonome possible malgré son handicap et se
livre avec passion aux différentes expérimentations pour aider à l’avancée de la recherche.
Charalambos Papaxanthis
Calendrier Universitaire 2013-2014
Rentrée des Licences 3 APAS : lundi 2 septembre 9h30 ([email protected])
Rentrée des Masters 1 APAS : lundi 9 septembre à 9h30 ([email protected])
Rentrée des Masters 2 APAS : lundi 16 septembre ([email protected])
http://u1093.u-bourgogne.fr/
Faculté des Sciences du Sport
de Dijon
BP 27877
21078 Dijon Cedex
La recherche des membres de l’U1093 s’articule autour du concept de la plasticité
pour la compréhension des processus cortico-spinaux impliqués dans l’action et
pour la rééducation de la fonction motrice. L’impact de l’activité physique sur la
plasticité cérébrale, les circuits neuronaux impliqués dans l’exécution et la simulation mentale du mouvement, les lois qui régissent le contrôle du mouvement, et
l’influence du vieillissement normal et pathologique sur les processus sensorimoteurs constituent les axes de recherche fondamentaux du laboratoire. Les résultats obtenus conduisent au développement de méthodes innovantes pour évaluer
et rééduquer la fonction motrice. L’objectif est donc d’améliorer notre connaissance de la fonction motrice et de ses déficiences pour mieux évaluer les conséquences des rééducations sur l’indépendance fonctionnelle et la qualité de vie.
Centrifuger des humains pour comprendre le rôle de la gravité dans nos mouvements
Des expériences en neurosciences comportementales permettent d'étudier le
rôle de la gravité lors de l'exécution de
tâches motrices simples comme la manipulation d'un objet. Nous ne nous
rendons pas compte de la complexité
des mécanismes implémentés par notre
système nerveux central pour déplacer
un simple objet. Avant tout mouvement, une première prise d’information
visuelle est nécessaire : nous observons
la situation et estimons la masse de
l’objet, si sa surface est glissante, sa
forme etc. Tous ces paramètres physiques vont influencer la manière avec
laquelle nous allons le manipuler. Lorsque nos doigts entrent en contact avec
la surface de l’objet, les mécanorécepteurs situés dans la pulpe des doigts – il
y en a environ 17000 qui codent des
bandes de fréquences temporelles et
spatiales différentes – vont nous confirmer les informations visuelles. Si elles
ne s’avéraient pas correctes, par
exemple, si l’objet est plus glissant qu’il
n’y paraissait, il va falloir le serrer plus
Outre la masse et l’accélération, l’objet a
également un poids qui est constant sur
terre et dépend de la gravité (g). Des
études ont montré que la gravité est représentée de manière spécifique au sein
de notre organisme. Il est cependant difficile d’en faire un paramètre expérimental
bien contrôlé.
té unique pour contrôler le paramètre gravitaire avec une très haute
résolution. Une sphère reproduisant
un cockpit d'avion de chasse est mise
en rotation au bout d'un axe de 9.1
m de rayon. L'inclinaison de cette
sphère - et donc de la personne qui y
est assise - va être adaptée en temps
réel en fonction de la vitesse de rotation du système de manière à ce que
la résultante des composantes centripète et gravitaire (toujours à 1g
sur Terre) soit alignée avec l'axe du
corps. Il en résultera une sensation
(réelle) d'hypergravité. Récemment,
une série de sujets ont manipulé des
objets en subissant des plateaux
d'hypergravité entre 1g et 3g. Ce
système permet de contrôler les vecteurs "gravitaires" dans les trois dimensions en temps réel jusqu'à des
valeurs de 15g avec des changements pouvant aller jusqu'à 10g/s.
(Dynamic Flight Simulator, QinetiQ,
Flight Physiological Center, Sweden).
Les centrifugeuses offrent une opportuni-
Olivier White
fort entre le pouce et l’index pour le faire
décoller de la table.
Lorsque cette première phase d’approche
est terminée, il faut maintenant le déplacer, sans qu’il glisse de notre prise. Tout le
challenge va consister à anticiper les fluctuations de forces qui vont s’exercer entre
nos doigts. En effet, si on déplace une
masse vigoureusement, on lui soumet une
accélération importante (a) qui, multipliée
à la masse (m) résultera en une force inertielle F=ma. Remarquablement, notre système nerveux ajuste la force de préhension exercée par le pouce et l’index sur
l’objet de manière à anticiper ces fluctuations à 10ms près.
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