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8. IMPACT DE L’ENVIRONNEMENT SUR LES STOCKS
Notre zone d’étude est caractérisée par un environnement hydro-climatique très marqué (chapitre1).
De nombreux travaux ont montré l’influence de ces conditions environnementales sur les espèces
présentes dans la région (chapitre 2). L’existence de communautés et les migrations de certaines
espèces traduisent l’influence des variations de certains facteurs environnementaux. Pour autant dans
la région, peu d’études se sont intéressées à mesurer l’impact de ces facteurs sur l’abondance des
espèces démersales. Néanmoins, un travail important a porté sur les relations entre l’abondance de
populations de poulpes et les fluctuations environnementales (Faure, 2000). Ce manque d’études est
lié à la difficulté d’avoir des données d’abondance ou de captures fiables (chapitre 4) sur des périodes
suffisamment longues. En ce qui concerne les données environnementales, plusieurs paramètres
peuvent être mesurés et des séries relativement longues sont disponibles.
L’objectif de ce chapitre est d’explorer les impacts potentiels de certains paramètres
environnementaux sur l’abondance ou la dynamique de stocks. Dans ce but, deux approches sont
mises en oeuvre. Dans un premier temps, on s’intéresse au rôle de l’upwelling sur la dynamique de la
population de poulpe au Sénégal, car de fortes variations inter-annuelles de production sont notées.
Dans un second temps, on analyse l’impact de certains paramètres de l’environnement sur les
variations de recrutement de plusieurs espèces démersales.
8.1. Le stock de poulpes au Sénégal, quelle influence de
l’environnement
1
?
8.1.1. Contexte
Le poulpe commun Octopus vulgaris est abondant sur les côtes nord-ouest africaines. Il est exploité
d’une manière intense par les pêcheries artisanales et industrielles du sud Maroc, de la Mauritanie et
du Sénégal. La pêche commerciale du poulpe est la plus récente dans ce dernier pays, où la pêcherie
ne s’est développée qu’à partir de 1986 (Caverivière, 1990 et 1994c). Ce début d’exploitation au
Sénégal est concomitant à deux phénomènes, une abondance exceptionnelle en poulpes et un
marché à l’exportation où la demande est importante. Cette année-là, la majorité des captures
provient de la pêche industrielle qui pratique la pêche au chalut. Mais rapidement, une partie de la
pêche artisanale se spécialise dans celle du poulpe, principalement à partir des débarcadères de la
Petite Côte (au sud de Dakar). Pour cette activité, une nouvelle technique de pêche se développe,
utilisant des turluttes dandinées sur le fond à partir de pirogues (Caverivière et al., 2001).
La production de poulpe varie fortement d’une année à l’autre. En effet, à une année de forte
production peut succéder une année où les rendements sont très faibles. Ces fluctuations
d’abondance sont d’autant plus fortes que la durée de vie du poulpe est courte, l’essentiel des
1
Ce paragraphe reprend largement les résultats du papier suivant : Laurans, M. , Gascuel, D., et Caverivière, A. 2002.
Application d'un modèle global avec effet de l'environnement au stock de poulpe du Sénégal. In : Le poulpe, Octopus vulgaris,
Sénégal et côtes nord-ouest africaines, Caverivière, A., Thiam, M., Jouffre, D. (eds), Colloques et Séminaires, édition IRD, pp.
255-267.