Le Léman, version imprimable

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4. Le Léman
Le mois de mai nous emmène à la découverte des trésors naturels du plus grand lac alpin d’Europe centrale,
le lac Léman.
Les chiffres sur le Léman sont colossaux : 590 km2 de surface, 300 m de plus grande profondeur,
89 milliards de m3 d’eau, mais aussi 95 % de rives artificielles, sous forme d’enrochements ou de
constructions.
Il reste pourtant ça et là quelques joyaux de biodiversité, le plus souvent à l’embouchure de rivières.
Certains sont de taille modeste, comme à l’embouchure de la Venoge, où survit l’une des dernières
populations de lézard vert du canton, d’autres beaucoup plus importants, comme les Grangettes, enveloppés
entre terre et eau d’une épaisse ceinture de roseaux.
Le Léman abrite aussi six sites d’importance internationale pour les oiseaux d’eau, dont trois sont situés côté
vaudois, aux Grangettes, à la Pointe de Promenthoux à Gland et à Mies. Grèbes, canards, limicoles ou
échassiers, ce sont plusieurs dizaines de milliers d’oiseaux qui parcourent chaque année des milliers de
kilomètres afin d’exécuter leur rituel ancestral de migration et qui viennent sur ces sites faire escale, passer
l’hiver, se reposer et reconstituer leurs réserves.
Grand classique des terrasses estivales, le filet de perche ne doit pas nous faire oublier la grande richesse
gustative que représente la vingtaine d’espèces de poissons qui peuple le Léman.
Rappelons que le Grand Conseil du Canton de Vaud a adopté en 2000 un plan directeur des rives vaudoises
du lac Léman, qui compte deux axes forts : la protection du paysage et des milieux naturels et
l’aménagement d’un cheminement piétonnier le long des rives du lac. Le canton doit faire face aujourd’hui
à un nouveau défi: désamorcer la menace que représentent la pollution des eaux par les micropolluants et
l’arrivée d’espèces invasives susceptibles de perturber la faune et la flore indigènes.
Le Léman, diversité des habitats
Avec ses six grands lacs : Léman, Neuchâtel, Morat, Joux, Brenet et Bret, le canton de Vaud possède plus du
tiers des surfaces lacustres de Suisse. Le Léman est le plus grand lac alpin d’Europe centrale : 590 km2,
300 m de profondeur et 89 milliard de m3 d’eau.
Les contrastes du paysage lémanique
(©CODOC)
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Face au lac et aux montagnes
(©J.Pellet)
mai 2010
Coucher de soleil sur le Léman
(©S.Sachot)
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Les rives naturelles (roselières, marais et forêts) sont raréfiées avec la pression urbaine. Ces milieux sont
pourtant de précieux habitats reliques pour la flore et la faune qui se répartissent sur les quelques
86 kilomètres de rives vaudoises du Léman. Les embouchures de rivière, Aubonne, Boiron, Dranse, Versoix,
Venoge et Rhône constituent les points forts où se concentrent plusieurs réserves naturelles.
Les Grangettes est l’un ces joyaux, c’est la dernière zone naturelle de grande taille de la basse plaine du
Rhône et du littoral lémanique. Entre terre et eau, on trouve tout d’abord une roselière exondée ou
pseudo-roselière, puis au fur et à mesure que l’eau vient plus profonde, une ceinture de roseaux. Dès 5 m
de profondeur, l’eau, toujours en mouvement, ne permet plus à beaucoup de plantes aquatiques de se fixer.
On y trouve quelques potamots, mais c’est surtout le domaine des poissons, brême, carpe, brochet, des
écrevisses et des mollusques.
L’embouchure de l’Aubonne entre Allaman et
Buchillon © D. Iseli
Les rives du lac à Buchillon © J. Pellet
L’île aux oiseaux de Préverenges
© L. Maumary
Adopté en 2000 par le grand conseil vaudois, le plan directeur des rives du lac (PDRL) comprend un vaste
programme d’action et de protection avec deux points forts, la protection du paysage et des milieux naturels
et l’aménagement d’un cheminement piétonnier le long des rives du lac.
Le saviez-vous?
Aujourd’hui, le niveau du Léman est régulé grâce au barrage du Seujet à Genève.
Le niveau maximal normal est de 372,3 m en été, le niveau minimal de 371,6 m en
mars-avril. Chaque année bissextile, le niveau est abaissé artificiellement afin de
permettre différents travaux d’entretien. Ces niveaux ont été fixés dans un acte
passé entre les cantons de Genève, Vaud et Valais en 1984. Ils sont
l’aboutissement d’une longue histoire mouvementée, qui a atteint son paroxysme
au cours du « procès du Léman » en 1884.
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Le Léman, diversité des espèces
Le milieu lacustre est le berceau d’une vie bigarrée où se côtoient poissons, écrevisses et autres mollusques.
Habitat de reproduction de nombreuses espèces, ces milieux sensibles et souvent invisibles au grand public
méritent une protection à la hauteur de leur valeur.
Truites, perches, ombles, brochets et lottes ne sont que quelques-uns des nombreux habitants du Léman.
Parmi la vingtaines d’espèces de poissons, les corégones apprécient tout particulièrement les lacs profonds,
frais et oxygénés. Habitants des profondeurs lacustres (milieu pélagique), ces poissons se nourrissent
essentiellement de plancton animal. Ce n’est qu’au début de l’hiver que cette espèce remonte à la surface
(milieu littoral) pour se reproduire. Particulièrement vulnérables à cette période, leur pêche est alors
interdite.
Deux perchettes
© B. Büttiker
Lotte (©C.Trépey)
Une féra du Léman © S. Sachot
Un brochet © B. Büttiker
Perche (©C.Trépey)
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Omble (©C.Trépey)
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Oeufs de perches (©M.Bel)
Herbier lacustre (©C.Trépey)
Le Léman abrite trois sites d’importance internationale pour les oiseaux. Pour les oiseaux migrateurs, ces
surfaces sont autant de haltes bienvenues le long de leur périple de plusieurs milliers de kilomètres. Ils
trouvent sur nos lacs un lieu de repos ainsi que les ressources alimentaires nécessaires à la suite du voyage.
Certains d’entre eux, trouvant les rives des lacs accueillantes, choisissent d’y passer l’hiver. Ces hivernants,
fuligules, grèbes, sarcelles, harles et nettes rousses sont particulièrement abondants en hiver le long des
rives où les curieux peuvent les observer facilement.
Sarcelle d’hiver © R. Rapin
Nettes rousses © R. Rapin
Héron cendré © R. Rapin
Grande aigrette © R. Rapin
Grand gravelot © R. Rapin
Bécasseau minute © R. Rapin
Goélands leucophée © R. Rapin
Un couple de sternes pierregarin
© R. Rapin
Une sarcelle d’été © R. Rapin
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La couleuvre vipérine est une habitante des zones alluviales où les rivières en crues dégagent régulièrement
de grands bancs de graviers et blocs. La disparition de ces milieux dynamiques lui a presque été fatale en
Suisse. Etrangement, cette espèce semble apprécier les enrochements des rives dans la région de Rivaz. On
peut alors l’observer le long de la rive, lors de ses nombreuses excursions dans le lac à la recherche de petits
poissons.
Le lézard vert est un autre reptile qui apprécie les rives chaudes du Léman. On le trouve encore à
l’embouchure de la Venoge à St-Sulpice.
L’écrevisse à pattes rouges © B. Büttiker
Une couleuvre vipérine © J.-C. Monney
Le saviez-vous?
La beine lacustre est un haut fond littoral situé en avant de la rive. Le terme est de
François-Alphonse Forel, dans son œuvre monumentale « Le Léman », publié en
1904.
Le Léman, diversité des gènes
Particulièrement sensibles à l’eutrophisation qui asphyxie les lacs et soumises à une pêche excessive au
début du vingtième siècle, les corégones lémaniques ont complètement disparu du Léman dans les années
1920 environ. L’écotype originel de la féra lémanique disparaissait probablement avec elle.
En 1940, des opérations des réintroductions d’alevins de palées des lacs de Neuchâtel et de Constance ont
permis de reconstituer les effectifs de corégones dans le Léman. Les corégones bénéficient actuellement de
plusieurs mesures destinées à garantir leur pérennité (pêche interdite de mi-octobre à mi-janvier,
repeuplement par alevinage régulier et limitation des polluants dans les bassins versants).
Le Léman abrite à nouveau des « féras », mais d’un écotype originaire du lac de Neuchâtel.
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Corégones (©B.Büttiker)
Le saviez-vous?
L’eutrophisation est un mécanisme par lequel un milieu naturel s’enrichit
excessivement en matières nutritives. Dans les lacs, la productivité est
essentiellement limitée par les apports en phosphates. Lorsque ceux-ci augmentent
(effluents domestiques, agricoles, lessives…), l’équilibre écologique est rompu et
l’oxygène nécessaire à de nombreux poissons tend à diminuer. Dans le Léman ce
problème était particulièrement marqué jusque dans les années 1980. La
disparition des lessives phosphatées ainsi que l’amélioration de l’efficacité des
stations d’épuration a permis de réduire le problème.
Le saviez-vous?
Les corégones réunissent plusieurs types de poissons proches et dont la
dénomination varie d’un lac à l’autre. Ainsi les « féras » du Léman, les palées du
lac de Joux et les bondelles du lac de Neuchâtel appartiennent toutes au même
genre Coregonus.
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Le Léman, prestations offertes par la biodiversité
● Le Léman est un paysage unique. Voyageurs comme autochtones s’émerveillent devant le spectacle
grandiose qu’offrent le lac et les montagnes.
● Que ce soit pour la pêche amateur, la baignade, la navigation de plaisance ou la balade, le lac offre
de multiples possibilités de loisir. Les zones refuges pour la flore et la faune permettent de concilier
les intérêts parfois divergents entre la nature et l’homme.
● Le Léman fournit l’eau de boisson de près de 500’000 personnes. Le maintien d’une haute qualité
biologique permet de réduire les traitements nécessaires entre son pompage et sa distribution au robinet.
● Le Léman fournit annuellement plus de 60 tonnes de poissons « du lac ». Ces poissons sauvages
indigènes ont l’avantage d’être frais, de réduire les transports polluants et de faire vivre les pêcheurs
professionnels, acteur de la gestion de ce patrimoine.
Truites du Lac (©L.Anex)
Pêcheur amateur (©L.Anex)
Le saviez-vous?
La part du poisson indigène consommé en Suisse est de 5%. Parmi les
56’000 tonnes de poissons mangés annuellement dans notre pays
(7 kilos par personne), les deux tiers sont des poissons de mer.
Publication
L’association des pêcheurs professionnels romands a
édité des fiches culinaires sur les poissons indigènes
qui peuvent être obtenu gratuitement sur envoi d’une
enveloppe timbrée pré-adressée au secrétariat du
CCFN.
Fiches culinaires sur les poissons sauvages indigènes
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Le Léman, acteurs de la conservation de la biodiversité
Ce qu’elle en dit
La protection de la nature, c’est notre bienêtre, notre santé, notre économie.
C’est un art de vivre. Prenons en soin.
Najla Naceur, biologiste,
adjointe à la Conservation de la Nature (SFFN).
Najla Naceur, biologiste, adjointe à la Conservation de
la Nature.(SFFN)
Ce qu’il en dit
Le terme « biodiversité » évoque trois aspects
importants : Aspect biologique : la diversité
des organismes vivants confère aux
écosystèmes la stabilité nécessaire qui leur
permet de s’adapter, dans une certaine
mesure, aux fluctuations et modifications
naturelles et artificielles du milieu. Aspect
économique : une grande diversité des
organismes adaptés permet l’utilisation
optimale des ressources naturelles et assure un
rendement soutenu des espèces exploitées.
Aspect éthique : au-delà de l’aspect
économique, la biodiversité fait partie de notre
patrimoine. Comme pour le patrimoine culturel,
il est précieux, hors de prix et se mesure
notamment en termes de bien-être des
habitants de la région.
Bernard Buttiker, ancien inspecteur cantonal de la pêche.
Bernard Buttiker,
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ancien inspecteur cantonal de la pêche
Ce qu’elle en dit
Brigitte Lods-Crozet, biologiste au Service des eaux,
sols et assainissement (SESA)
Les maîtres mots de la biodiversité lacustre
sont l’hétérogénéité des milieux dans l’espace
et dans le temps et la qualité des eaux. Bien
sûr, les poissons ne sont pas les seuls à y
vivre et des milliers d’autres organismes s’y
développent. Des végétaux d’abord comme les
algues microscopiques du plancton végétal et
les plantes aquatiques dans le littoral mais
aussi des invertébrés comme les escargots
d’eau, les crustacés, les vers et de
nombreuses larves d’insectes. C’est dans cette
zone que se concentre la plus grande diversité
de vie. Les lacs sur le territoire du canton sont
de bien meilleure qualité qu’il y a 30 ans en
arrière grâce à une diminution drastique de la
charge en nutriments. Les défis pour l’avenir
sont la conservation et la restauration de
milieux naturels riverains qui sont soumis à
une très forte pression humaine, mais aussi la
surveillance de l’évolution des populations
d’espèces non-indigènes pouvant devenir
invasives et le suivi de substances indésirables
dans l’eau et les sédiments comme les
micropolluants.
Brigitte Lods-Crozet, biologiste au Service des eaux, sols
et assainissement (SESA).
Ce qu’il en dit
Le Léman nous parle tout d’abord par son histoire, création de superbes voiliers, période de la « belle
époque » au début des années 1900, où son panorama fantastique contribua au développement touristique.
Aujourd’hui, ce magnifique lac est apprécié de nombreux « utilisateurs » dans des domaines très divers,
comme les loisirs, la pêche, le nautisme, etc. Il apporte également par sa beauté une valeur supplémentaire
aux constructions riveraines et crée de nouveaux projets. Dès lors, les enjeux sont énormes et il est
important de préserver objectivement son milieu naturel et sa population aquatique, pour les générations
futures. A titre personnel, chaque jour, je prends le temps de regarder ce grand lac, chaque fois différent
dans ses couleurs, parfois accueillant et parfois hostile, pour nous rappeler qu’il est fort, mais fragile
également. Mon rôle en tant que garde pêche est de participer à la protection de ce patrimoine économique,
écologique et social.
Cédric Henry, garde pêche (SFFN).
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