Deux mille arbres,
cinq poumons
Dossier Arcueil arboré
Dossier réalisé
par Colline Gori
0n dénombre une bonne vingtaine d’essences
dans le seul parc Paul Vaillant-Couturier :
érable, marronnier, bouleau, arbre de Judée,
arbre aux mouchoirs, hêtre, ginkgo, houx, noyer,
savonnier, tulipier de Virginie, magnolia, charme,
chêne, tilleul, if, sophora, et même un séquoia
géant.
Parmi eux se trouvent trois arbres remar-
quables : un marronnier de 20 mètres de hauteur
dont le tronc mesure 1,20 mètre de diamètre et la
ramure 18 mètres ; un hêtre pourpre de 24 mètres
de hauteur dont le tronc mesure 1,10 mètre de dia-
mètre et la ramure 20 mètres ; un chêne pédon-
culé de 24 mètres de hauteur dont le tronc mesure
1 mètre de diamètre et la ramure 15 mètres.
On trouve également, disséminés aux quatre
coins de la ville, cyprès, cèdres, noisetier de
Bysance, figuiers, féviers et copalmes d’Amérique,
lilas des Indes, chicots du Canada, robiniers, oli-
viers, aubépines, pommiers, poiriers et cerisiers à
fleurs, chênes, saules tortueux, pins, tilleuls, peu-
pliers et platanes, sans oublier les 42 métaséquoias
de la place de la Vache-Noire.
ANC / Arcueil notre cité n° 268 juin 2016 | 17
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Les arbres règnent en
maîtres dans le parc
Paul Vaillant-Couturier.
Le cœur de la place de
la Vache-Noire est mieux
qu’un carrefour grâce
à une quarantaine
de métaséquoias.
Sur environ vingt hectares d’espaces verts, Arcueil compte à ce jour
près de deux mille arbres d’essences, tailles et origines diverses.
Plus ceux des entreprises et des particuliers.
Les habitants ont cinq poumons pour respirer : le parc Paul Vaillant-Couturier,
celui des Irlandais, le parc du Coteau, le Jardin sur le toit et le bien nommé
Chaperon-Vert. Même si elle est largement plus urbanisée que du temps
de Ronsard, Arcueil a su préserver une partie de ce charme champêtre
qui enchantait le poète et nombre de Parisiens.
La commune d’Arcueil possède de nombreuses
variétés d’arbres. Chacune apporte son énergie,
sa forme, ses couleurs spécifiques.
L’ivresse des essences
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Mais, ville comestible oblige, quelques
arbres fruitiers ont déjà fait leur appari-
tion : un abricotier, près de la mairie, un
noyer dans le parc Paul Vaillant-Couturier,
un pommier dans le jardin du foyer Roure
et une série de pommiers, poiriers, abrico-
tiers et cognassiers le long de l’aqueduc,
sur la promenade de la Vanne ainsi qu’au
Chaperon-Vert. Vous n’arrivez pas à les
identifier ? Pas de panique. Le service Parcs
et Jardins qui organise déjà des balades
urbaines pour permettre à chacun de
mieux les connaître, prévoit de multiplier
les étiquetages dans ce but.
« Larbre purifie l’air et l’eau »
Sans l’arbre, aucune vie n’est possible,
on le sait. Sa capacité à produire de l’oxy-
gène le rend vital. Ce que l’on sait moins
c’est qu’il a d’autres vertus particulière-
ment utiles en ville, même si « ses effets
bénéfiques ne se voient pas forcément,
comme le souligne Jean-Marc Locoste,
responsable du service Parcs et Jardins de
la Mairie d’Arcueil depuis neuf ans. Ses
feuilles fixent beaucoup de poussières et de
métaux lourds. Plus il est grand, plus il fait
de l’ombre, réduisant d’autant le réchauffe-
ment du sol. »
En été, grâce à son ombrage et à la
vapeur d’eau qu’il émet en transpirant –
l’arbre transpire comme tout ce qui est
vivant –, il évite à la chaleur de s’accu-
muler. « Là où il y a des arbres en ville,
on compte jusqu’à deux ou trois degrés de
moins, insiste Simon Burkovic, conseiller
municipal délégué aux espaces verts et à la
nature en ville. L’arbre a un rôle essentiel
en milieu urbain : outre son aspect esthé-
tique, il participe à l’amélioration de la
qualité de vie et à l’équilibre de chacun. De
plus, il casse le vent, attire la faune qu’il
abrite et nourrit, purifie l’air et l’eau. »
Et puisque la ville se met à l’heure du
comestible, des arbres fruitiers ont com-
mencé à faire leur apparition un peu
partout, de la promenade de la Vanne au
Chaperon-Vert en passant par la place du
Docteur Conso. « J’aimerais qu’il y ait
des arbres fruitiers dans toutes les rues, y
compris sur les trottoirs », poursuit l’élu,
enthousiaste.
Sans insecticide
L’arbre est bienfaiteur et pourtant cela
ne l’empêche pas d’avoir des contraintes et
des détracteurs. On lui reproche, au prin-
temps, de produire du pollen, allergisant
bien connu qui s’infiltre dans les maisons,
les yeux et les narines, en principe sans
y être invité ; en automne, de se dénuder
en semant ses feuilles généralement n’im-
porte où et de rendre le terrain humide,
glissant, voire dangereux.
Quand un arbre est trop proche d’une
habitation, sa ramure finit souvent par
faire trop d’ombre. À proximité d’un par-
king, il arrive que ses feuilles secrètent sur
les voitures garées en dessous une sorte de
vernis dû à certains insectes, quand elles
ne servent pas de toiles de fond aux fientes
des oiseaux. Sans parler des racines qui
déforment trottoirs et cours de récréation
et peuvent engendrer des chutes. Enfer et
damnation ! Que faire ?
En cas de racines rebelles ou d’arbres
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Dossier
Gestion partagée
125 arbres situés sur les trottoirs
des voies départementales sont
gérés par le Conseil départemental
du Val-de-Marne.
125 autres situés sur les autres
voies dépendent du Territoire T12,
ex-Communauté d’agglomération
du Val-de-Bièvre.
Pour un budget annuel de
50
000 euros, le service communal
des Parcs et Jardins gère les mille
autres arbres de la ville (parcs,
écoles, cimetière...), ainsi que tous
les pieds d’arbre du territoire.
Par convention, il entretient
également les 550 arbres du
domaine de l’Office public de
l’habitat Opaly, pour un budget
annuel de 20 000 euros.
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Les platanes des avenues
Jean Jaurès et du Président
Salvador Allende.
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malades (même si rien n’est visible à l’œil
nu), pas de quartier, on les abat. Quitte
à sacrifier quelques arbres sains pour
éviter que les maladies ne se propagent.
La Mairie d’Arcueil n’utilise plus d’insec-
ticides depuis plus de quinze ans et n’ef-
fectue plus aucun traitement depuis un
an. Pourquoi ? Parce que les produits sont
toxiques pour l’homme sans être efficaces
pour autant. De plus, sans fongicide, les
champignons microscopiques peuvent
proliférer, facilitant l’absorption par l’arbre
des sels minéraux et de l’eau. C’est ainsi
que l’arbre se nourrit et s’ancre par ses
racines, idéalement proportionnelles à ses
branches. Ces dernières cherchant, elles,
un maximum de lumière.
Élaguer, c’est bien, mais... « Les gens
croient qu’on n’a pas fait grand-chose
parce qu’on coupe de petites branches à
droite et à gauche, explique M. Locoste. Le
système racinaire de l’arbre a une capacité
à produire une certaine quantité de sève
pour nourrir ses branches et ses feuilles. Si
on supprime la moitié des branches, celles
qui restent seront deux fois plus alimen-
tées et vont pousser deux fois plus vite. De
plus, leurs feuilles gorgées de sels minéraux
vont attirer les insectes et mettre l’arbre en
danger. »
La ville adopte ceux qui sadaptent
Pas aussi simple qu’elle en a l’air la vie
d’arbre en ville ! « Il faut faire des com-
promis. On ne peut pas mettre n’importe
quel type d’arbre n’importe où », explique
sans se lasser le responsable des Parcs
et Jardins. Les besoins en humidité ou
ensoleillement diffèrent de l’un à l’autre.
Comme les hommes, loin de chez eux, les
arbres sont plus fragiles, plus sensibles
aux parasites.
Plus un arbre est planté tard, plus
il demande de soins et de temps pour
s’adapter. En principe, on replante des
arbres qui ont entre 10 à 15 ans. Exceptions
qui confirment la règle, les métaséquoias
originaires de Chine avaient 20 ans quand
ils ont été replantés sur la place de la
Vache-Noire.
« Un vieil arbre doit être doté de petites
racines pour pouvoir repartir », finit Jean-
Marc Locoste. Ce n’est hélas pas le cas des
jolis mais trop vieux cerisiers de la place
Marcel Cachin qui ne seront pas replantés
à la fin des travaux. Leur vie s’est achevée
dans la gueule de la broyeuse (comme
toutes les branches taillées). Aujourd’hui,
ils servent de paillage au pied des massifs
d’arbustes et de fleurs. Ils y maintiennent
l’humidité du sol, tout en limitant la
pousse des plantes indésirables. Utiles un
jour, utiles toujours.
Colline Gori
Cerisiers à fleurs à la cité du Cherchefeuille
(photo du haut) et au Jardin sur le toit
(au-dessus du centre commercial La Vache-Noire).
Les arbres fruitiers agrémentent désormais
la promenade de la Vanne entre l’avenue Aristide
Briand et la rue Paul Bert.
Balades urbaines
et patrimoine
Depuis six ans, le service Parcs
et Jardins organise une fois par
an des balades à travers la ville,
quelquefois dans le cadre d’O’Quai
d’Arcueil (ateliers bouquets et
jardinage pour l’été 2016).
Ces circuits d’arbre en arbre
sont une formidable opportunité
de découvrir les différentes
essences, leurs conditions de
vie et d’entretien. « Je ne savais
pas comment un arbre poussait
et j’ignorais ses besoins, confie
un participant. J’ai appris ainsi
que les boursouflures dues aux
parechocs des voitures étaient de
véritables blessures. » Dimanche
18 septembre, dans le cadre des
Journées du patrimoine, le service
Parcs et Jardins proposera un circuit
à travers les différents quartiers et
une démonstration d’élagage.
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ARCUEIL ARBORÉ
Photos CG
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