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TRAUMATOLOGIE
GE NERALITES
Les traumatismes observés dans le monde de l'activité physique et sportive peuvent concerner
la totalité des organes du sujet. Cependant les muscles, les tendons, les os et les articulations
constituent les régions anatomiques les plus fréquemment concernées.
En milieu sportif le traumatisme peut avoir pour origine:
Une incapacité de résister à une contrainte extérieure (choc), ou interne
(contraction trop brutale). La lésion est alors de type macrotraumatisme.
Une surcharge de travail en rapport avec une entraînement mal conduit ou un
matériel défectueux conduisant à des lésions microtraumatiques.
Une faiblesse constitutionnelle de l'organe, favorisant sa rupture, même pour un
traumatisme de faible intensité. Dans ce cas il s'agit le plus souvent de pathologies
osseuses non traumatiques découvertes lors d'un examen systématique ou lors de
l'exploration d'un processus douloureux inexpliqué.
- Une inadéquation entre l'organe et sa fonction en relation avec une adaptation
imparfaite de l'organisme à ses nouvelles contraintes lors du processus évolutif. Les lésions
secondaires à ce phénomène peuvent être macro ou microtraumatiques, elles sont regroupées sous le
terme de syndrome de Lucy, par référence à notre lointaine grand mère.
+ Lésions macrotraumatiques
= Fracture et arrachement osseux
= Entorse, rupture méniscale
= Luxation
= Lésions musculaires (hématome, claquage, élongation, écrasement).
= Hématome
+ Lésions microtraumatiques
= Epiphysite et ostéochondrose
= Fracture de fatigue et périostite
= Tendinite et tendinose
= Syndrome de loge
+ Lésions appartenant au syndrome de Lucy
= Atteinte du ligament acromio-coracoïdien
= Syndrome fémoro-patellaire
= Claquage du droit antérieur et du jumeau interne
= Tendinite des adducteurs et pubalgie
= Lombalgie fonctionnelle
= Tendinite d'Achille
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Chacune de ces lésions, quelle que soit sa localisation, répond à un processus pathologique
spécifique et à un type de traitement. La démarche étiologique, la recherche diagnostique et l'attitude
thérapeutique peuvent donc être présentées de manière générale. Inversement la mise en place de la
prévention tiendra obligatoirement compte de l'activité sportive et de la localisation anatomique de la
lésion.
A - LESIONS MACROTRAUMATIQUES
Les lésions macrotraumatiques font l'objet, le plus souvent, d'une consultation et d'une prise
en charge en urgence. Elles concernent les os et les cartilages de croissance chez l'enfant, les
ligaments (entorses) et les articulations (fractures cartilagineuses et luxations).
1 - FRACTURES
Les fractures sont d'une très grande fréquence chez le sportif, mais leur type et leur
localisation diffèrent suivant l'âge de l'athlète.
Ces fractures sont spécifiques du sexe, du sport considéré et du niveau de pratique. Leur
fréquence n'est donnée qu'à titre indicatif, à partir du travail de J.P. Fayolle, concernant une
population significative de l'ensemble des sports pratiqués en France.
= Répartition des fractures
. Au niveau du membre inférieur
Le fémur 2,4 % à 4%,
La rotule 1,5 à 2 %
Les tibia et péroné 6 à 12 %
Les malléoles 2,5 à 3,5 %
Le pied 2,5 à 7 %
. Au niveau du membre supérieur
La clavicule 10 à 12 %
L'humérus 4,5 à 7,5 %
Le coude 12 à 15 %
Les radius et cubitus 4,5 à 5,5 %
Le carpe 2,1 à 4,5 %
La main 5,8 à 7 %
. Au niveau des autres parties du corps
Le crâne et la face 6 à 7 %
Le thorax et les côtes 1,5 à 3 %
Le bassin 0,30 à 0,50 %
Le rachis 0,15 à 0,20 %
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= Diagnostic
. Examen clinique
Il est en général assez aisé. Les signes les plus souvent rencontrés sont: la sensation de craquement, la
douleur exquise, l'hématome et l'impotence fonctionnelle. Les fractures ouvertes ou très déplacées
sont exceptionnelles dans le domaine sportif si l'on exclue les sports mécaniques.
. Examen radiologique
La demande formulée auprès du radiologue doit impérativement comporter des éléments cliniques
susceptibles d'orienter le diagnostic. Dans le cas contraire le compte rendu radiologique ne présente
aucun intérêt.
= Traitement
En fonction de la localisation et du type de fracture, l'indication thérapeutique, chirurgicale ou
orthopédique, doit être discutée en tenant compte du niveau de pratique de l'athlète et du temps
d'immobilisation nécessaire à la consolidation. Dans un certain nombre de cas les indications pourront
varier en cours de saison en fonction des impératifs sportifs du sujet. Dans tous les cas le praticien
devra confier très rapidement le sportif blessé au kinésithérapeute pour entretenir la masse
musculaire, mobiliser les articulations sus et sous-jacentes. La spécificité du traitement repose donc
essentiellement sur le respect des impératifs sportifs (consolidation rapide, guérison parfaite).
2 - ENTORSES
Les entorses constituent les pathologies traumatiques les plus fréquentes de la Médecine
appliquée aux sports. Si l'entorse de l'adolescent peut être considérée sur le plan de la gravité et du
traitement comme celle de l'adulte, il n'en n'est pas de même chez l'enfant plus jeune pour qui cette
pathologie est souvent bénigne.
+ Répartition des entorses
= Membre supérieur
Acromio-claviculaire et sterno-claviculaire 10 à 15 %
Poignet 2,5 à 5,5 %
Carpe et doigts 10 à 15 %
= Membre inférieur
Genou 10 à 15 %
Cheville 50 à 65 %
+ Etiologie
Bien que toutes les activités sportives puissent être à l'origine de ce type de traumatisme,
certaines d'entre elles concerneront des régions anatomiques plus spécifiques..
= Acromio-claviculaire: Chute sur l’épaule
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= Doigts: Mauvaise réception du ballon, doigts pris dans le maillot d’un autre joueur, arrêt
réflexe du gardien.
= Poignet: Chute sur les mains, poignet en flexion dorsale
= Genou: Réception sur le pied d’un autre joueur, rotation pied bloqué au sol.
= Cheville: Réception sur le pied d’un autre joueur, chute
Chez l'adulte la lésion est très proche de celle observée chez l'adolescent, elle peut
quelquefois être grave et nécessiter une réfection chirurgicale dont l'indication dépendra beaucoup de
la localisation (genou, acromio-claviculaire) en cas de rupture ligamentaire.
= Diagnostic
Quelle que soit la localisation, il ne sera jamais pratiquée d'épreuve dynamique à chaud du fait
de la mauvaise qualité de l'examen, clinique et radiographique, et surtout du risque considérable
d'induire des lésions secondaires. Le bilan radiographique s'assurera qu'il n'existe pas d'arrachement
osseux ou de fracture associée.
= Traitement
Le traitement comprend de la cryothérapie, une mise en décharge stricte du membre lésé ainsi
que la prescription de kinésithérapie d'entretien musculaire et articulaire, suivie d’une rééducation
articulaire et proprioceptive (indispensable pour les entorses du genou et de la cheville). Il n'existe
aucune indication à l'infiltration. La reprise de l'activité sportive (plus tardive que chez le jeune
enfant) sera réalisée avec une contention élastique.
Aucune entorse ne sera "négligée", entendez par-là non traitée (absence de décharge, de
rééducation, de cryothérapie), ou pseudo-traitée (pansement alcoolisé, strapping), même si le
caractère bénin de la lésion semble évident.
+ Les recherches de tiroirs
Le tiroir correspond à un mouvement articulaire antéro-postérieur. Les tiroirs sont recherchés
après une entorse, au niveau des genoux pour apprécier la qualité des ligaments croisés antérieur et
postérieur, et des chevilles (tiroir astragalo-calcanéen). Ils sont toujours appréciés par comparaison au
côté opposé. Il ne s'agit jamais d'un examen d'urgence et ne seront donc pratiqués qu'après diminution
de la douleur (quelques jours). Ils ne nécessitent donc jamais une anesthésie générale.
= Au niveau des genoux.
Les tiroirs sont recherchés le sujet étant allongé en décubitus dorsal.
. La jambe tendue et les muscles relâchés (manœuvre de Lachman). La cuisse est immobilisée
par une main tandis que de l'autre main, placée à la partie supérieure de la jambe, on imprime des
mouvements verticaux.
. La jambe légèrement fléchie, le pied en rotation externe puis interne. Les deux mains, placées
au niveau de la partie supérieure de la jambe, les deux pouces placés sous la rotule, tirent dans le sens
postérieur (LCPI) ou antérieur (LCAE).
. En radiographie de profil (mesure du déplacement antérieur du tibia).
Le tiroir postérieur est toujours pathologique, il signe la rupture du LCPI.
Le tiroir antérieur peut être physiologique, surtout chez le jeune athlète et chez la sportive. Il
sera toujours apprécié de façon controlatérale. Un tiroir antérieur peut être le signe d'une hyperlaxité
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constitutionnelle, d'un syndrome de Marfan, d'une rupture du LCAE (unilatéral). L'IRM est
maintenant l'examen de choix pour contrôler les ligaments croisés.
= Au niveau de la cheville
La recherche d'un tiroir antéro-postérieur permet de vérifier l'intégrité de la capsule et des
ligaments antérieurs et postérieurs unissant l'articulation tibio-péronière inférieure (tiroir astragalo
tibial) ou la première rangée du tarse (tiroir astragalo-calcanéen). Ils ne se conçoivent que sur une
cheville déjà traitée dans le cadre d'un bilan et jamais par un traumatisme récent. La recherche de
cette laxité s'effectue de façon comparative, le sujet étant en position assise. L'examinateur bloque
d'une main la partie inférieure de la jambe et tente de mobiliser par une traction antérieure sur le pied
les articulations testées. Cet examen est plus probant en radiographie de profil.
3 - LUXATIONS
En pratique sportive les luxations sont moins fréquentes que les entorses et les fractures.
Cependant, la gravité de ces lésions nécessite la mise en place d'une thérapeutique prolongée et d'une
rééducation préventive, seule capable de diminuer le risque de récidive.
+ Etiologie
La luxation est le résultat d'un choc violent appliqué de telle manière qu'il imprime aux deux
extrémités osseuses des forces de dislocations suffisantes pour rompre la capsule, les ligaments et les
forces de cohésion propres des surfaces articulaires. La répartition anatomique des luxations et de
leurs fréquences respectives.
Acromio-claviculaire 40 à 50 %
Scapulo-humérale 15 à 20 %
Coude 10 à 15 %
Poignet et doigts 12 à 15 %
Rotule (non compris les subluxations) 5 à 6 %
+ Diagnostic
= Examen clinique
A l'inspection la luxation est généralement évidente. Les repères anatomiques doivent
toujours être confrontés au côté opposé. A l'examen, on peut noter un aspect en bayonnette (doigts,
acromio-claviculaire), une tuméfaction accompagnée d'une dépression (scapulo-humérale, rotule,
coude), des signes cliniques plus discrets (poignet).
= Examen radiologique
Il est essentiel pour éliminer une fracture avant réduction de la luxation.
+ Traitement
Le traitement est toujours orthopédique, il doit être pratiqué en milieu médicalisé, après
radiographie, et non pas sur le terrain. On se retiendra d’exhiber ses capacités médicales sur le terrain
(la réduction est généralement d'une grande facilité), au profit d'une démarche rationnelle et
préventive (examen neurologique et vasculaire).
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