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régressaient légèrement (-0,2%). Cette croissance de l'emploi salarié privé est plus importante à
Bruxelles que dans les deux autres régions du pays. Concernant la valeur ajoutée brute, la part de la
Région bruxelloise est passée de 18,9% à 19,2% entre 1995 et 2001, indiquant par là une croissance
supérieure à la moyenne nationale sur une longue période. La croissance a encore été plus forte en
périphérie.
Une partie importante de la croissance de la zone métropolitaine bruxelloise est donc captée par la
périphérie, même si l'on a assisté à partir de la deuxième moitié des années '90 à une reprise de la
croissance en Région bruxelloise.
L'analyse démographique des entreprises situées en Région bruxelloise montre aussi que la Région
bruxelloise est caractérisée par un dynamisme entrepreneurial plus important que les 2 autres régions
mais également par une plus grande intensité des mouvements de cessations. Si l'on y recense
proportionnellement plus de créations, il en va de même pour les disparitions d'activités.
Concernant l'analyse des flux migratoires sur la période étudiée (1992-1999), la Région bruxelloise est
marquée par un exode de ses entreprises vers les deux autres régions en moyenne supérieur aux
immigrations et est la seule région dans le cas. Toutefois, sur la période, ce phénomène a perdu de
son intensité puisque, à partir de 1998, on observe un solde migratoire positif.
Mais le dynamisme dont fait part la Région bruxelloise est plus large. Par exemple, l'augmentation de
la population en Région bruxelloise est particulièrement marquée ces dernières années puisqu'on
enregistre une hausse de près de 40.000 habitants entre 1999 et 2003. La croissance de la population
est principalement le fait de la population des tranches d'âge intermédiaires et des jeunes,
contrairement aux 2 autres régions où c'est principalement la population plus âgée qui augmente (50
ans et plus). Cette évolution se répercute bien entendu sur la composition de la population active qui
intervient dans le calcul des taux d'activité et d'emploi.
On montre également dans cette étude que la tendance de la réduction de l'emploi dans les
communes centrales de la Région bruxelloise au profit des communes de la seconde couronne -
semble avoir été ralentie puisqu'une croissance de l'emploi est de nouveau enregistrée dans la plupart
des communes centrales.
Quant à la
dualité
qui caractérise également cette évolution, elle s'apprécie à différents niveaux et
prend dès lors plusieurs significations. Tout d'abord, Bruxelles n'échappe pas au processus de
dualisation des marchés du travail européens. En effet, la Région se caractérise par la coexistence
d'un segment primaire (travailleurs sous contrat à durée indéterminée, bénéficiant d'ancienneté, de
mobilité socioprofessionnelle,…) et d'un segment secondaire (travailleurs sous contrat à durée
déterminée, en intérim, en emploi précaire ou subventionné,…). On trouve aussi en Région bruxelloise
une concentration de plus en plus marquée de postes hautement qualifiés alors qu'une frange
importante de la population bruxelloise est caractérisée par de faibles niveaux de qualification. Mais
cette dualité du marché du travail bruxellois s'exprime également dans une série de paradoxes ou
tensions caractéristiques de la Région, comme par exemple le fait qu'elle constitue le premier bassin
d'emplois du pays et, en même temps, détient le taux de chômage le plus important. Globalement,
entre 1990 et 2002, le nombre de demandeurs d'emploi a progressé de 67%, avec des périodes de
croissance entre 1990 et 1997 et de décroissance entre 1997 et 2001. A partir du milieu de l'année
2001, leur nombre a considérablement augmenté notamment sous l'influence de la mauvaise
conjoncture et de la croissance de la population bruxelloise. En 2003, le taux de chômage dépasse la
barre des 20% pour une moyenne nationale de 11,9%. De nombreuses communes sont touchées par
un chômage encore plus important. Le rapport entre le taux de chômage des deux communes
extrêmes se situe à un niveau d'un à quatre. En effet, la Région bruxelloise comme de nombreuses
autres villes européennes est confrontée à une augmentation importante des disparités socio-
économiques sur son territoire : aggravation du chômage, accroissement de la pauvreté, confinement
de groupes sociaux défavorisés dans des zones de pauvreté,… La croissance économique, même
lorsqu'elle est créatrice d'emploi, peut se faire au détriment de la cohésion des zones urbaines. La
Région bruxelloise n'y échappe pas.
La situation en Région de Bruxelles-Capitale illustre donc le paradoxe des grandes villes qui sont
productrices à la fois de richesse et de pauvreté, d'intégration et d'exclusion. La compréhension du
chômage ne peut être réduit à la question de la croissance de l'économie bruxelloise. Ainsi, la Région
bruxelloise est marquée par un dynamisme économique certain mais également par un taux de
chômage élevé.