LES INégALItéS ENvIRONNEMENtALES

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INTRODUCTION
Isabelle ROUSSEL1
LES INÉGALITÉS
ENVIRONNEMENTALES
RÉSUMÉ
La notion d’inégalités environnementales a été
largement diffusée ces dernières années. Mais,
comme souvent, l’utilisation de certains termes est
plus rapide que la stabilisation de leur contenu.
Cette problématique jeune et complexe est en
cours d’appropriation par différentes disciplines,
avec la difficulté majeure que présente son
individualisation par rapport aux inégalités sociales,
économiques, voire même sanitaires, constatées
depuis plus longtemps.
Cette notion interroge les définitions accordées à
l’environnement et à la santé en sachant que la
relation entre l’environnement et la santé est encore
en cours de construction et repose également sur
un flou sémantique que cristallisent les hésitations
dans la traduction du terme anglais « environmental
health » que l’on retrouve sous le vocable prudent
mais peu esthétique de « santé environnement ».
Ces imprécisions peuvent avoir la vertu de ne
pas figer la réalité au sein d’un périmètre dont la
rigidité serait contraire à la réalité en continuelle
évolution. Ces difficultés de vocabulaire peuvent
également contribuer à confiner ces notions dans
un champ symbolique en les coupant de la réalité
qui demanderait à être précisée pour intervenir
dans le domaine de l’action. La parole et la
médiatisation peuvent servir, paradoxalement, à
masquer l’inaction en dépit du caractère incitatif
que peut avoir la perception d’inégalités pour
mobiliser des revendications.
Professeur émérite
à l’Université Lille 1
Sciences et Technologies,
Vice-Présidente de l’APPA.
1
Quelles que soient les définitions adoptées, le
travail de L. Laigle (2005), faisant autorité en la
matière, définit plusieurs caractéristiques possibles
de ces inégalités qui interrogent les liens entre
l’environnement et la santé. La notion d’égalité
interpelle nécessairement l’idée de justice mais,
même sans avoir une traduction à travers une
procédure juridique, la conscience même d’une
inégalité représente un moteur pour l’action animée
par une revendication égalitaire et un combat pour
plus de justice.
I – Inégalités,
environnement et santé :
des notions très liées,
aux contours flous
En dépit de nombreux articles rédigés par L. Charles
(2001, 2007b, 2008, 2009) pour reprendre l’histoire de
l’environnement, le flou persiste au sujet de cette notion.
La comparaison avec l’écologie montre les différentes
perceptions possibles de la notion d’environnement
souvent réduite à la question de l’environnement
naturel. Pour les uns, l’écologie est plus englobante que
l’environnement limité à des considérations naturelles
voire même au cadre de vie (Chaumel, 2008). Pour les
autres (Charles, 2007) « ce que recouvre la substitution
d’écologie à environnement, c’est un manque à penser
la notion d’environnement (…). L’originalité massive de
l’environnement ne tient-elle pas au fait d’avoir posé
ce rapport d’ensemble des individus les uns avec les
autres, comme avec le monde naturel, sans hiérarchie
ni distinction ? ».
Les inégalités environnementales ne se limitent pas
à l’inégale répartition et à l’inégale utilisation des
ressources naturelles, elles touchent le plus intime de
l’individu dans la richesse de sa spécificité différente
de celle du voisin : « C’est quelque chose de cet ordre
que l’on retrouve avec le terme d’inégalités écologiques.
Celui-ci renvoie à la confrontation inégale, diagnostiquée
et cartographiée, entre individus ou groupes sociaux à
un certain nombre de facteurs naturels (eau, air, etc)
considérés comme importants mais en même temps
envisagés comme externes. Elle marque une coupure
entre un univers réputé naturel et l’homme, qui
offre une apparence de clarté, mais qui est en même
temps trompeuse du point de vue de la complexité du
rapport des hommes avec l’environnement qui y mêle
inévitablement des composantes collectives, sociales et
individuelles, émotionnelles, cognitives et pratiques, et
qui est tout sauf neutre (…). L’opération qui, au plan
cognitif, métrique, consiste à séparer un environnement
naturel et des dimensions sociales en nommant l’un
écologique et l’autre social constitue un véritable casseAir Pur N° 76 - 2009 - 5
tête et a peu de chances de réussir, elle risque de se
perdre dans l’enchaînement sans fin des discriminations
et des différences, et de déboucher sur l’insignifiance2 ».
Considérer l’environnement, à la manière de certains
épidémiologistes, comme étant « tout ce qui est extérieur
à l’homme » est conceptuellement insatisfaisant puisque
l’homme n’est pas une exception sans rapport avec la
nature à laquelle il appartient fondamentalement tout
en marquant ses différences avec le monde végétal
ou animal. En considérant les populations comme
situées à l’extérieur de la nature, cette vision que
L. Charles attribue à la France (Charles, 2009), assimile
la nature à une « construction technique, symbolique et
institutionnelle » située à l’écart de la réalité subjective.
Dans cette perspective, inégalité et environnement
constituent un pléonasme et la recherche de l’égalité
relève de l’utopie, bien vite assimilée à « l’égalité des
chances ». En effet, la spécificité de l’environnement
individuel ne s’exerce pas au sein d’une bulle
indépendante des liens sociaux. L’environnement n’existe
pas sans une dimension collective souvent assimilée, de
manière peu satisfaisante, à la notion de contexte qui
pourrait signifier un quelconque déterminisme tout à
fait discordant par rapport au mouvement, à l’adaptation
incessante des individus et de la société à la réalité
mouvante que constitue un ensemble flou formé par des
conditions à la fois naturelles et sociales.
Cette adaptation est un élément essentiel de la « bonne
santé » sur lequel la prévention et la promotion de la
santé insistent. Dans une certaine mesure, la relation
entre l’individu et son environnement est assimilable à
la santé. La santé publique consiste précisément à agir
sur certains éléments collectifs de cet environnement
pour améliorer la santé des populations en agissant sur
la cause des pathologies observées. Cette orientation de
la santé publique est concrétisée dans la construction,
certes récente, de la santé environnementale à travers les
PNSE I et II. Mais, la santé environnementale n’est pas
uniquement une politique relevant de la sphère publique,
elle est également une pratique intégrée dans la relation
individuelle à l’environnement et à la santé des habitants,
qui en sont les acteurs premiers. L’introduction de
l’environnement dans le champ sanitaire ne représente
pas seulement une contrainte, comme on tend à le voir
le plus souvent, elle constitue aussi un domaine de
liberté, d’innovation et de création et, comme tel, une
ressource. L’environnement remet l’individu au cœur de
la problématique de la prévention sanitaire.
II – La spécificité des inégalités
environnementales
2
L. Charles,
communication présentée
lors du séminaire
« Inégalités écologiques
ou environnementales »,
Lille, 31 mai 2007.
6 - Air Pur N° 76 - 2009
L. Laigle (2005) définit plusieurs types d’inégalités
environnementales, celles liées aux lieux et aux
nuisances mais aussi celles, plus individuelles, qui
correspondent à la « capabilité » ou au dynamisme des
personnes. Ces inégalités, difficiles à mesurer dans le
pays de l’égalité, interfèrent avec des facteurs sociaux
mais peut-on opposer inégalités sociales et inégalités
environnementales ? La bonne santé est la résultante,
un équilibre fragile qui relève d’une combinaison de
facteurs à la fois individuels et contextuels toujours
évolutifs.
Les inégalités environnementales résultent donc d’un
processus difficile à évaluer à travers des variables
statiques, seules disponibles (cf. l’article de G. Schmitt
dans ce numéro d’Air Pur). En outre, les données,
d’ailleurs difficiles à collecter, sont affectées à une entité
administrative pas toujours adaptée à l’échelle des
questions environnementales.
1 - Les inégalités territoriales
La salubrité de l’environnement, facteur reconnu de bien
être et de santé, est inégalement répartie. Les populations
urbaines les plus modestes sont aussi celles qui vivent
dans des environnements dégradés et souffrent le plus
des problèmes d’environnement (Theys, 2002).
Les cartes et les SIG, largement diffusés par les ORS
(Observatoires Régionaux de la Santé), mettent en
évidence des inégalités territoriales en matière de
santé. Or, cette approche territoriale, limitée au
découpage administratif, le seul pour lequel les données
existent, est peu adaptée à l’évaluation des nuisances
environnementales et interroge la question de l’échelle
pertinente. L’entité administrative de base, la commune
ou le quartier est documentée sur les questions
démographiques ou sociales mais ne correspond jamais
au territoire adaptée à la question environnementale.
Par exemple, les niveaux d’exposition liés à la proximité
d’une usine ou à une zone inondable ne correspondent
pas à l’entité communale. « Il va de soi que la variété et
la nature des facteurs explicatifs pouvant rendre compte
d’éventuelles différences spatiales de santé dépendent
des caractéristiques des unités choisies et en particulier
de la taille; la comparaison entre des quartiers d’une ville
n’est pas de même nature qu’une comparaison entre
des quartiers de villes différentes et encore moins entre
villes, entre départements ou entre régions. Les facteurs
liés à l’histoire du lieu et surtout à celle des habitants ne
sont pas exactement les mêmes» (Aïach, 2008).
2 - Les inégalités par rapport aux nuisances
et aux risques
Les inégalités par rapport aux nuisances et aux
risques concernent la variété des expositions. Ce type
d’inégalités est lié aux caractéristiques du travail en
entreprise et interroge la longue histoire de la santé dans
et autour de l’usine. Les expositions professionnelles
contribuent à accentuer les inégalités sanitaires. Les
études (Hemström, 2005) montrent que, pour les
hommes, 25 % des inégalités de santé liées au revenu
seraient expliquées par l’environnement de travail
(Leclerc, 2008).
Les recherches en cours sur la qualité de l’air ou les
risques liés à l’industrie montrent notamment que les
populations défavorisées sont en proportion deux fois
plus nombreuses à vivre à proximité d’une industrie
polluante que les autres. En France, plus de 40 % des
personnes qui vivent en Zones Urbaines Sensibles (ZUS)
sont exposées aux risques industriels, soit deux fois plus
que dans d’autres quartiers (Champion et al., 2004).
Cependant, pour un même niveau d’exposition, les
effets sanitaires observés peuvent être différents selon la
vulnérabilité des personnes exposées. Par exemple, dans
l’estuaire de la Loire, les effets des émissions polluantes
ne sont pas les mêmes sur des populations résidentes,
peu mobiles, et sur des habitants plus aisés qui, tous les
week-ends partent sur la plage ou sur leur bateau.
Cependant, l’inégalité est un facteur dynamique qui
ne concerne pas uniquement l’aspect passif d’une
population soumise à une exposition, elle s’exerce
également par rapport à la capacité des habitants à se
mobiliser contre les nuisances subies.
3 - Les inégalités dans la capacité d’action et
d’interpellation de la puissance publique
Les habitants les plus défavorisés, plus ou moins à leur
corps défendant, acceptent le sort qui leur est fait par les
pouvoirs publics : ils ne s’insurgent pas, dans la mesure
où ils ont une information très parcellaire et très aléatoire,
qui leur permet de bien saisir le sens général des choses,
mais pas d’intervenir et d’agir concrètement. Dans l’esprit
des populations, l’environnement n’est pas appréhendé
comme une chance, revendiqué comme un droit, pour
prendre un nouveau départ, mais est assimilé, à travers
une vision statique et matérielle, au cadre de vie dont
il est difficile de se défaire. Or, la dimension affective,
le lien social, interviennent fortement dans la perception
qualitative du cadre de vie3. C’est d’ailleurs parce que
l’acceptation sociale des environnements dégradés est
plus grande chez les populations socialement vulnérables
que les infrastructures ou installations à risques peuvent
s’y implanter ou continuer à polluer impunément. C’est
sous l’effet de mobilisations d’habitants, d’associations et
de chercheurs impliqués, mus par un sentiment renouvelé
d’injustice, que cette acceptabilité sociale a commencé
à être ébranlée dans le contexte nord-américain de
lutte contre les discriminations raciales. (cf. l’article de
C. Gorrha-Gobin, dans ce numéro d’Air Pur).
3
Les travaux de S. Laugier
(2005) autour de la notion
de care apportent un
éclairage important sur ces
aspects sur lesquels travaille
également G. Faburel.
4
Angers (France),
Bonn (Allemagne),
Budapest (Hongrie),
Bratislava (Slovaquie),
Ferreira do Alentejo
(Portugal), Forli (Italie),
Geneva (Suisse) et
Vilnius (Lituanie).
Ce processus résulte de l’assimilation de l’environnement
à la qualité du cadre de vie et non pas à un droit inaliénable
pour tous. Cette vision réductrice de l’environnement
contribue à lui conférer un surcoût qualitatif que seuls
les plus nantis peuvent s’offrir et apprécier. A. Sen (1992)
considère qu’il y a entre les individus une importante
variation de la capacité à convertir les biens de base
en bien-être. Plutôt que de fonder la notion d’égalité
sur la répartition des ressources et des nuisances,
l’inégalité concerne la possibilité de choix et différencie
les individus contraints et prisonniers de la situation
présente de ceux qui peuvent se projeter dans l’avenir
et tirer profit au mieux de la situation dans laquelle ils
se trouvent…
A l’inverse, si les populations les plus défavorisées sont
passives, on peut s’interroger également sur la réalité des
préoccupations environnementales, signe d’un souci
du bien commun, ou instrument au service de l’intérêt
particulier ? Dans cette dernière hypothèse, le discours
environnemental mieux construit et mieux capté par
les populations les plus favorisées serait lui-même une
source d’inégalité quand il s’agit de reporter une source
de nuisances vers des territoires plus passifs.
Le logement, important facteur d’inégalités, cristallise des
influences aussi bien environnementales que sociales.
4 - L’importance du logement,
facteur d’inégalités environnementales
et sociales
Pourtant, selon A. Leclerc (Leclerc, 2008) : « Alors qu’au
XIXème siècle, l’habitat et les conditions d’habitation
étaient considérées comme un des éléments majeurs
des différences d’état de santé entre groupes sociaux,
au XXème siècle, la littérature sur ce sujet est relativement
marginale dans le débat sur les inégalités sociales
de santé. Elle est pauvre tant en ce qui concerne les
éléments explicatifs que les interventions »… Les effets
sanitaires de la pollution à l’intérieur des logements ont
été mis en évidence par l’étude LARES (Large Analysis
and Review of European housing and health Status)
conduite en 2002-2003 sur huit villes européennes4.
Cette étude, coordonnée par le centre européen de
l’OMS, avait pour objectif de mieux connaître l’impact
des conditions de logement sur la santé. Elle a permis
d’établir des corrélations entre certaines caractéristiques
du logement (ventilation, humidité, présence de
moisissures) et l’occurrence de symptômes non
spécifiques tels que maux de tête, irritation des yeux ou
des muqueuses… L’influence des classes sociales et de
la qualité du logement sur les pathologies observées a
été mise en évidence. Ce sont aussi des indications de
ce type que doit fournir l’exploitation, en cours, de la
base de données issue de la campagne d’investigation
effectuée sur 560 logements en France par l’OQAI
(Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur).
Les inégalités environnementales, difficiles à évaluer,
ne peuvent correspondre uniquement à des données
contextuelles qui définirait un individu surdéterminé,
elles s’appuient également sur des données psychosociales mais elles s’enracinent profondément dans
la nature humaine qui confère à tous les hommes des
droits fondamentaux.
5 - Inégalités environnementales et
inégalités sociales
A l’inverse, l’approche sociale des inégalités est
insuffisante pour rendre compte des fondements de
l’égalité, qui repose sur les droits de l’homme, bien audelà des notions de cultures et de droit politique.
La question de savoir s’il existe un socle commun,
partagé par l’ensemble du genre humain au-delà des
cultures, est cruciale à une période où les sociétés
se délitent tandis que les cultures, en s’uniformisant,
ont tendance, elles aussi, à perdre leur ancrage local.
Comme le dit A. Touraine (2007) : « Les constructions
que nous appelons sociétés, faites d’activités et de lois,
de hiérarchies et de solidarités, se dissolvent comme
si les monuments que nous concevions comme du
marbre n’étaient que des châteaux de sable qui ont
une apparence de solidité mais qui se délitent dans la
sécheresse du vent. Ce vent qui est devenu tempête,
c’est le mouvement accéléré des échanges financiers,
Air Pur N° 76 - 2009 - 7
économiques et médiatiques ; il souffle sur la planète
entière et met tout en mouvement. Là où existaient des
territoires, il n’y a plus que des flux ; là où étaient tracées
des frontières se répand la globalisation de l’économie.
Et nos institutions, nos lois, nos volontés politiques n’ont
plus prise sur ces influx planétaires ». Au-delà de ces
soubresauts de l’histoire, l’humanité a-t-elle un ancrage
fort dans une nature commune ?
B. Barret-Kriegel (1979, 1989) développe une analyse
comparée des notions des droits de l’homme et de celle
de droits naturels et montre, de façon très convaincante,
les clivages qui distinguent les deux notions : « La
Déclaration française ne fait pas purement et simplement
disparaître les droits naturels au profit des droits civils, mais
elle ne leur donne que la seconde place. L’invocation des
droits de l’homme est l’opérateur de l’institution d’une
citoyenneté politique ». Là où la Déclaration américaine
cherchait les droits de l’homme dans le respect de la loi
naturelle, la Déclaration française construit les droits du
citoyen dans la fondation d’une société civile. « Dans
le texte de 1789, ce qui, par comparaison avec le texte
de 1776 est évacué, c’est le rapport théologico-politique
de l’homme à Dieu, c’est l’ordre de la loi naturelle et,
ce qui est élimé, adouci dans son arête vive, c’est le
droit naturel ». Examinant la généalogie des deux textes,
B. Kriegel montre comment le premier peut se rattacher
à l’influence de Locke et de Spinoza, alors que le
second se rattache au cartésianisme comme au courant
du jusnaturalisme (Grotius, Pufendorf, Burlamaqui,
dont elle souligne qu’ils sont aussi des théoriciens de la
servitude volontaire), à la prééminence de la rationalité,
restaurée par Descartes. On peut opportunément
rappeler ici la conclusion de l’ouvrage : « De cette
rapide investigation, nous voudrions tirer une leçon pour
le développement même des droits de l’homme. Si ceuxci ne puisent nullement leur origine dans l’idéalisme
subjectif et le volontarisme juridique, mais comme nous
avons essayé de le montrer, dans les œuvres du droit
moderne qui maintiennent la référence à la loi naturelle,
cela signifie alors, pour qui croit et espère à leur avenir
et à leur déploiement, que la philosophie du droit doit
se réenraciner dans l’idée de loi naturelle ». On mesure
la proximité de cette proposition avec la problématique
de l’environnement.
En France, l’environnement est assimilé à un acte
citoyen dont la portée est beaucoup plus faible que la
revendication d’un droit naturel et universel à l’existence,
droit beaucoup plus fondamental que l’ensemble des
droits civils accordés par l’Etat (Charles, 2009). On
retrouve là l’influence de Durkheim qui insiste sur
l’importance des expériences de la vie collective qui
peuvent même expliquer le fait religieux. Il se détourne
du lien entre la religion et la nature qui s’expliquerait
par la crainte ou l’impuissance de l’homme devant une
nature encore sauvage et mal domestiquée. En revanche,
aux USA, la notion de « wilderness » est au centre de la
pensée de l’environnement qui s’enracine dans le droit
naturel au sein d’une relation forte de l’ensemble du
genre humain vis-à-vis de la nature.
« La reconnaissance de ce savoir fondé sur les lieux
(place-based knowledge), très attentif à la transformation
8 - Air Pur N° 76 - 2009
des corps, des milieux, de la faune ou de la flore,
de l’hydrographie ou du microclimat, est au cœur
de nombreuses approches dans la littérature nordaméricaine consacrée à la justice environnementale.
L’ouvrage récent de Jason Corburn (2005) consacré à
des mobilisations des populations de Broklyn sur les
questions de l’asthme, de la pollution de l’air et de la
contamination par le plomb, montre remarquablement
l’apport de cette « science de la rue » pour la connaissance
et la reconnaissance des inégalités environnementales »
(Emelianoff, 2007). L’expérience des populations, même
si elle ne dispose pas de l’ensemble des connaissances
scientifiques disponibles, représente un moteur pour
l’action. Le sentiment d’inégalité et d’injustice sert de
point de départ pour la construction de revendications
souvent étayées par des arguments sanitaires difficilement
contestables.
III – Les inégalités
environnementales,
moteur pour agir
Le sentiment d’inégalité sert de moteur pour la mobilisation
individuelle mais il prend aussi le sens d’une dynamique
particulière de relations liées à un concernement partagé.
Les caractéristiques environnementales communes
servent alors de « prise » pour mettre en œuvre une
action collective. Toute l’histoire de la santé publique
et de sa particularité nordiste que constitue la santé
communautaire, se situe dans cette perspective. « L’accès
aux ressources, aux biens, aux aménités, quels que soient
les moments ou les contextes, est profondément variable
dans l’espace comme dans le temps, et une grande
part de l’expérience humaine relève de la confrontation
à ces disparités spatio-temporelles, de l’effort pour les
réguler et en contenir les effets » (Charles, 2007a). La
prise de conscience de l’inégalité ne se traduit pas
toujours par une procédure juridique (cf. l’article de H.
Scarwell dans ce numéro d’Air Pur) puisque la justice,
en France, est plus démunie lorsqu’il s’agit de défendre
l’environnement des individus, souvent ramené à la
défense de la propriété individuelle et non pas à la
défense des droits fondamentaux. Contrairement aux
Etats-Unis (cf. l’article de C. Gorrha-Gobin dans ce
numéro d’Air Pur), la justice environnementale en France
n’est pas un mouvement de revendication populaire,
elle s’est plutôt imposée à partir d’investigations sur les
inégalités sociales de santé, notion de mieux en mieux
documentée (Fassin, 2000 ; Leclerc, 2008), qui ne peut
se penser en dehors de la question environnementale.
Néanmoins, à l’heure actuelle, la complexité de
l’environnement opacifie les motifs de l’action qui
s’effectue, la plupart du temps, dans un contexte
d’incertitude. L’histoire de la santé publique montre
une volonté d’action pour éradiquer la maladie et ses
inégalités.
A l’origine la santé publique était essentiellement
environnementale et s’appuyait sur l’identification et
l’explication des disparités pour établir une politique
préventive fondée sur l’éradication des facteurs de risque
identifiés (Rosen, 1993). Les cartographies minutieuses
des malades du choléra ou de la typhoïde ont permis
à Londres, comme à Saint-Etienne (Roussel, 2003),
de découvrir le lien entre l’eau polluée des fontaines
publiques et la maladie. L’hygiénisme, dans une vision
déterministe, a ainsi pu identifier les éléments toxiques
du « milieu » pour mieux les éradiquer.
L’étude de la peste par F. Audoin-Rouzeau (2003) a bien
mis en évidence le caractère inégalitaire de la maladie
qui touchait davantage certaines professions exposant
les ouvriers à un contact permanent avec des colonies
de rats. Les travailleurs de la viande, du cuir ou ceux
qui manipulent des grains, des farines, des étoffes ou
du papier sont souvent en contact avec les rats qui
trouvent dans les entrepôts leur nourriture. « La peste
fut une maladie des pauvres, une maladie des quartiers
insalubres, des logements misérables ». D’après l’auteur,
cette différence correspond aux caractéristiques du
logement et non pas à l’hygiène corporelle puisque la
malpropreté et la prolifération de parasites touchent
l’ensemble des classes sociales. La peste est la maladie
des taudis fréquentés par les rats qui sont chassés des
belles demeures. La prévention dès lors s’est exercée
aussi bien à travers l’éradication de l’habitat insalubre
qu’à travers les grandes campagnes de dératisation.
Ce qui montre l’imbrication des politiques sociales et
environnementales pour lutter contre les maladies.
L’importance grandissante des maladies chroniques non
infectieuses dans les pays industrialisés au cours du siècle
dernier (cancer, cardiopathies, diabète) a provoqué un
changement dans les recherches qui se sont intéressées
aux facteurs de risque en déplaçant l’attention des
facteurs environnementaux aux facteurs individuels,
notamment comportementaux et biologiques : c’est la
transition épidémiologique. Mais ces études présentent
des limites puisqu’elles dépouillent la notion d’habitude
de vie de son contexte social, pour se concentrer
presque exclusivement sur ses aspects comportementaux
volontaristes. « L’individu est laissé seul à batailler contre
ses vices. Or, les comportements n’expliquent pas tout
et les chercheurs en santé publique se préoccupent
de nouveau de l’environnement au travers d’études
de contexte (Macintyre, 1998 ; Diez-Roux, 1998). (...)
Ces études traitent essentiellement le contexte comme
un lieu géographique dans lequel le regroupement des
caractéristiques individuelles peut être étudié en relation
avec la maladie ». (Frölich, 2008).
Les progrès récents de l’épidémiologie, passée
« de la loupe de Sherlock Holmes au microscope
électronique » (Dab, 2007) ont mis en évidence l’impact
de l’environnement sur la santé à travers, par exemple,
la relation de mieux en mieux documentée entre la
pollution atmosphérique et la mortalité. L’identification
des risques sanitaires, en fonction de l’exposition à des
sources précises, permet de réduire les expositions mais
aussi de mieux identifier les personnes vulnérables.
Par exemple, des études suisses confirment que le fait
d’habiter près des grands axes de circulation automobile
expose à des effets respiratoires délétères, notamment
à la survenue de symptômes associés à l’asthme et à la
bronchite (Bayer-Oglesby, 2006).
L’exposition est certes inégalitaire et incite l’action
publique à éliminer les sources tandis que les
vulnérabilités sont génétiques et sociales donc à la fois
d’ordre individuel et collectif et relèvent de politiques
publiques plus orientées vers des considérations sociales
investiguées à travers l’épidémiologie sociale. Or cette
approche, en traitant les facteurs de risques sociaux de
la même manière que les risques environnementaux
ou comportementaux, butte sur la construction de
variables sociales pertinentes en dehors des indicateurs,
très insuffisants et descriptifs, que sont le revenu, le
niveau d’étude, le lieu de résidence. Ces facteurs de
risques relèvent d’un construit social et sont rarement
individualisés. L’objectif ne consiste pas à identifier ce
qu’il est convenu de nommer, de manière impropre,
des « déterminants » comme rural/citadin ou riche/
pauvre mais d’essayer de comprendre quels sont les
mécanismes qui contribuent à expliquer la relation mise
en évidence. Les variables utilisées en épidémiologie
sociale représentent plutôt des relations sociales que
des concepts objectifs. « Ce qu’il manque c’est une
discussion des relations entre l’agency (la capacité des
individus à déployer une panoplie de pouvoirs causals),
les pratiques (les activités qui font et transforment le
monde dans lequel on vit) et les structures sociales
(les règles et les ressources d’une société) » (Frohlich,
2008).
Ces considérations montrent quelles sont les limites de
l’épidémiologie, outil de quantification et de définition
des politiques préventives, si elle est déconnectée d’une
réflexion éthique sur la bonne santé et le bien fondé des
conduites à risque.
La santé communautaire représente, dans l’ancienne
région industrielle du Nord - Pas de Calais, un courant
fort qui se positionne précisément contre les inégalités
sanitaires dont la classe ouvrière pouvait être l’objet.
La santé communautaire représente un chemin vers
la promotion de la santé. Dans la région, au cours
des années 1960 – 1970, les habitants de milieu
populaire passent de la vie en courée ou d’habitat
peu salubre, vers celle des grands ensembles ; d’un
habitat horizontal, vers le vertical : « Ici, on se sent
tout seul. Pourtant, ça s’appelle grand ensemble. C’est
chacun pour soi. Nous retournons en courée », ont
dit et fait nombre de familles peu de temps après leur
emménagement. « On préfère affronter des problèmes
de propreté que de se sentir mal… ». Ce mouvement
correspond à la prise de conscience de la valeur sociale
de la santé relevant non pas de pratiques médicales
mais d’un traitement social. La santé communautaire
s’appuie sur la prise de conscience des difficultés de la
classe ouvrière et la nécessité de valoriser des pratiques
de santé prenant appui sur des démarches issues des
habitants eux-mêmes. On retrouve le lien entre les
inégalités et les mobilisations ayant pour motif une prise
de conscience du développement individuel et de la
nécessaire construction collective d’un environnement
meilleur pour « mieux vivre ensemble ». A travers une
orientation d’apparence essentiellement sociale, les
actions concrètes entreprises correspondent souvent à
des mobilisations en faveur d’un environnement plus
Air Pur N° 76 - 2009 - 9
sain. Il s’agit précisément de sortir l’environnement de
sa démarche victimaire illustré par des slogans tels que
« l’enfer du Nord » pour l’intégrer dans une démarche
de prise en charge, de contrôle de son univers par la
population elle-même. En 1968-69, selon P. Macquet5,
des habitants d’une courée ont protesté contre un fossé
qui était un véritable cloaque. Ils ont créé une association
et se sont organisés pour exposer la question. Des
mobilisations de ce genre sont nombreuses lorsque les
habitants prennent conscience des dangers et veulent
les éradiquer.
La création de la Maison Régionale de Promotion de
la Santé en 1990 et son animation par P. Macquet et
U. Battist représente une avancée considérable dans le
domaine de la prévention sanitaire.
Les mobilisations habitantes actuelles s’effectuent
essentiellement vis-à-vis du traitement des déchets :
décharges et incinérateurs. Les conflits autour d’un
incinérateur se construisent autour de la notion d’injustice.
Injustice dans l’inégale répartition spatiale des nuisances
induites par un équipement présenté comme dédié au bien
commun mais aussi injustice dans les indemnisations ou
le traitement des conflits. Le cas du conflit exercé autour
du projet d’incinérateur « Flamoval » permet de souligner
l’importance des modifications de l’environnement
et des effets possibles sur la santé pour faire réagir les
populations. Les associations regroupées contre le projet
sont animées par des médecins qui, en dépit des résultats
issus des études « scientifiques » sur les risques sanitaires,
jettent le discrédit sur le respect des normes. Outre cette
augmentation présumée des expositions nocives, le conflit
est alimenté par des considérations plus larges sur les gaz
à effet de serre et sur l’existence de solutions alternatives
pour le traitement des déchets. Le sentiment d’injustice
est également alimenté par des considérations territoriales
puisque l’aire de ramassage des déchets dépasse
largement le territoire qui aura à subir les nuisances
induites. L’impact sanitaire dénoncé est mobilisateur et
peu réfutable alors que 44 % des français considèrent que
leur santé est une des deux choses les plus importantes
dans leur vie6. Néanmoins, on peut s’interroger sur
l’utilisation de motifs sanitaires pour faire émerger les
craintes sur la dévalorisation foncière des terrains et des
biens. D’ailleurs, si la taxe professionnelle était considérée
par les élus comme un juste dédommagement, en étaitil ainsi de la part des riverains qui ignorent souvent son
existence et ses bénéfices ? Les dispositifs inventés en
matière de compensation sont encore timides en France
surtout dans une période où la taxe professionnelle est
remise en question.
Entretien avec P. Macquet
dans le cadre d’une étude
coordonnée par
I. Roussel (Roussel, 2008a).
5
Selon un sondage réalisé
en 2008 par l’INPES.
La santé vient loin derrière la
famille mais devant la
vie amoureuse et le travail.
6
10 - Air Pur N° 76 - 2009
La complexité de la relation entre l’environnement et
la santé se noue aussi bien au niveau individuel qu’au
niveau collectif. Néanmoins, dans une perspective
d’action publique, il est possible d’assimiler les facteurs
environnementaux aux conditions sur lesquelles il est
possible d’agir ce qui permet, comme pour la santé
publique, de passer de l’individu à une préoccupation
politique collective. L’action en santé environnementale
prend appui sur une prise de conscience individuelle
pour offrir des réponses collectives qui relèvent la
plupart du temps du registre de la prévention. A
l’inégalité individuelle se superposent des différences
dans les ressources collectives disponibles et mises en
œuvre. C’est en agissant collectivement sur les données
environnementales et sur les ressources auxquelles les
habitants ont accès qu’il est possible de répondre à des
aspirations sanitaires individuelles.
Cependant cette action est rendue difficile par la
multiplicité des facteurs en cause et l’inefficacité des
normes compte tenu de la faiblesse des doses mesurées
La complexité des facteurs mis en cause et la nécessité
de considérer le contexte dans sa dimension sociale rend
la gestion des inégalités environnementales difficile.
La diversité des situations étudiées peut permettre
de mettre en évidence des inégalités territoriales par
exemple entre le centre ville et les zones périurbaines
mettant en cause toute une série de facteurs relevant plus
de l’aménagement du territoire que d’une procédure
juridique.
L’exemple de la commune de Champlan (Roussel, 2008b)
est significatif à cet égard puisqu’il s’agit d’un véritable
« point noir » cumulant un ensemble de nuisances qui,
prises individuellement, respectent les normes mais dont
l’addition, à laquelle sont exposés les habitants, suscite
de nombreuses plaintes. Cet exemple montre que,
même avec des moyens déployés importants, la réponse
institutionnelle ne répond que partiellement à la question
posée. Les connaissances apportées se déclinent de
manière sectorielle et le cumul des nuisances n’est pas
pris en charge par les agences spécialisées. L’impact
sur la santé ne peut pas être évalué avec les méthodes
classiques qui sont démunies devant l’évaluation du
stress et de ses conséquences. On peut également
s’interroger sur l’absence de considérations sur les
solidarités territoriales et urbaines. Les infrastructures
génératrices de nuisances sont nécessaires pour le bon
fonctionnement de l’agglomération parisienne. Mais
pourquoi les inconvénients doivent-ils être supportés par
un petit nombre ? Les taxes professionnelles, valables
pour les nuisances industrielles ne devraient-elles pas
être étendues à d’autres infrastructures génératrices de
gêne pour les uns en dépit des bénéfices apportés à la
collectivité ? A un moment où les politiques publiques
se sont attachées à la revalorisation du centre des
villes, n’est-il pas temps d’imaginer des systèmes de
compensation de manière à mieux vivre ensemble
au sein d’agglomérations moins ségrégatives ? La
compensation se conçoit comme une internalisation
des coûts externes, un moyen qui, à long terme, oblige
les acteurs en présence à prendre en considération de
façon croissante la question environnementale dans
leurs choix d’aménagement (Gobert, 2008).
D’autres exemples pourraient être convoqués pour
montrer combien les inégalités environnementales
proviennent souvent des effets nuisibles émis par des
équipements utiles pour le confort de tous. Le rejet
des antennes relais par ceux qui sont tributaires de
leur téléphone mobile relève de ce cas de figure. La
modernité génère des nuisances qu’il est difficile de
faire supporter par un petit nombre sans apporter des
compensations.
L’analyse de ces situations montre la complexité
de la gestion des inégalités puisque leur traitement
environnemental par l’éradication des sources n’est pas
possible dans une société qui, par ailleurs, réclame un
certain nombre d’éléments de conforts. Le traitement
social de ces inégalités, à savoir la résorption des poches
de pauvreté demande du temps et des considérations
éthiques sur le bien fondé de politiques fondées sur la
redistribution.
CONCLUSION
Ces réflexions sur les inégalités environnementales
posent un certain nombre de questions ne serait-ce que
par l’évaluation de ce type d’inégalités qui ne correspond
pas à la métrique statistique assise sur des divisions
administratives incapables de saisir les phénomènes
environnementaux. D’autre part, il est vain de vouloir
séparer et opposer les inégalités environnementales et
sociales puisque les premières permettent d’identifier
les sources qui seraient en cause tandis que les secondes
mettent l’accent sur les vulnérabilités des individus qu’il
convient de prendre en compte au sein d’une société
plus solidaire.
Dans le domaine de la santé, les inégalités
environnementales relèvent du secteur de la prévention
qui dépasse largement le cadre de la gestion du risque à
travers les normes dans lequel elle est parfois enfermée.
Ce dispositif laisse de côté des éléments aussi importants
que le stress, la perception ou le souci de l’autre (le care)
tout aussi essentiels dans la gestion de l’adaptation de
l’individu à son environnement, cette adaptation étant
une source de bonne santé voire même de bonheur.
Le changement climatique élargit la notion de justice
environnementale en interrogeant l’ensemble de
l’humanité sur le partage des ressources et sur l’inégale
répartition des richesses dans une perspective de
raréfaction des énergies fossiles et de « décarbonisation »
du monde.
L’assimilation de l’environnement au cadre de vie ou à
un contexte a tendance à « décharner » cette notion qui,
au contraire, doit participer à la construction du bienêtre et du bonheur. N’est-il pas temps de s’interroger,
d’un point de vue éthique, à la notion de bien être
dans la mesure où accumuler les biens matériels ne
résoudra jamais le problème des différences de statut
(Maurin, 2009) telles qu’elles sont perçues en dépit
de l’enrichissement objectif. Fixer le bonheur comme
objectif implique de créer une société plus égalitaire.
« La science a résolu le problème du déficit matériel, au
moins dans les pays développés, mais nous n’avons pas
résolu le problème intime de la régulation de nos désirs
et de nos émotions. Cela va devenir très important. Je suis
convaincu qu’il faut une révolution dans l’éducation. Il
faut se concentrer autant sur ce dont nous avons besoin
pour avancer dans la vie, mais sur les valeurs et la
construction de la personnalité » (Layard, 2007).
Cette vision des inégalités doit prendre en compte
l’aspiration des individus au-delà de toutes les normes
et des possibilités de quantification.
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