Introduction
À côté de l’actuelle revue annuelle, la Société autrichienne des Études du XVIIIe siè-
cle se propose d’éditer une nouvelle série d’études en langue non-allemande. Pour
le premier volume, le choix de la langue française s’est naturellement imposé, étant
donné que c’est elle qui était, pour ainsi dire, la « lingua franca » du XVIIIe siècle.
Ce volume n’aurait pas pu être lancé sans l’aide précieuse du « Winkler-
Verlag Bochum », qui nous encouragea à faire le saut. Je remercie aussi très cha-
leureusement M. Wolfgang Schmale, président de la Société autrichienne des Étu-
des sur le XVIIIe siècle, ainsi que les membres du comité permanent, de m’offrir la
possibilité de publier mes textes français ; je suis particulièrement reconnaissante à
Michèle Galand (Université libre de Bruxelles) d’avoir relu beaucoup de ces textes,
écrits au cours de longues années, à l’occasion de journées d’étude, de réunions et
de congrès internationaux en France, en Belgique et en Italie ; ces pays-là consti-
tuent l’espace privilégié de mon champ d’investigation, qui est déterminé par deux
grands axes de recherche.
Les Pays-Bas autrichiens, pratiquement la Belgique actuelle, furent décernés à la
Monarchie des Habsbourg par le traité de Rastatt en 1714. Les premières années
furent difficiles, et ni le gouvernement du prince Eugène de Savoie ni celui de
l’archiduchesse Marie-Élisabeth, soeur de l’empereur Charles VI, n’ont vraiment pu
intégrer ces provinces dans l’Empire habsbourgeois ; c’est Charles de Lorraine qui
comprendra mieux que tout autre le caractère des Belges et qui gagnera les faveurs
de ce pays, au bénéfice de sa belle-soeur, Marie-Thérèse, arrivée au pouvoir après
la mort de son père en octobre 1740.
Les collaborations avec le professeur Claude Bruneel de l’Université Lou-
vain-la-Neuve, lancées en 1989 par le professeur Moritz Csáky de l’Université de
Vienne, ont entamé une longue période d’échanges fructueux, auxquels j’ai partici-
pé. Nos recherches sur l’histoire de ces provinces pendant la période autrichienne
se sont concentrées sur l’étatisation et la bureaucratie, et sur les fonctionnaires aux
différents niveaux de l’administration. En travaillant dans les différents fonds des
Archives de l’État à Vienne et des Archives du Royaume à Bruxelles, nous avons
étudié les aspects professionnels, familiaux et sociaux de ces agents, qui se sen-
taient liés aux Habsbourg en tant que souverains légitimes, malgré la tension per-
manente créée par les velléités centralisatrices de la politique viennoise et le parti-
cularisme « belgique ». Cela n’empêcha d’ailleurs pas de nombreux serviteurs de la
Monarchie de se déplacer d’une capitale à l’autre tout au long des huit décennies
du régime autrichien ; dès lors, la fin de la période autrichienne, marquée par
l’invasion des troupes françaises, leur posera souvent un conflit de conscience. Les
textes dédiés à ce sujet-là tâchent d’en fournir des éclaircissements.