B. VALENZA, J.M. FERRERO, L. VANESLANDE, P.Y. MARCY
clichés pondérés Tl, T2 avec et sans injection de
Gadolinium, qui montre une prise de contraste nodulaire
multifocale intra-canalaire dorsale et lombaire en regard de
D4/D5, D8, DU, L5/5l, 52/53. Ces localisations intra-
canalaires, extra-médullaires correspondent à un essaimage
métastatique par voie méningée (épidurite métastatique
dorsa-lombaire étagée).
Une irradiation de L4 à 52 (20 Gy en 5 séances) est déli-
vrée en janvier 1994, suivie d'une chimiothérapie par Cis-
Platine- Navelbine mensuelle.
Après deux cycles de traitement, l'apparition de signes
d'hypertension intracrânienne d'une hémiplégie droite et
d'un état de mal convulsif conduit au décès de la patiente.
DISCUSSION
Le carcinome pulmonaire à petites cellules représente le
type histologique le plus souvent responsable de compres-
sion médullaire métastatique. Cependant, l'adénocarcinome
est également retrouvé dans environ 20% des cas; le rachis
dorsal haut en est le site préférentiel. L'intervalle libre entre
le diagnostic de la tumeur primitive et la métastase rachi-
dienne est plus court lorsqu'il s'agit d'un carcinome à
petites cellules (l mois) par rapport à l'adénocarcinome (12
mois) pulmonaire. La douleur rachidienne reste longtemps
le maître symptôme et doit faire pratiquer, dans ce contex-
te, une IRM ou une myélographie à la recherche, en
l'absence d'atteinte osseuse, d'une métastase épidurale
retrouvée dans plus de 50% des cas.
Le syndrome de la queue de cheval tumoral est le plus sou-
vent induit par une tumeur primitive, les métastases repré-
sentant une étiologie plus rare.
Devant une épidurite métastatique, l'IRM constitue l'exa-
men radiologique de choix. Il est atraumatique (comparé à
la myélographie), reproductible permettant de juger de la
réponse au traitement par radiothérapie et/ou chimiothéra-
pie. Elle constitue l'iconographie de choix avant un geste
chirurgical localisé (laminectomie), permet d'explorer plu-
sieurs segments rachidiens voire la totalité du rachis et
d'effectuer un bilan complet des lésions devant une épiduri-
te pluri étagée comme celle retrouvée dans le cas clinique
decrit.
De plus l'IRM peut révéler des lésions osseuses contiguës
ou à distance, asymptomatiques, non décelées par la radio-
graphie conventionnelle.
Le traitement de la compression médullaire métastatique au
cours d'un cancer du poumon est très controversé. Pour
Dickson (1), les formes déficitaires et/ou hyperalgiques doi-
vent bénéficier systématiquement d'un geste chirurgical
avec voie d'abord antérieure. La radiothérapie et/ou chi-
miothérapie sont indiquées lorsque les métastases sont
pauci-symptomatiques, de découverte radiologique, ou
lorsque le patient est inopérable. Pour Bach et coll. (2), le
meilleur traitement d'une compression médullaire métasta-
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tique àpartir d'un cancer pulmonaire non àpetites cellules
est l'association laminectomie-radiothérapie post-opératoi-
re.
L'évolution sous traitement est corrélée au statut neurolo-
gique lors du diagnostic et àla précocité de la prise en char-
ge thérapeutique. Tous traitements confondus, on retrouve
sur une étude de 202 patients une préservation de la fonc-
tion déambulation chez 97% des patients qui marchaient
avant le traitement et une restauration de la motricité chez
19% des patients paraplégiques avant traitement (2). Watson
et coll. (3) confirment la place de l'IRM dans le bilan d'une
métastase épidurale mais aussi dans la détection précoce de
l'atteinte vasculaire vertébrale qui constitue un des pre-
miers signes en faveur d'un processus métastatique local,
l'occlusion de l'artère vertébrale conduisant au déficit neu-
rologique. Il propose une irradiation prophylactique sur les
zones douloureuses rachidiennes, guidée par TDM, IRM,
scintigraphie, pour prévenir la survenue d'une compression
médullaire.
CONCLUSION
Le syndrome de la queue de cheval est rarement révélateur
d'une épidurite métastatique. La récupération des fonctions
sphinctériennes après traitement est d'autant plus difficile
que le déficit neurologique est important au moment du
diagnostic. L'association laminectomie-radiothérapie post-
opératoire semble être la meilleure association devant une
atteinte mono-étagée. Dans notre cas clinique, l'épidurite
étendue empêchait toute intervention chirurgicale.
L'IRM permet le diagnostic positif d'une épidurite métasta-
tique et de lésions osseuses infra-radiologiques. Elle parti-
cipe au diagnostic précoce conduisant à une rapide prise en
charge thérapeutique dont dépend l'amélioration clinique
du patient.
BIBLIOGRAPHIE _
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3 - WATSON P., SPIRO S.G., BARRETT-LEE P., HANSELL
D.H., DEWISON D.M., FULLER R.W., COLLINS J.V.
Managing spinal cord compression in small cells lung cancer.
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