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Tuer un supérieur, et particulièrement un chef d’État, signifie souvent éliminer l’élu d’un dieu, voire
un dieu dans le cas du pharaon. Dans tous les cas, cela attire le désordre, ce qui est jugé bien plus
grave que la pire des tyrannies. En revanche, la violence politique ne choque pas si elle vient du
pouvoir. Une cité, un pharaon ou un empereur peuvent parfaitement ordonner la destruction d’une
cité et de ses habitants. Cela fait partie de leur devoir, afin d’assurer la paix.
On dénigre également la violence lorsqu’on la perçoit comme déséquilibrée : un soldat qui
s’attaque à un vieillard sera immédiatement déshonoré. Toutefois, rien n’interdit de remettre un
inférieur à sa place par une bonne correction. C’est faire couler le sang qui passe mal. En effet, le
sang est considéré comme impur et, en dehors du contexte d’une guerre ou d’un conflit, les grecs
éviteront au maximum de verser le sang.
L’argent
Aucun tabou n’entoure non plus la richesse en tant que telle. Vouloir s’enrichir, en revanche, est
inconvenant. Les États disposaient donc d’un arsenal législatif permettant de limiter soigneusement
les ascensions sociales. Sparte avait même restreint la propriété privée et interdit l’usage de la
monnaie. D’une façon générale, ça ne faisait pas chic, pour un aristocrate, de s’intéresser de trop
près à l’argent. On confiait généralement la comptabilité à des esclaves spécialisés, pour se
concentrer sur la politique, la guerre ou la philosophie.
Par contre, rien n’interdisait d’accroître sa fortune en faisant la guerre à ses voisins. Pour les
Antiques, la guerre apparaîssait comme une activité glorieuse, qu’un copieux butin récompensait
avec justice.
Vous l’aurez compris, pour les Antiques, les inégalités sociales ne sont pas choquantes, car les
hommes n’étaient pas considérés comme semblables en valeur. Les inégalités n’étaient pas
combattues mais bien entretenues, car voulues par les dieux. La vie d’un aristocrate valait bien celle
de 10 000 esclaves.
L’esclavage n’a donc rien de scandaleux : les esclaves représentent la moitié de la population
d’Athènes, cité démocratique par excellence. L’affranchissement est rare, il se fait généralement
après la mort du maître (par testament) et récompense un dévouement exceptionnel.
Mais comme déjà mentionné, l’esclave grec peut être considéré comme la « vitrine » de son maître,
ce qui fait que les esclaves en Grèce antique sont généralement bien traités. Plus il sera propre,
bien habillé et bien éduqué, plus on considérera son maître comme quelqu’un de riche et puissant.
La sexualité
Le sexe n’implique aucun engagement, ni aucune volonté procréatrice. Les rapports homosexuels et
la sexualité de groupe ne provoquent pas de véritables réprobations. En revanche, même si chacun
fait ce qu’il veut chez soi et qu’au fond tout le monde s’en tape, il n’est pas non plus totalement
accepté de parler librement de ses exploits ou de ses soirées « tous à poils à l’agora »
publiquement.
Trois limites importantes existent toutefois. L’inceste, d’abord, comme dans toutes les cultures, est
totalement proscrit. L’adultère, en particulier celui de la femme, par les problèmes de filiations qu’il
peut provoquer, n’est pas davantage toléré. Enfin, passé un certain âge, un homme respectable ne
peut pratiquer la sodomie que de façon active et non passive, surtout avec ses esclaves.
Comme toutes les règles de morale, ces prescriptions ne sont pas toujours respectées. Mais ceux
qui les enfreignent se retrouvent au minimum marginalisés, quand ils ne sont pas lourdement
punis. Notez par ailleurs que ces règles ne valent que pour les membres d’un même peuple, qui
partagent la même religion. Un Perse n’aura par exemple aucun scrupule à voler dans un temple
grec.