Génétique générale appliquée au lapin
Jeudi, 11 Mars 2010 11:48 - Mis à jour Jeudi, 18 Novembre 2010 18:33
Génétique générale appliquée au Lapin de race p
ar Samuel BOUCHER
Qu'est-ce qu'un caractère?
Avant toute chose, il convient de retenir que la génétique n'est pas faite uniquement de
raisonnements simplistes mettant en jeu un ou plusieurs gènes majeurs récessifs ou dominants
ayant des actions tranchées et répondant aux sacro-saintes lois dites de Mendel. En génétique,
tout n'est pas noir ou blanc.
Cela étant, la connaissance des lois de Mendel et de ses applications doit être connue car elles
sont à la base de tout raisonnement en génétique.
Pour bien comprendre les phénomènes héréditaires, l'esprit demande une classification des
choses. C'est pourquoi nous traiterons avant tout de la différence de classification des
caractères.
Le phénotype et la variation des caractères
Le phénotype (l'aspect extérieur d'un lapin) peut se décomposer en trois catégories : les
caractères qualitatifs, quantitatifs et méristiques.
Les caractères qualitatifs :
Ils se définissent par une qualité facilement définissable. C'est le cas des couleurs, du port des
oreilles, de la texture des poils par exemple.
Avec un caractère qualitatif, il est difficile de se tromper quand on veut classer les animaux. En
général, soit ils présentent ce caractère, soit ils ne le présentent pas. Ainsi, un lapin est noir ou
ne l'est pas. Il est bélier ou ne l'est pas.
De ce fait, la variation au cours des croisements est dite discontinue. Dans les portées, il naît
des lapereaux qui présentent ou ne présentent pas le caractère envisagé. Il n'y a pas de
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continuité due aux gènes en cause dans la variation du phénotype. C'est avec ces caractères
qualitatifs qu'il est le plus facile de raisonner et d'appliquer les règles simples des lois de
Mendel.
Les caractères qualitatifs sont donc régis avant tout par des gènes en faible nombre (un seul
souvent). Ainsi, un lapin sera agouti s'il possède le seul allèle A+.
Comme le gène est capable de produire un caractère seul (parfois en interaction avec d'autres
gènes), on parle de gène majeur. La transmission des caractères est alors remarquable.
L'environnement influe peu sur la modification du phénotype.
Bien entendu, il y a quelques exceptions dont la plus connue chez le lapin est la production de
pigments noirs sur les lapins himalayens. On considère généralement que les himalayens - de
façon simplificatrice - ont pour génotypech/ch. Ce génotype autorise alors la production de
robes blanches avec des extrémités colorées.
C'est le cas du Russe. Or, le phénotype d'un Russe variera en fonction de la température. Plus
il fera froid, et plus l'animal qui possède les deux allèles ch/ch dans son génotype sera
intensément coloré. On dit qu'il y a eu
une interaction entre l'environnement du lapin et son génotype. De ce fait, des lapins qui
possèdent le même génotype (Russe c
h
/c
h
) peuvent avoir des phénotypes (apparences) variables (ils sont plus ou moins foncés).
Avec tous ces caractères qualitatifs, on raisonne de façon simpliste et il ne faudrait pas vouloir
expliquer les détails de ce que vous observez sur un lapin simplement avec de tels
raisonnements. Ils ne sont là que pour nous aider à comprendre les choses. Ainsi, un des
caractères qualitatifs est la production d'une robe chinchilla. Pour qu'un lapin ait une robe
chinchilla, il faut qu'il possède les deux allèles du gène chinchilla à savoircch/cch. Il s'agit d'un
gène majeur récessif par rapport au gène d'entière coloration noté C+. Or, vous savez
qu'un chinchilla peut avoir une rosette plus ou moins bien définie avec une extension de
l'entre-couleur plus ou moins étendue. Il peut par ailleurs posséder des zones légèrement
orangées. En fait, tout cela est dû à des polygènes dits modificateurs qui « modifient »
l'expression du caractère majeur « chinchilla ».
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En résumé, un lapin qui possède le ou les gènes codant pour un caractère apparaît
globalement comme on pourrait l'attendre (exemple chinchilla) mais dans le détail de nombreux
autres gènes permettent à sa robe d'apparaître légèrement modifiée (entre-couleur plus ou
moins étendue, présence de quelques pigments phaéomélaniques). Nous verrons ces
phénomènes dans un autre chapitre mais il est bon de les avoir sans cesse à l'esprit lorsqu'on
travaille en génétique du lapin.
Les caractères quantitatifs
Les caractères quantitatifs sont parfois aussi appelés métriques. Ils peuvent en effet être
mesurés d'une façon où d'une autre. Par exemple, la longueur des poils est un caractère
quantitatif. On peut en effet mesurer sa valeur. Il n'y a pas de variation discontinue avec ces
caractères mais une variation continue. En effet, toutes les valeurs sont observables sur une
population de lapins donnée. Il existe tous les intermédiaires entre des valeurs extrêmes. Ainsi,
chez le lapin, en ce qui concerne la longueur des poils, il est possible de trouver la valeur 0 sur
les lapins nus (ne serait-ce que les petits à la naissance) et plusieurs centimètres sur des
angoras. En cherchant bien, il est également possible de trouver des lapins qui auront des
tailles de poils représentant tous les intermédiaires. En général, on peut représenter ces
variations sur une courbe dite de Gauss. On observe alors que pour un même caractère, on a
beaucoup d'animaux situés dans la moyenne et peu qui se situent dans les valeurs extrêmes.
Ainsi, on trouvera sur l'ensemble des lapins français beaucoup de lapins présentant des poils
d'environ 3 cm mais beaucoup moins avec des poils de 15 cm.
L'expression des caractères quantitatifs est en général beaucoup plus soumise à l'action de
l'environnement que les caractères qualitatifs. L'environnement est à considérer au sens large.
On inclut dans ce terme en génétique tout ce qui est dû à l'alimentation, l'ambiance (humidité,
température...), l'élevage...
Ainsi, en ce qui concerne les gènes d'adiposité, il se peut qu'un lapin possède des gènes
d'obésité (fréquents sur les petites races comme le Perl feh) mais qu'il reste maigre. Pour cela il
suffira de ne pas le nourrir suffisamment.
Par ailleurs, on admet sans pouvoir toujours le démontrer que les caractères quantitatifs sont
régis par un grand nombre de gènes. Chacun des gènes a un effet peu marqué sur le caractère
et c'est la somme de leurs effets qui est visible par l'observateur. On parle en général de
polygènes. Il en va ainsi de la panachure de type plaquée (Hollandais). Le tout début de son
expression est la présence de quelques poils blancs dans la fourrure. Ces quelques poils
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blancs sont présents parce que le lapin a quelques polygènes de panachure. Le stade suivant
est la formation de quelques touffes (ou mouchets) blanches, voire d'un ongle dépigmenté.
Ensuite, on observe tous les intermédiaires jusqu'à l'obtention d'un animal blanc aux yeux
bleus, stade ultime de l'envahissement de la fourrure par la panachure.
Les caractères méristiques
On appelle ainsi des caractères qui varient par seuil. On peut en effet les mesurer comme les
caractères quantitatifs mais ils varient de façon discontinue.
Prenons l'exemple de la taille de la portée. On peut bien sûr compter les lapereaux et on ne
compte pas par demi lapin né mais bien en nombres entiers. La mesure est discontinue. On ne
tient pas compte des chiffres « derrière la virgule ».
Ces caractères sont également régis par des polygènes par définition nombreux. En réalité, il
faut attendre que leur accumulation ait atteint un certain seuil pour qu'ils s'expriment. Ainsi, petit
à petit, le nombre de polygènes dans une population augmente au cours du temps. Chez un
individu, les polygènes seront un peu plus nombreux d'une génération à l'autre permettant
théoriquement l'obtention de 0,1 puis 0,2, puis 0,3 petits supplémentaires sans bien sûr qu'ils
ne soient produits dans un nid. A partir d'un certain seuil, on passera de 0,9 à 1 petit
supplémentaire. Le seuil étant franchi, on obtiendra réellement le petit dans la portée. La
sélection doit alors se faire sur un ensemble d'animaux avec des méthodes statistiques
adaptées. Ces caractères sont difficiles à sélectionner et les méthodes appliquées ne sont pas
les mêmes que celles que l'on emploie avec les caractères qualitatifs.
Hérédité des caractères qualitatifs ou génétique factorielle
Ce type de gymnastique spirituelle est encore appelée génétique mendélienne. Elle ne
s'intéresse qu'aux gènes majeurs qualitatifs. Dans l'exposé, pour des raisons de clarté de
calligraphie, nous noterons un gène par ses deux allèles. Ainsi, le gène d'albinisme sera noté
c/c par exemple. En toute rigueur, on devrait noter le génotype entre parenthèses et le
phénotype entre crochets.
Les grandes lois de l'hérédité : cas d'un seul gène en cause
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Ce sont les lois dites de Mendel du nom du moine autrichien qui les a mises en évidence en
travaillant sur les petits pois. Elles s'appliquent bien entendu aux animaux mais il a fallu
attendre Cuénot pour être persuadé de cette évidence. Elles ont cependant leur limite dans
l'explication des phénomènes héréditaires.
Nous n'évoquerons pas les cas où les gènes sont portés par des chromosomes sexuels car les
exemples sont peu nombreux en cuniculture et toujours absents de la génétique de coloration
des robes.
Prenons le cas d'un couple de gènes en cause. Nous choisirons pour la démonstration le gène
agouti A+ et le gène noir a.
Nous supposerons que les lapins sont homozygotes (encore appelés purs) pour les allèles
considères. Un gène est alors formé de deux allèles semblables. Le lapin agouti aura pour
génotype (ensemble des gènes) A+/A+ et le lapin noir aura pour génotype a/a.
Le lapin ou la lapine produisent des gamètes (spermatozoïdes et ovules) ou cellules sexuelles.
Ces cellules ont un nombre de chromosomes diminué de moitié par rapport à toutes les autres
cellules de l'organisme. En effet, pour respecter le nombre de chromosomes des cellules d'un
individu, il faut que chaque gamète contienne la moitié de l'ensemble du matériel génétique qui
sera rassemblé lors de la fécondation (assemblage des gamètes mâle et femelle) au sein d'une
cellule œuf (ou zygote). C'est en effet à partir de cette cellule qui va se diviser que naîtront
toutes les cellules de l'embryon et donc du futur individu. Elles auront toutes le même matériel
génétique.
Dans le cas des lapins cités, les cellules de l'agouti auront toutes deux allèles A+/A+. En
revanche, les gamètes auront seulement la moitié de ces allèles soit A+. En associant un ovule
A+ d'une lapine agouti avec un spermatozoïde de lapin agouti A+, on obtiendra une première
cellule A+/A+ qui se divisera autant de fois qu'il le faudra en reproduisant fidèlement son
génotype A+/A+. Le lapereau issu de deux parents homozygotes (purs) sera donc lui aussi
agouti.
Il en va de même du lapin noir. Le croisement de deux lapins noirs donnera des lapins noirs
uniquement.
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