les étoiles et invente le calendrier. De l’intérieur de Tiamat il fait la nuit. De la tête de Tiamat des
sources d’eau coulent et de ses yeux sortent deux grands fleuves, le Tigre et l’Euphrate.
Après une lacune, le texte relate la création de l’homme. Mardouk veut créer les hommes pour les
charger du service des dieux. Ea suggère de tuer le dieu Kingu qui était à la tête de l’armée de Tiamat.
Ea crée l’homme à partir du sang de Kingu (les hommes ont donc du sang divin). Ensuite on construit le
temple de Mardouk à Babylone. Bien qu’Ea soit le créateur de l’homme, le texte se conclut par une liste
de cinquante noms de Mardouk, et appelle l’humanité à vénérer Mardouk qui a créé les hommes afin
qu’ils servent les dieux et leur permettent d’avoir une vie agréable. Mardouk n’est pourtant pas à
l’origine un dieu créateur, mais il reçoit ce rôle au moment où il devient le dieu le plus important dans le
panthéon babylonien.
La création comme combat
L’intervention d’une puissance ordonnatrice qui transforme l’informe, pour en laisser émerger l’ordre
nécessaire à la vie est un thème mythologique fondamental. L’idée que l’univers est le résultat de la
victoire contre le chaos est largement répandue, en Egypte, en Mésopotamie, en Syrie-Palestine, en
Grèce aussi qui la reprend dans l’histoire d’Andromède et Persée. Le combat contre le chaos, qu’il soit
monstre chaotique ou une masse informe, est donc un combat de création. Sur le mal battu, ou sur le
chao qui a pris forme, se construit le monde stable et vivable.
Mais le mal, le chaos est toujours là, la création repose sur lui. Il a été repoussé aux frontières du
monde ordonné, mais si ces frontières lâchent, le monde et la vie retournent au chaos. Le monde risque
ainsi toujours une catastrophe, il est à la merci de la volonté des dieux, qui peuvent l’anéantir, comme
par exemple dans le mythe du déluge, ou de la faillibilité humaine. Car si le monde existe, c’est parce
que des règles précises ont été instaurées, que chaque élément de ce monde, homme, animal, végétal,
doit respecter. Or, et c’est aussi un thème fondamental des cosmologies, l’homme à une fâcheuse
tendance à transgresser ces règles fondamentales et à mettre ainsi le monde lui-même en danger.
Les mythes de création dans la Bible hébraïque
La Bible hébraïque ne présente pas de récit de création du dieu d’Israël, Yahwéh, contrairement à ce
qu’on trouve dans la mythologie grecque. Certains Psaumes contiennent par contre des allusions au fait
que Yahwéh aurait créé le monde par un combat contre des forces aquatiques (Léviathan, voir le
Psaume 74) ou par enfantement (voir le Psaume 90). C’est surtout aux chapitres 1 à 3 du premier livre
de la Bible, le livre de la Genèse, que se trouvent les récits de création de l’univers et de l’humanité Le
nom Genèse est issu du grec et signifie précisément “commencement”. Les premiers chapitres du livre
de la Genèse (Genèse 1 à 11) présentent en fait un cycle des origines qui traite des grandes questions
de l’humanité : l’origine du monde, l’origine de l’homme, la différence entre l’homme et la femme,
l’origine de la violence (Caïn et Abel), la fragilité de la création (déluge), la diversité des langues et des
civilisations (tour de Babel).
Une lecture attentive des chapitres consacrés à la création du monde et de l’homme (Genèse 1 - 3)
montre qu’en réalité, cette création est racontée deux fois; un premier récit de création commence en
Genèse 1, verset 1 (Gn 1,1) et se termine en Genèse 2, verset 4 (Gn 2,4). À partir de Gn 2,5 jusqu’à la
fin du chapitre III, c’est un autre récit qui commence, le plus connu puisqu’il met une scène les figures
d’Adam et Eve. La création de l’homme, des végétaux et des animaux y est à nouveau racontée, mais
de manière différente, et dans un ordre différent. Les chercheurs en ont conclu depuis longtemps qu’on
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