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Chapitre 2.1.20. — Fièvre de West Nile
Manuel terrestre de l’OIE 2008 415
incluant des régions d'Europe, d’Afrique, d'Asie, d'Australie (virus Kunjin), d'Amérique du Nord, centrale et du
Sud. La dispersion ainsi que la réintroduction du virus à partir de secteurs enzootiques vers des régions qui
subissent des épizooties sporadiques s’effectueraient par les oiseaux migrateurs (6). Le WNV se maintient grâce
à un cycle de transmission moustique-oiseau-moustique, tandis que les humains et les chevaux sont des
impasses épidémiologiques. L'analyse génétique des isolats divise les souches en deux clades. Les isolats de la
lignée 1 sont isolés en Afrique centrale et du Nord, en Amérique du Nord et Centrale, en Colombie et en
Argentine en Amérique du Sud (18), en Australie (virus de Kunjin), en Europe, en Inde et en Israël. Les souches
de la lignée 2 sont enzootiques à Madagascar et en Afrique australe et centrale avec une cocirculation des deux
lignées du virus en Afrique centrale (3, 7). Récemment, un rapport a fait état de la présence de la lignée 2 en
Hongrie. Les souches de chaque lignée sont responsables des maladies humaines et animales tandis que les
épidémies humaines et équines récentes sont provoquées par des virus appartenant à la lignée 1.
Le virus de la fièvre de West Nile a été identifié comme étant un organisme pathogène humain en Afrique durant
la première moitié du 20e siècle. Bien que plusieurs épidémies de fièvre de West Nile aient été décrites,
l'encéphalite comme conséquence de l’infection humaine n’a que rarement été décrite avant 1996, mais depuis
lors, des épidémies d'encéphalite humaine causées par le WNV ont été rapportées en Roumanie, Russie, Israël,
Amérique du Nord, France et Tunisie (4, 11, 13, 15, 33). Pendant les années 1960, la fièvre de West Nile chez
les chevaux a été signalée en Égypte et en France (23, 25). Depuis 1998, des manifestations de fièvre de West
Nile ont été rapportées en Italie, en France, au Canada, aux États-Unis d’Amérique, en Israël et au Maroc (8, 14,
19, 21). En occident, la répartition géographique du virus s’est nettement agrandie partant d'une petite région le
long de la côte Est de l'État de New York pour inclure les états contigus des États-Unis d'Amérique, le Canada, le
Mexique, les îles des Caraïbes, l’Amérique centrale, l’Argentine, la Colombie et le Venezuela (10, 18, 21, 30). En
dehors des États-Unis et du Canada, l’introduction du WNV dans les régions occidentales n’a pas été
caractérisée par de grands foyers de la maladie dans une espèce en particulier, ni par une mortalité significative ;
cela pourrait être dû à l’exposition auparavant à des flavivirus indigènes présents dans ces régions.
La période d'incubation de la fièvre de West Nile est estimée de 3 à 15 jours après la transmission par les
moustiques. Une virémie passagère accompagnée d’un faible titre de virus précède le début de la phase clinique
(5, 25). L’encéphalite due au WNV se produit seulement chez 1 % des chevaux infectés ; la majorité des chevaux
infectés ne présente pas de signes cliniques (21). La maladie chez les chevaux est fréquemment caractérisée par
une ataxie allant de légère à sévère. De plus, les chevaux peuvent présenter des signes de faiblesse, de
tremblements musculaires et des déficits des nerfs crâniens (8, 21, 22, 27). La fièvre n’est pas présente de
manière systématique. Le traitement est symptomatique et les signes cliniques peuvent progresser jusqu’à un
décubitus final. Le taux de mortalité est approximativement de 1 sur 3 chevaux cliniquement affectés. Le
diagnostic différentiel chez les chevaux inclut d'autres encéphalites arbovirales (par exemple, les
encéphalomyélites équines vénézuélienne, de l’Est ou de l’Ouest et l’encéphalite japonaise), la myélite équine
protozoaire (Sarcocystis neurona), l’herpesvirus équin 1, la maladie de Borna et la rage.
La plupart des espèces aviaires peuvent être infectées par le WNV ; les conséquences de la maladie clinique
sont variables. Les poulets et les dindes sont résistants. Des cas de maladie avec signes nerveux ont été
rapportés chez des oiseaux dans des zoos aux États-Unis et chez des oies domestiques en Israël et au canada
(1, 28, 33). Le WNV a été associé à une maladie sporadique dans un nombre restreint d'autres espèces,
notamment chez les écureuils, les tamias, les chauves-souris, les chiens, les chats, le cerf de Virginie, les rennes,
les moutons, les alpacas, les alligators et chez un phoque commun pendant des périodes d’intense activité virale
localement. La plupart des infections humaines se produisent lors d’une transmission normale par les
moustiques, mais des infections acquises en laboratoire ont été rapportées. Dans des cas cliniquement suspects,
les échantillons destinés au diagnostic de tous les animaux, en particulier les oiseaux, devraient être manipulés
dans un laboratoire de confinement de niveau 3 (voir le Chapitre 1.1.2., « Biosécurité et Biosûreté au laboratoire
de microbiologie vétérinaire et dans les animaleries ») (24). Chez l’homme, la transmission du WNV par
transfusion sanguine, greffe d’organes ou la tétée a été confirmée.
En raison de l'existence d’infections inapparentes par le WNV, les critères de diagnostic impliquent une
association de l’évaluation clinique et de l'analyse de laboratoire.
B. TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
1. Identification de l'agent pathogène
a) Culture
Les prélèvements pour l'isolement du virus comprennent le cerveau et la moelle épinière des chevaux
atteints d’encéphalites (21, 22) ; divers prélèvements de tissus d'oiseau comprenant le cerveau, le cœur ou
le foie peuvent également être utilisés avec succès (28). Le WNV a été isolé depuis le rein mais le tissue
peut être toxique pour les cultures cellulaires. En général, l’isolement du virus est obtenu plus facilement à