Lycée Chrestien de Troyes Chapitre 8 L’ensemble Rdes nombres réels MP1617
descend !
Chapitre 8
L’ensemble Rdes nombres réels
Version du 04-10-2016 à 04:05
Table des matières
1. La propriété d’Archimède et la partie entière d’un nombre réel
2. Parties de Rdenses dans R
3. Borne supérieure, borne inférieure
Introduction
Nous rappelons dans ce chapitre deux propriétés fondamentales que possède R
1. la propriété d’Archimède, qui vaut aussi sur Q;
2. la propriété de la borne supérieure, qui ne vaut pas sur Qet qui, de manière fondamentale distingue Q
de R.
Ces deux propriétés ont des liens ténus avec la topologie de R. La topologie s’intéresse à l’étude des lieux (éty-
mologiquement). Dans le contexte présent, la topologie pourra être comprise comme un outil permettant de
préciser, étudier le caractère proche de deux nombres réels.
La propriété de la borne supérieure joue un rôle essentiel dans nombre de résultats de MPSI (e.g. construc-
tion de l’intégrale de Riemann, théorème de la limite monotone pour les suites ou les fonctions) et continuera
d’avoir un rôle prépondérant dans de nouveaux chapitres d’analyse du programme de MP (e.g. familles som-
mables, intégrales généralisées).
1
Lycée Chrestien de Troyes Chapitre 8 L’ensemble Rdes nombres réels MP1617
1 La propriété d’Archimède et la partie entière d’un nombre réel
Axiome 1 (Propriété d’Archimède)
Pour tout xR, il existe nZtel que x<n.
Remarque (Interprétation géométrique de la propriété d’Archimède)
La propriété d’Archimède est assez simple à interpréter si l’on se représente l’ensemble des réels comme une
droite orientée, sur laquelle est tracée « l’échelle des entiers». Elle signifie qu’étant donné un point quelconque
de la droite, un des barreaux de l’échelle des entiers le dépasse.
Remarque (Interprétation topologique de la propriété d’Archimède)
La propriété d’Archimède est équivalente à 1
n
n→+∞ 0.
Théorème 1 (Existence et unicité de la partie entière d’un réel)
Pour tout xR, il existe un unique nZtel que :
nx<n+1.
Cet entier nest appelé partie entière de xet est notée E(x).
Remarque (Reformulation de la notion de partie entière d’un réel)
La partie entière d’un réel xest le plus grand entier qui est inférieur ou égal à x.
Remarque (Conséquence de l’unicité de la partie entière d’un nombre réel)
Soit xR. Si un nombre nvérifie ¯¯¯¯
(a) nZ
(b) nx<n+1
alors n=E(x). Il s’agit d’une simple conséquence de l’unicité de la partie entière, commode pour démontrer
des identités mettant en jeu la partie entière.
Remarque (Deux inégalités importantes)
Si xR, alors par définition
E(x)x<E(x)+1 et donc x1<E(x)x.
Proposition 1 (Quelques propriétés de la fonction partie entière)
On définit la fonction partie entière, notée E, par
¯¯¯¯
E:RR
x7→ E(x).
1. La fonction partie entière est croissante sur R.
2. Son comportement asymptotique en ±∞ est donné par
E(x)
x→−∞ −∞ et E(x)
x→+∞ +∞
3. La fonction x7→E(x)xest 1-périodique, ce qui implique
xRnZE(x+n)=E(x)+n.
Exercice 1
Soit xRet soit nN. Étudier le comportement asymptotique de la suite µE(nx)
nnN
.
2
Lycée Chrestien de Troyes Chapitre 8 L’ensemble Rdes nombres réels MP1617
Exercice 2
Soit xR. Pour tout entier nN, notons un=1
n2
n
X
k=1
E(kx). Montrer que (un)nNconverge et détermi-
ner sa limite.
Exercice 3
Soit xRet soit nN. Montrer que
n1
X
k=0
Eµx+k
n=E(nx).
Exercice 4
Soit nN. Montrer que E¡pn+pn+1¢=E¡p4n+2¢.
Corollaire 1 (Dilatation, contraction de l’échelle des entiers)
Soit α>0. Alors pour tout xR, il existe un unique entier nZtel que :
nαx<(n+1)α.
Démonstration. On raisonne par analyse-synthèse.
Analyse
Si un entier nsatisfait l’inégalité de l’énoncé alors il vérifie
nx
α<n+1
et par conséquent il est égal à E³x
α´. L’unicité est donc prouvée et nous avons un candidat.
Synthèse
Posons n=E³x
α´. Alors nest un entier relatif et nx
α<n+1. En multipliant membre à membre cette
double inégalité par α>0, on obtient
nαx<(n+1)α.
Q.E.D.
2 Parties de Rdenses dans R
Définition 1 (Partie dense dans R)
Soit AR. On dit que Aest dense dans Rsi :
xRε>0aεAtel que |xaε|ε.
Remarque (Interprétation de la densité en termes de voisinages)
Une partie Ade Rest donc dense dans Rsi et seulement si tout voisinage de tout point de Rcontient un point
de A.
Proposition 2 (Caractérisation de la densité)
Soit AR. Les propositions suivantes sont équivalentes.
(D1) Aest dense dans R.
(D2) Pour tout (x,y)R2tels que x<y,A[x,y]6=;.
(D3) Pour tout xR, il existe une suite (an)nNd’éléments de Atelle que an
n→+∞ x.
3
Lycée Chrestien de Troyes Chapitre 8 L’ensemble Rdes nombres réels MP1617
Démonstration.
(D1) (D2)
Supposons Adense dans R. Soit (x,y)R2tel que x<y.
Introduisons
z:=x+y
2
le milieu du segment [x,y]. Notons que la demie longueur du segment [x,y] est
ε:=zx=yz=yx
2>0.
Comme Aest dense dans R, il existe aεAtel que :
|zaε|ε=yx
2. (1)
De (1) et de :
|zaε|=|aεz| =¯¯¯aεx+y
2¯¯¯
on déduit : ¯¯¯aεx+y
2¯¯¯yx
2
et donc :
x=yx
2+x+y
2aεyx
2+x+y
2=y.
Ainsi aεA[x,y] et donc A[x,y]6=;.
(D2) (D3)
Supposons que pour tout (x,y)R2tel que x<y,A[x,y]6=;. Soit xR.
Soit nN. Alors x1
n+1<x. D’après l’hypothèse faite ici,
·x1
n+1,x¸A6=;.
On choisit un élément, que l’on note an, dans ·x1
n+1,x¸A. On a alors anAet :
x1
n+1anx. (2)
D’après le théorème d’encadrement, an
n→+∞ x.
On a donc construit une suite (an)nNd’éléments de Atelle que an
n→+∞ x.
(D3) (D1)
Supposons que pour tout xR, il existe une suite (an)nNd’éléments de Atelle que an
n→+∞ x.
Soit xRet soit ε>0. D’après l’hypothèse faite ici, il existe une suite (an)nNd’éléments de Atelle que
an
n→+∞ x. Donc il existe un rang NNtel que :
nNnN|xan|ε.
En particulier |xaN|ε. Puisque aNA, la preuve est achevée.
Q.E.D.
Théorème 2 (Qest dense dans R)
L’ensemble Qest dense dans R.
Exercice 5 (L’ensemble des nombres irrationnels est dense dans R)
Démontrer que R\Qest dense dans R.
4
Lycée Chrestien de Troyes Chapitre 8 L’ensemble Rdes nombres réels MP1617
Exercice 6 (L’ensemble des nombres dyadiques est dense dans R)
Montrer que l’ensemble
D=nn
2m, (n,m)Z×No
est dense dans R.
3 Borne supérieure, borne inférieure
Définition 2 (Borne supérieure, borne inférieure d’une partie de R)
Soit Aune partie de R. Notons :
M(A)={xR:aA,ax} [l’ensemble des majorants de A]
m(A)={xR:aA,ax} [l’ensemble des minorants de A]
Supposons que M(A) est non vide et possède un plus petit élément, i.e. supposons que :
MM(A)xM(A)Mx.
Alors Mest unique ; on l’appelle borne supérieure de Aet on le note sup(A).
Supposons que m(A) est non vide et possède un plus grand élément, i.e. supposons que :
mm(A)xm(A)mx.
Alors mest unique ; on l’appelle borne inférieure de Aet on le note inf(A).
Exercice 7 (Maximum versus borne supérieure)
Soit Aune partie de Rpossédant un plus grand élément, noté M.
Montrer que sup(A) existe et que sup(A)=M.
Exercice 8 (Borne inférieure versus borne supérieure)
Soit Aune partie de R, notons A=: {a,aA}.
1. Démontrer que Aadmet une borne inférieure si et seulement si Aadmet une borne supérieure.
2. Si Aadmet une borne inférieure, démontrer que inf(A)=sup(A).
Axiome 2 (Propriété de la borne supérieure)
Toute partie de Rnon vide et majorée possède une borne supérieure.
Remarque (Existence d’une borne inférieure pour une partie de R)
On déduit de la propriété de la borne supérieure qu’une partie non vide et minorée de Rpossède une borne
inférieure (cf. exercice 8).
5
1 / 7 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !